Forestilling om det Tyvende Arhundrede Traduction : Frédéric Durand

Ce roman, qui marqua les débuts en littérature de Peter Hoeg, valut à ce dernier de se voir surnommer "le Jules Vernes danois moderne." N'ayant que très peu lu Jules Vernes, je ne saurais dire si cette comparaison est juste. Ayant en revanche lu "Cent Ans de Solitude", de Gabriel Garcia Marquez, je puis assurer qu'il existe bien des points de ressemblance enter le roman du Danois et celui du Blivien.

L'un et l'autre ont en effet cherché, à travers leurs deux ouvrages, à fixer, par la magie de l'écriture, la vie et le destin de leur pays et de leur peuple pendant une durée bien déterminée. Ce qui change d'un livre à l'autre, c'est ce que chacun des auteurs doit à sa culture personnelle : les solitudes glacées, les jours trop brefs, les racines solides avec la vieille Europe pour l'un et, pour l'autre, les légendes ancestrales, les touffeurs humides et les mille et une explosions d'une natiion en quête de son identité.

Comme Garcia Marquez, Peter Hoeg recourt à des personnages aussi atypiques qu'improbables. Les rôles principaux sont presque tous liés par le sang et la famille qu'ils constituent est à l'image du Danemark, de la fin du XIXème siècle aux années 90 du XXème.

Dans cette fresque haute en couleurs, se croisent et s'entrecroisent donc un aristocrate qui entend arrêter le Temps ; le fils de son intendant qui deviendra un spéculateur richissime avant de fuir en Allemagne à l'aube de la Seconde guerre mondiale ; la petite-fille de la propriétaire d'un grand journal qui, elle aussi, connaîtra beaucoup de problèmes avec le Temps ; un pasteur illuminé, persuadé que sa fille est la nouvelle incarnation du Messie ; le fils d'un voleur légendaire et toute une foule de personnages, tous aux prises non seulement avec leur propre conception du Temps mais aussi, l'on s'en doute, avec les événements qui ponctuent ce Temps - et l'Histoire du Danemark.

A la différence de "Cent Ans de Solitude", "L'Histoire des Rêves Danois" est proprement irracontable. Le style, retranscrit dans une traduction en tous points émérites, est incroyablement littéraire et dense. Bien qu'il soit susceptible de ne pas plaire à tout le monde, il accompagne à merveille cette histoire qui mêle réalisme et onirisme, réflexion sociale et poésie, lucidité et absurdité, cynisme et tendresse.

Un livre remarquable mais à ne lire que si l'on est certain de pouvoir prendre tout son temps pour ce faire. ;o)