The Cabinet of Curiousities Traduction : Sébastian Danchin

Preston & Child ont rencontré le succès. Alors, par la force des choses, il leur faut produire, produire, produire ... Et la belle inspiration de "Relic" s'évanouit. De lassitude, je suppose. Dans le domaine délicat de la terreur et de l'épouvante, on peut toujours reprendre les vieux épouvantails mais il faut les habiller d'originalité. Sinon, ils ne font plus peur à personne.

Notez bien que ses carences n'empêchent pas de lire "La Chambre des Curiosités" jusqu'aux petites heures du matin. Le lecteur lambda et facile à contenter attend la fin d'une intrigue un peu longuette à planter son décor mais abondamment servie en rebondissements. Le lecteur fin gourmet, lui, trouve que, si ça démarre fort avec la découverte de trente-six corps murés dans des niches, au fond d'un souterrain sur lequel tombent par hasard (semble-t-il en tous cas :wink:) les pelleteuses des promoteurs, très vite, ça fait du surplace avant de sombrer sans espoir dans un mélange abracadabrant d'intrigue à la Fu-Manchu ou à la Harry Dickson (et encore, pas les meilleures productions de Sax Rohmer ou de Jean Ray) et de scénario de série Z des années 50.

Si la fin de "Relic" relance la partie avec brio, celle de "La Chambre ..." est lamentable et l'on n'y croit pas une seule minute. On suit cependant, avec un amusement profond, rien que pour voir comment diable les deux auteurs vont s'en tirer. La formation scientifique de Preston continue à les soutenir du mieux qu'elle peut mais il est des cas où cela ne suffit pas, surtout si elle gomme au final toute trace de surnaturel.

En outre, on a du mal - enfin, j'ai eu du mal - à croire au personnage de l'inspecteur Pandergast. Je le regrette d'autant plus que ce dandy esthète dont on ne sait trop pourquoi il est entré au FBI promettait somme toute beaucoup. Simplement, déjà qu'il est difficile de s'imaginer un type du FBI roulant en Rolls et habitant l'immeuble new-yorkais du Dakota - le même où fut assassiné John Lennon et qui avait auparavant inspiré Ira Levin pour "Rosemary's baby" - il est pratiquement impossible de participer sans sourire aux espèces de voyages astraux auxquels se livre fréquemment Pandergast et qui lui permettent de recréer sans coup férir le New-York des années 1880.

Si encore un certain humour englobait le tout. Mais non : pas une seule miette ...

Bref, lisez "Relic" mais oubliez "La Chambre des Curiosités." ;o)