Dans "Jeeves, au secours !", un extrait de l'une des conversations entre Bertram Wooster (Bertie), l'éternel narrateur et son jeune cousin, Percy[, toujours en retard d'une semaine sur les B.A. qu'il se doit d'accomplir pour satisfaire à ses obligations de scout-modèle :

"... Tandis que je me redressais tout en me massant l'occiput, une voix perçante retentit à mes oreilles. M'observant avec sollicitude ou au contraire se glorifiant de son travail - je ne sais lequel des deux - le jeune vaurien d'Edwin était là.

- "Mince !" dit-il, "c'est vous, Bertie ?

- Oui, c'est bien moi", répliquai-je avec une touche d'âpreté bien naturelle. C'est vrai, la vie est déjà assez difficile sans Boy-Scouts pour vous assommer à chaque instant, aussi étais-je exaspéré. "Quelle est cette nouvelle idée ? Qu'est-ce que tu prétends faire, espèce d'horrible graine de charançon, en m'assenant sur le crâne cette énorme trique ?

- Ce n'est pas une trique, c'est mon bâton de scout. Un genre de canne de hockey ; très utile.

- C'est pratique, n'est-ce pas ?

- Plutôt ! Ca vous a fait mal ?

- Tu peux te fourrer dans la tête, comme absolument officiel, que ça fait extrêmement mal, un mal du diable.

- Mince alors, je regrette ! Je vous ai pris pour le voleur. Y en a un qui se cache dans le parc. Je l'ai entendu sous ma fenêtre, j'ai dit : "Qui est là ?" et il est parti avec d'horribles imprécations. Décidément, je n'ai pas de veine, ce soir. Le dernier type que j'ai pris pour le voleur s'est trouvé être papa.

- Papa ?

- Oui, comment pouvais-je savoir que c'était lui ? Je n'aurais jamais pensé qu'il se promènerait dans le jardin au beau milieu de la nuit. J'ai vu une forme rampante, prête à sauter, je me suis faufilé par derrière, et ...

- Et tu lui as assené l'un de tes coups quelque part ?

- Oui, et un fameux coup !"

Je dois dire que mon coeur bondit de joie comme celui de Jeeves quand il contemple un arc-en-ciel, du moins à ce qu'il prétend. La pensée d'oncle Percy offrant son fond de pantalon comme intermédiaire à un fameux coup était merveilleusement stimulante. Depuis des années, cela se préparait. J'avais ce genre de sensation craintive que l'on éprouve parfois, quand vous apparaissent en gros plan quelques mètres du film des desseins de la Providence ... On voit alors que rien n'est placé en ce monde sans un but, pas même Edwin, et que les plus insignifiantes des créatures ont leur utilité. ..."