Christine Traduction : Marie Milpois

Il était une fois, dans la petite ville de Libertyville, en Pennsylvanie, deux amis d'enfance qui avaient traversé ensemble la maternelle, le primaire et le collège et qui, selon toute vraisemblance, s'achemineraient ensemble sur la voie de l'Université. Le premier, Dennis, vivait dans une famille soudée et, malgré les problèmes de l'adolescence, était plutôt bien dans sa peau. Le second, Arnold, dit Arnie, était fils de profs, (de ces profs qui avaient milité activement contre la guerre au Viêt-nam et prônaient encore la non-ingérence des USA dans les affaires de la planète même si, chez eux, leur fils unique n'avait pas le droit de faire un pas de travers sans leur assentiment), un couple où la mère dominait en menaçant de dévorer tous ceux qui faisaient mine de s'opposer à elle.

Dennis et Arnie étaient comme les deux doigts de la main. Dennis était introverti et Arnie, tout le contraire. Dennis était un crack au base-ball, Arnie restait toujours sur le banc de touche. Dennis était populaire et aucun malabar ne se serait risqué à l'attaquer, Arnie avait servi et servait encore de punching-ball à certains si l'occasion s'en présentait. Dennis ne savait pas encore très bien quelle carrière il choisirait, Arnie, bien sûr, ses parents voulaient le voir prof, comme eux mais lui, son plaisir, il le prenait surtout quand il réparait les moteurs cassés des automobiles.

Car Arnie, en mécanique, était un vrai génie : il avait le Don.

Evidemment, comme tout jeune de 17/18 ans, Arnie rêvait d'avoir sa voiture à lui. Evidemment, ses parents étaient contre : "L'argent, c'est pour tes études, Arnold ..."

... Et arriva le jour où, se promenant avec son vieux copain Dennis, Arnie LA vit : elle, Christine.

D'abord, il ne sut pas qu'elle avait un prénom. Il ne l'apprit que lorsqu'il eut versé les arrhes à Roland D. LeBay, le septuagénaire crasseux qui vendait sa voiture, une antique Plymouth Fury 1958. Mais quand il le sut, Arnie sut aussi qu'il était tombé amoureux de Christine et que, entre Christine et lui, ce serait à la vie, à la mort ...

Avec un génie unique, Stephen King a consacré toute sa vie d'écrivain spécialisé dans le fantastique à reprendre les vieux thèmes du genre et à en donner sa version personnelle. Rarement, celui de la possession, combiné avec celui de la hantise, aura atteint le niveau qui est celui de "Christine", histoire d'amour, d'amitié et de mort à la progression implacable dont la modernité, aussi rutilante que la carrosserie de Christine, se vit pourtant comme une tragédie grecque.

"Christine" ...Son obstination ... Sa fureur sans fin ... Elle vous hantera jusque dans la tombe, les amis ...