The Chinese Lake Murder Traduction : Roger Guerbet

Ici encore, Van Gulik prélude par un incident fantastique : un haut fonctionnaire de l'époque Ming (XIVème-XVIIème siècle) rencontre près d'un lac à la réputation malsaine une belle jeune femme vêtue de blanc qui devient sa maîtresse. Mais quand il se réveille, c'est le cadavre d'une noyée qui repose à ses côtés ...

Puis nous nous retrouvons à l'époque T'ang (pour information, le juge Ti a vécu de 630 à 700 de notre ère)/b, à Han-yuan, cité proche de la capitale chinoise de l'époque où notre héros a été nommé depuis peu. bLe magistrat se rend à une réception donnée en son honneur par les notables du coin et qui a pour particularité de se dérouler sur un "bateau-de-fleurs."

Les Chinois étant très poètes par nature, les "fleurs" ainsi désignées sont les courtisanes de 1er et 2ème rang dont l'assistance est requise pour égayer les banquets d'hommes par des chants, des danses et autres plaisirs. Ce soir-là, sur la jonque, elles sont au nombre de trois : la très belle mais assez énigmatique Fleur-d'Amendier, qui dansera devant l'assemblée la fameuse "danse de la Fée des Fleurs" et deux courtisanes de second rang, Anémone et Fleur-de-Pêcher.

En face, Wang, un vieillard pervers qui, en sa qualité d'antiquaire très coté, s'est vu promu à la dignité de maître de la Guilde des Orfèvres ; les frères Kang, marchands de soieries ; le séduisant et hautain Liou Fei-po, riche marchand de la capitale et deux autres maîtres de Guilde : Peng et Sou.

L'ordonnateur de ce festin s'appelle Han Sei-you et tient le haut du pavé dans la ville.

En dépit des efforts de ce dernier, l'atmosphère est lourde, ce qui n'est pas pour déplaire au juge Ti, lequel a déclaré plus tôt à ses lieutenants qu'il était persuadé que cette ville sans remparts dissimulait bien plus de friponneries qu'elle ne voulait bien l'avouer. D'ailleurs, très discrètement, Fleur-d'Amendier ne vient-elle pas de lui glisser qu'elle avait des révélations à lui faire sur un complot qui se trame dans l'air ? ...

Hélas ! le juge n'en apprendra pas plus car, alors qu'elle se changeait dans sa cabine, Fleur-d'Amendier est assommée puis jetée dans le lac avec un brasero de bronze dans l'une des manches de sa robe afin que le corps ne remonte pas avant que la Mort n'ait fait son oeuvre. Et le meurtrier, fatalement, est à bord.

A cette intrigue déjà complexe en elle-même, se mêle l'histoire de la fille chérie de Liou Fei-po qui disparaît au matin même de ses noces. Dans un état de douleur proche de la folie et qui étonne tous les témoins (pour ne rien dire du lecteur), Liou accuse immédiatement le jeune marié, Tchang Hou-piao. Il faut bien reconnaître que des témoins ont vu le jeune homme quitter précipitamment la chambre nuptiale, l'air complètement affolé ...

Enfin, il semblerait que le célèbre Liang Meng-kouan, ancien Conseiller impérial retiré à Han-yuan et qui vit depuis six lunes en vrai reclus, tienne également un rôle dans tout cela. Mais lequel puisqu'il passe pour à demi-gâteux ? ...

Ce roman-là, je l'ai lu et relu et j'ai toujours été émerveillée par l'art avec lequel son auteur reconstitue un puzzle particulièrement sournois. Assurément, il y avait du magicien chez Van Gulik dont la passion pour la Chine ancienne ne cessera pas de si tôt de ravir les amateurs de romans policiers à énigmes classiques. ;o)