The Professor & the Madman Traduction : Gérard Meudal

En 1871, un samedi, peu avant deux heures du matin, George Merrett, qui travaille aux chaudières de la brasserie londonienne du "Lion Rouge", quitte son domicile pour assurer l'équipe de nuit. Mais alors qu'il arrive en vue de son lieu de travail, il entend un homme crier derrière lui. Il se retourne et voit l'homme se diriger vers lui en courant, visiblement furieux. Merrett prend peur et se met aussi à courir. Lorsqu'il regarde derrière lui, l'homme s'est arrêté et brandit un objet dans sa direction. Un coup de feu retentit : Merrett s'effondre. Les secours qu'on lui apportera pratiquement sur le champ, grâce aux soins d'un officier de police qui faisait sa ronde, ne pourront rien contre sa carotide béante et son épine dorsale endommagée. Il décède à l'Hôpital St Thomas.

Son agresseur, immédiatement arrêté par le sergent Tarrant, s'appelle William Chester Minor. Il n'a rien du malfrat classique. Bien au contraire, il a été officier dans l'armée de l'Union pendant la Guerre de Sécession où il a en outre exercé les fonctions de chirurgien, sa profession. Originaire de New Haven dans le Connecticut, il s'était installé à Londre un an auparavant et disposait de confortables revenus. Mais, de l'avis de ses logeurs et de ses rares relations londoniennes, il semble souffrir de troubles mentaux, notamment d'une manie de la persécution qui le fait fuir comme la peste tout homme susceptible d'être irlandais.

Reconnu légalement non coupable du meurtre de Lambeth Road mais mentalement dérangé, William Minor est enfermé à l'institution de Broadmoore. Pour s'occuper, il lit beaucoup et se propose pour collaborer à la confection de l'Oxford English Dictionary mis en chantier par James Murray.

Un jour, Murray, qu'enthousiament la clarté et la qualité des définitions envoyées par Minor, décide de lui rendre visite ...

Ce n'est pas un roman mais une espèce de biographie. L'auteur nous présente les deux protagonistes principaux avec un soin presque maniaque. Il nous dépeint ce qui les a menés l'un à être interné, l'autre à superviser la rédaction de l'Oxford English Dictionnary. Il nous rapporte leur première entrevue et celles qui suivirent, les relations qui finirent par s'établir entre eux et, certes, ce n'est pas dénué d'intérêt. Le problème, c'est qu'il n'y a ici ni flamme, ni passion et que, du coup, cet intérêt s'éteint à peine éveillé. Et ce n'est certainement pas le style, plat, uniforme, sans imagination, qui permettra au lecteur de s'impliquer un peu plus.

On a l'impression d'assister à tout cela de très loin. Le sang coule à Lambeth Road et, qui pis est, le crime est absolument gratuit mais on ne compatit ni à la mort de Merrett, ni à l'internement de Minor. On observe la chose avec une parfaite indifférence. Pour moi, ce fut comme si j'écoutais poliment quelqu'un qui me contait une histoire banale pendant qu'intérieurement, je me demandais quand diable cela prendrait fin.

Ce sentiment, je l'ai rarement ressenti mais plus souvent, sans doute, après la lecture de certaines biographies. Ce qui m'a conduite à constater que la biographie, le document étaient tous deux des disciplines littéraires à part entière qui ne sont malheureusement pas à la portée de tout le monde. ;o)__