Armand-Jean Le Boutillhier de Sancé, abbé de La Trappe, qui connaissait Saint-Simon depuis l'enfance de celui-ci, avait débuté comme prêtre mondain dans une société aristocratique où l'avait guidé la duchesse de Montbazon, laquelle, bien que de quatorze ans son aînée, devint sa maîtresse.

Marie d'Avaugour, seconde épouse de Hercule de Rohan, duc de Montbazon, de 52 ans son aîné - Bien que de dix ans plus jeune qu'elle, elle était donc la belle-mère de l'intrigante duchesse de Chevreuse.

Marie de Montbazon mourut en 1657 et ce décès marqua un tournant décisif dans la vie de Sancé. Il visita alors pour la première fois l'abbaye de Soligny-La Trappe d'où il tirait une partie de ses confortables revenus et décida de la réformer avec l'aide de religieux du nouveau courant cistercien.

  

L'abbaye de Soligny-La Trappe, dans l'Orne, en Basse-Normandie - On l'appelle aussi l'abbaye de la Grande Trappe.

Saint-Simon, qui vouait à l'abbé une vibrante affection, se mit en tête d'obtenir de lui un portrait ressemblant. Mais cet homme qui avait tant aimé la société brillante vivait depuis de longues années en reclus dans son abbaye et, devinant qu'il refuserait de se faire peindre, le mémorialiste eut recours à une ruse célèbre qui mérite d'être rapportée.