Nous devons les débuts du véritable journalisme en France à un médecin bien particulier, un anti-conformiste de haute valeur que la Faculté classique ne porta jamais en son coeur mais qui initia le Mont de Piété et les dispensaires publics tout en tenant à jour "La Gazette", puis le "Mercure français." Ce médecin, qui fut soutenu par le cardinal de Richelieu et son maître, s'appelait Théophraste Renaudot et le fameux prix Renaudot lui est dédié.

Théophraste Renaudot, dont "La Gazette" perdurera jusqu'à la Première guerre mondiale.

Au temps de Louis XIV, la presse bien sûr avait eu le temps de prendre son essor, toujours plus ou moins aidée (ou surveillée, comme on voudra) par le pouvoir en place. Il en était de même dans les pays voisins et l'on devine quel pain bénit représentèrent pour les gazettes étrangères le siège manqué de Namur et la conduite honteuse qu'y tint M. du Maine. Le Roi-Soleil, si fier, en fut le premier incommodé. Saint-Simon raconte :

"... ... (Le Roi) avait soin de se faire lire toutes les gazettes d'Hollande : dans la première qui parut, il lut une grosse action à la gauche, des louanges excessives de la valeur de M. du Maine, que ses blessures avaient arrêté le succès et sauvé M. de Vaudémont, et que M. du Maine avait été emporté sur un brancard. Cette raillerie fabuleuse piqua le Roi ; mais il le fut bien davantage de la gazette suivante, qui se rétracta du combat qu'elle avait raconté, et ajouta que M. du Maine n'avait pas même été blessé. Tout cela, joint au silence qui avait régné depuis cette journée, et au compte si succinct que le maréchal de Villeroy lui en avait rendu, et sans chercher aucune excuse, donna au Roi des soupçons qui l'agitèrent. ... ..."