"La Joueuse de Go" est un livre à deux voix entre deux êtres qui se rencontrent par hasard autour d'une même passion - qui donne son titre au roman.

De l'homme, on sait seulement qu'il est jeune et japonais. C'est un soldat de l'armée d'occupation japonaise stationnée en Mandchourie. Elevé durement, "à la japonaise", comme il le dit lui-même, il trouvait tout enfant la tendresse et le réconfort dans les bras de sa nourrice chinoise qui lui apprenait sa langue natale avec l'accent de Pékin. C'est ce souvenir de son enfance qui le guidera plus tard dans sa quête de la Chine et de sa culture deux fois millénaire. Et, très vite, on comprend que, bien qu'attaché à sa patrie, il regrette obscurément de ne pas être né chinois.

De la femme, on n'apprendra son nom, ou plutôt son prénom, Chant de Nuit, qu'à la fin de l'ouvrage, alors même qu'elle s'abîme dans les ténèbres de la Mort. Mais ce prénom, elle l'offre enfin comme un cadeau à cet homme qui la tue pour la sauver des horreurs du viol, cet homme qui renonce, par amour pour elle, "à avoir son nom inscrit sur les tablettes des Ancêtres" - et qui accepte par contre de mourir comme un lâche.

Entre les deux, une longue partie de go, sur la place des Mille Vents, à Chang Sun, et des méandres de silences et de regards qui n'osent s'attarder par respect des conventions.

Et toute la tragédie de la guerre sino-japonaise, ainsi qu'une très belle histoire d'amour. A lire, à relire même. ;o)