The Dirty Duck Traduction : Philippe Rouard

Afin de parer aux sombres manoeuvres de sa tante Agatha, avide de lui imposer pour les vacances et, si possible, à Ardry End, toute une nichée de cousins américains répondant au nom poétique des "Randolph Bigget", Melrose Plant s'est offert une villégiature à Stratford-on-Avon, ville natale du Grand Will. Il s'y rend avec d'autant plus d'empressement qu'il compte y retrouver Richard Jury, à nouveau dépêché par Scotland Yard sur une nouvelle affaire. Malheureusement, c'est une affaire qui, il faut bien le dire, regorge de touristes américains.

La première victime, Gwendolyne Bracegirdle, a été retrouvée égorgée et éventrée dans l'une des rues paisibles de Stratford. Elle participait à un voyage organisé par la Compagnie du Chèvrefeuille, initialement basée à Atlanta et orientée vers les clients très, très riches. Et, pendant que Gwendolyne se faisait assassiner, le fils de James Farraday, autre membre de ce voyage, était kidnappé.

C'est d'ailleurs sur les instances de Farraday Père, convaincu qu'il n'existe que deux polices valables de par le monde, le FBI et Scotland Yard, que Jury s'est vu refiler l'affaire, au grand déplaisir de son éternel supérieur hiérarchique, le commissaire Racer. Mais, bien qu'il soit, comme d'habitude, assez content de jouer un mauvais tour à son chef, Jury se serait bien passé de pareille faveur. Enfin, heureusement, il a réussi à se faire adjoindre le sergent Wiggins et puis, bien sûr, il sait qu'il pourra compter sur l'aide de Melrose Plant ...

Avec le talent unique qui est le sien pour entrer en contact avec les protagonistes d'une affaire criminelle avant que Jury lui-même les ait interrogés, Plant a été le premier à faire connaissance avec les voyages du Chèvrefeuille, en la personne de Harvey L. Schoenberg - Harve pour les intimes - jeune célibataire littéralement obsédé par son bébé "Ishi" (= son ordinateur portable) et le livre qu'il prépare sur la mort de Cristopher Marlowe, relation de Shakespeare qui mourut assassinée dans une taverne à l'âge de 24 ans.

La théorie de Harvey, c'est que Shakespeare en personne, horriblement jaloux de Marlowe, a payé des sbires pour le tuer à coup de dague. Théorie qu'il étaye à grand renfort de citations élisabéthaines - manie qui énerve prodigieusement Melrose Plant, touché ici dans sa qualité même de concitoyen du Grand Will et profondément agacé toutes les fois que Harvey l'appelle : "Mel."

Quant au "Vilain Petit Canard", vous aurez deviné sans peine qu'il s'agit d'un énième pub, se dressant donc à Stratford et possédant la particularité d'une double enseigne : le Canard, c'est la partie bar mais le restaurant s'appelle "Le Cygne Noir."

Le moins que l'on puisse écrire, c'est que la ville shakespearienne par excellence ne portera bonheur ni aux Farraday (encore que ...) ni aux voyages du Chèvrefeuille.

Un roman allègre où des morts guère sympathiques s'effondrent dans un jeu de quilles sanglant et où l'assassin se révèle capable d'un amour aussi profond que les héros de Shakespeare. Le tout parsemé de remarques pleines d'humour sur les tics des Américains en voyage. ;o)