"Le Moulin de la Sourdine" débute à la sortie de l'école, par un défi que se lancent les membres d'un groupe d'enfants. Très vite, émerge du lot le petit Antoine Rigaud qui noue ici amitié avec le jeune Buquanant, gamin issu d'un milieu plus populaire et, partant, jouissant de plus de liberté après l'école et, bien sûr, le samedi.

D'ailleurs, dès le lendemain, Buquanant a pour projet d'emmener sa petite amie, Marie-Louise, tout en haut du clocher du village. Il propose à Antoine de les accompagner et Antoine, non sans peine car son père est très strict quant à ses fréquentations, parvient à s'échapper.

Et voilà que, tandis qu'il s'écarte discrètement pour laisser Buquanant et Marie-Louise marivauder en paix, son regard tombe sur la fenêtre de la mansarde, dans la maison faisant face à l'église. Une femme qui se débat, un homme qui se penche, une calvitie aisément reconnaissable ...

... Antoine vient d'assister au meurtre de la servante du notaire et l'assassin n'est autre que M° Marguet en personne.

Le secret écrase l'enfant mais le pire est encore à venir : les soupçons se portent tout de suite sur Troussequin, le SDF du village, qui effectuait ce jour-là un petit travail dans la maison du notaire. Le malheureux a beau protester de son innocence, rien n'y fait : tout semble l'accuser ...

Sans avoir l'air d'y toucher, "Le Moulin de la Sourdine" dénonce l'impact désastreux de la religion sur la sexualité d'un homme qui, pourtant, est loin d'être une brute et nous est même bien souvent sympathique. En parallèle, Marcel Aymé pointe d'un doigt vengeur la façon exemplaire dont les notabilités d'une petite ville peuvent s'unir pour tenter de taire la vérité lorsque celle-ci risque de leur nuire. Même si la fin voit la libération de Troussequin, le rire ici résonne cruel et implacable. ;o)