Voici un ouvrage d'une qualité exceptionnelle qui fut publié à la fin des années 70 à la Librairie des Champs-Elysées par Jean Marigny (avec une préface de Maurice Lévy).

Au programme, vingt nouvelles traitant du vampire sous toutes ses formes : le vampire classique, à la Christopher Lee ; le vampire psychique ; les lamies (vampires féminins apparentées aux goules asiatiques) ; les plantes vampires ; les monstres vampires ; le bestiaire vampire et enfin, la nouvelle génération de vampires.

Si l'on excepte "Le Cocon" de John B. Goodwin et la fameuse "Guerre du Lierre" de David H. Keller, sans doute aussi le malicieux : "Du sang !" de Fredric Brown, ces nouvelles ne sont pas fréquentes dans les anthologies du genre. D'où leur valeur.

Ma préférée reste "Le Visage", d'Edward F. Benson, l'un des plus grands spécialistes du genre (sa "Chambre dans la Tour" a été reprise dans l'Anthologie du Fantastique de Roland Stragliatti, chez Pocket, au volume : "Histoires de Cauchemars") où une jeune femme se remet, sans raisons apparentes, à faire un rêve qui l'effrayait beaucoup enfant. Jusqu'au jour où, tels les fantômes du "Nosferatu" de Murnau, le rêve vient à sa rencontre ...

Je donnerai ensuite ma préférence aux "Tourbillons de Neige" d'August Derleth, ami, disciple et éditeur de Lovecraft. Le texte est proprement claustrophobique. Je tiens à préciser toutefois qu'il ne se rattache en rien au mythe de Chthulu et qu'il s'agit d'une classique histoire de vampires.

Autre disciple et ami de Lovecraft dont l'oeuvre a contribué à la qualité de cette anthologie, Robert E. Howard, connu des amateurs pour avoir créé le personnage de Conan le Cimmérien, et qui se suicida au lendemain de la mort de sa mère. _Son "Tertre maudit" restitue à merveille la splendeur à la fois macabre et baroque de son génie.

"La Cape", de Robert Bloch, est une nouvelle très bien construite et doublée d'un humour noir à toute épreuve.

Parmi les vampires psychiques, j'ai un très gros faible pour "La Belle Dame", de D.H. Lawrence, qui réécrit une relation oedipienne très mal digérée, là encore faufilée d'un humour grinçant d'excellente tenue.

Nul humour mais de la terreur pure dans "Dieu fasse qu'elle repose en paix !" de Cynthia Asquith. C'est l'éternelle histoire d'un corps par lequel un mort veut revivre la vie qu'il a perdue trop tôt mais étrangement dignifiée par la poésie douloureuse dont l'auteur a imprégné son texte.

Mystère et horreur pour "L'Araignée" d'Elisabeth Walter - un cauchemar machiste, peut-être ? ;o) - et "Le Cocon" de Goodwin : au lecteur de décider qui est qui ... ou quoi et qui a vu quoi.

"En quête de quelque chose à sucer" de Ronald Chetwynd-Hayes nous fait tomber dans une terreur à la fois primitive et sophistiquée- qui rappellera aux cinéphiles aussi bien "La Chose" de Carpenter que tous les films sur les "Blorps" et autres ennemis tapis dans l'ombre et ne rêvant que de digérer l'être humain.

Enfin, le très court et caustique "Du Sang !"démontre une fois de plus combien Fredric Brown savait être efficace et pétillant - aussi pétillant que du sang bien rouge, peut-être ...

Quant aux nouvelles que je n'ai pas citées, je suis certaine que, même si elles ne m'ont pas accrochée autant que les autres, elles trouveront leur public auprès de vous qui me lisez.

Je le répète : l'anthologie de Jean Marigny est une anthologie de grande valeur pour l'amateur. Autant, à mon sens, que celle de Caillois, c'est tout dire. Lisez et vous m'en direz des nouvelles. (N'oubliez ni lapréface, ni l'introduction : elles sont fabuleuses.) ;o)