Le Thème:

Ce livre est la rencontre d'une question et d'une histoire. La question me vient de l'enfance, quand je tentais vainement d'expliquer Dieu à mon voisin de classe. L'histoire est mon histoire, traversée par la mort de ma femme, au beau milieu de sa vie. Qu'est-ce qu'il reste quand il ne reste rien ? Voilà la question. Le néant ? Ce peut être une réponse, violente, brutale, radicale. J'ai voulu chercher autre chose, peut-être avec l'énergie d'un désespoir que je trouvais insupportable. Peut-être, surtout, parce que, au milieu des temps sombres qui ont suivi cette nuit de solitude infinie, j'ai perçu des étincelles de joie qui ont jailli de présences humaines et qui, sans illuminer le tout, m'ont évité l'égarement dans la tristesse sans fond.

Je viens de télécharger "Chambardement" afin de le terminer car j'en avais déjà lu l'essentiel tranquillement cet été, sur un autre ordinateur où je l'avais enregistré (mais qui est tombé en panne depuis lors.)

Et je ne suis pas déçue : l'ensemble vaut largement le détour.

Pourtant, en apparence - et Jean-Marc Pagan voudra bien m'excuser de le noter - le sujet pouvait faire redouter les lourdeurs ou le pathos. Surtout pour un lecteur n'ayant jusque là rien lu du même auteur. Eh ! bien, non, il n'en est rien : Jean-Marc Pagan a réussi la gageure de faire à la fois sobre et travaillé sur deux sujets qui lui tiennent certainement très à coeur : sa foi d'abord et puis le décès de son épouse.

Rédigés en italiques, les passages évoquant la maladie sont brefs, pleins de pudeur. En caractères classiques, les autres chapitres sont surtout des réflexions sur Dieu, son existence, sa non-existence, la foi bien sûr et aussi ce que je suis tentée d'appeler la non-foi tant, comme l'a chanté Jacques Brel, on peut ne pas être du même bord mais, dans le fond, rechercher le même port.

Jean-Marc Pagan n'a garde d'ailleurs de ne citer que les pères de l'Eglise, ceux qui ont reçu l'Imprimatur et le Nihil Obstat vaticanais.Il évoque aussi les autres, notamment Ekhart, Sartre et même - ce qui surprendra certains sans doute - Luc Ferry.

Bien que je sois agnostique, cet essai a su me toucher, faire vibrer certaines cordes, ressusciter d'anciennes questions. Tout d'abord parce que Jean-Marc Pagan use d'un style simple et "qui ne se la joue pas." Mais aussi, je pense, parce que, au-delà des lignes - et comme dans ses autres écrits mais dans celui-ci de manière plus éclatante - le lecteur perçoit sans effort la grande générosité de l'auteur et aussi - bien ô combien précieux à notre triste époque d'intégristes et de sectaires - la profondeur de la tolérance qui l'habite.

Par les temps qui courent, c'est bien agréable. N'hésitez donc pas : téléchargez cet essai, lisez-le et n'oubliez pas de dire à l'auteur ce que vous en pensez. ;o)