The Stones Traduction : Danièle Laruelle

A ce jour et bien qu'elle se termine au début des années 80, la biographie consacrée aux Stones par Philip Norman demeure, avec celle du Français François Bon (que je compte relire un de ces jours et qui est parue au Livre de Poche), la meilleure que j'aie lue sur le sujet.

Elle débute lors du concert d'Altamont, voulu par Jagger pour faire pendant à celui de Woodstock et où cet incorrigible égomaniaque entendait bien tenir le premier rôle. Pour on ne sait quelles raisons, les Stones avaient accepté que les Hell's Angels assurassent le service d'ordre parmi cette assemblée de jeunes adeptes du flower power, qui fumaient de l'herbe et consommaient force drogues (dont le fameux LSD) tout en s'abreuvant de bières. La réaction ne tarda pas : alors que Jagger faisait son numéro, un Hell's Angel agressa un jeune Noir, lequel devait décéder à l'hôpital.

Dans l'histoire des Stones, le concert d'Altamont, qui date du 6 décembre 1969, confirme le tournant amorcé par la mort de Brian Jones, trouvé mort dans la piscine de sa propriété de Hartifield, dans le Sussex (l'ancienne maison du créateur de Winnie l'Ourson : A. A. Milne) le 3 juillet précédent.

C'est Jones qui avait fondé le groupe en 1962, lui donnant dès le départ une connotation puriste de R&B. Le nom du groupe vient d'ailleurs du répertoire du blues. Peu à peu évincé par Mick Jagger et Keith Richards, s'enfonçant de plus en plus dans les drogues et l'alcool, menant une vie sentimentale chaotique, l'abandon d'Anita Pallenberg, sa compagne, en faveur de Keith Richards, semblait l'avoir achevé. Ce musicien d'un génie incontestable, capable de maîtriser très vite n'importe quel instrument et qui possédait de rares dons de mélodiste, mourut à 27 ans. Janis Joplin et Jim Morrison devaient le suivre, au même âge.

Philip Norman, c'est très clair, préfère de beaucoup le fondateur des Stones à leur chanteur-vedette. La seule chose qu'il admire chez Jagger - peut-être n'est-ce au fond que la seule chose admirable chez lui - c'est son indéniable sens des affaires mis au service d'une égomanie soigneusement calculée. Mais pour Norman, les seuls vrais musiciens du groupe mythique sont Jones, Richards et Charlie Watts, à la batterie.

Solidement documentée, sa biographie ne tombe jamais dans les paillettes people et nuance les portraits, notamment celui de Keith Richards. Si vous ne deviez lire qu'un seul livre sur les Rolling Stones, c'est celui-là que je vous conseillerai. ;o)