Lors des mariages princiers, l'étiquette voulait que la princesse qui allait devenir française fut remise à sa nouvelle famille selon un rituel très particulier qui comportait presque toujours le passage d'un pont et la rupture totale avec son ancienne "maison", c'est-à-dire avec les gens, nobles ou pas, qui l'avaient servie jusque là. Ainsi en avait-il été pour Anne d'Autriche ou sa nièce, l'infante Marie-Thérèse. Ainsi en fut-il pour Marie-Adélaïde de Savoie :

"... ... La maison de la Princesse s'était arrêtée près de trois semaines à Lyon, en attendant que (la Princesse) fût à portée du Pont-Beauvoisin, où elle la fut recevoir. Elle y arriva de bonne heure, le mardi 16 octobre (1696), accompagnée de la princesse de la Cisterne et de Mme de Noyers ; le marquis de Dronero (représentant le duc de Savoie) était chargé de toute la conduite : auxquels, ainsi qu'aux officiers et aux femmes de sa suite, il fut distribué beaucoup de beaux présents de la part du Roi. (La Princesse) se reposa dans une maison qui lui avait été préparée du côté de Savoie, et s'y para. Elle vint ensuite au pont, qui tout entier est de France, à l'entrée duquel elle fut reçue par sa nouvelle maison et conduite au logis du côté de France qui lui avait été préparé. Elle y coucha et, le surlendemain, elle se sépara de toute sa maison italienne sans verser une larme, et ne fut suivie d'aucun que d'une seule femme de chambre et d'un médecin qui ne devaient point demeurer en France, et qui, en effet, furent bientôt renvoyés. ... ..."

NB : lorsque le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, montera sur le trône d'Espagne, une cérémonie similaire aura lieu, elle aussi. Ce rituel symbolisait avant tout la renonciation du ou de la récipiendaire non seulement à son passé mais aussi à ses droits sur la terre de ses aïeux.