Harvest Home Traduction : Mireille Davidovici.

Je l'ai lu quand j'avais 14/15 ans et j'en étais sortie horrifiée. Aujourd'hui, avec l'âge, je le vois surtout comme une sorte de contraire des "Femmes de Stepford" d'Ira Levin mais je continue à le trouver extrêmement misogyne (il y aurait beaucoup à dire, de toutes façons, sur le matriarcat américain) mais aussi inférieur au "Visage de l'Autre", du même auteur.

Théodore (dit Ned) et Bethany (dite Beth) Constantine (nom d'origine grecque qui constitue une sorte de clin d'oeil affreusement noir, on s'en rend compte à la fin du roman) ont une fille d'une douzaine d'années, Kate, que la vie citadine (et certains différends entre ses parents) ont rendue allergique à presque tout. Aussi décident-ils de s'installer à la campagne, très précisément à Cornwall Coombe, petit village retiré de la Nouvelle-Angleterre. Ils y achètent une maison superbe à la postière du coin, Tamar Penrose, descendante des fondateurs de la communauté.

A vrai dire, comme c'est d'ailleurs le cas dans nombre de villages, américains ou non, quelques grandes familles se partagent l'histoire du lieu. Avant tout ici les Penrose, lesquels semblent s'être unis au cours des siècles à pratiquement toutes les autres familles de Corwall.

Autre figure représentative du lieu : la veuve Fortune, qui gère seule la ferme que lui a léguée son mari, mort il y a déjà pas mal d'années. Aimable, énergique, posée, se promenant toujours avec une large paire de ciseaux pendue à sa ceinture afin de couper là une mauvaise herbe, ici tout bêtement un bout de tissu ..., la veuve Fortune fait beaucoup pour que les Constantine finissent par s'adapter au village - ou, plus exactement, pour que le village s'adapte à ces nouveaux venus.

C'est elle qui, la première, leur explique certains rituels propres au bourg comme, par exemple, la foire d'Agnès, qui doit son nom, selon la légende, à une jeune fille qui osa un jour maudire la récolte. Sous le poids du remords, l'esprit d'Agnès - laquelle avait trouvé la mort entretemps - revint plus tard donner aux malheureux villageois une recette qui les garantirait à jamais de la détresse et surtout de la Famine.

Pourtant, treize ans auparavant, Ned l'apprend le premier, quelque chose s'est passé qui aurait pu ramener la pénurie. Quelque chose ayant un rapport avec l'élection du Seigneur du Maïs - un jeune homme que l'on désigne tous les sept ans - et son "mariage" rituel avec la Dame du Maïs lors de la traditionnelle Fête de la Moisson.

Esprit trop curieux, qu'étonne peu à peu des incidents survenus çà et là ainsi que des propos contradictoires entendus au hasard de ses flâneries, Ned n'aura de cesse de connaître la véritable histoire de cette Fête des Moissons qui tourna si mal. Et quand il commencera à se faire une idée exacte de ce que dissimulent en réalité les rituels agricoles de Cornwall Coombe, il signera ainsi non son arrêt de mort mais bien pire.

Un bon roman d'épouvante, très bien mené mais dont les ficelles paraissent tout de même infiniment plus grosses que celles utilisées dans "Le Visage de l'Autre." A titre anecdotique, son auteur, Thomas Tryon, qui débuta en tant que comédien, tint le rôle-clef dans "Le Cardinal" d'Otto Preminger. ;o)