Second billet d'Heurtebise, que je reproduis ''in texto'' :

"Voilà un livre comme il est rare d'en trouver. D'abord, il fait preuve de lucidité et vous auriez tort de croire que le scientifique est obligatoirement lucide. L'ego de certains d'entre eux et leur foi (comment appeler ce qui les anime, sinon "foi" ?) en la science peuvent faire d'eux des hommes de parti pris. Ces scientifiques-là croient comme certains croient en une idéologie totalitaire ou en une religion. A ce niveau-là, bien que les scientifiques soient très fiers de la soi-disant suprématie de leur raison, ils ne valent pas mieux que le plus obtus des militants de base ou le plus fanatique des religieux.

Dès les premièrs pages, on comprend que Janik Pilet n'est pas de ces hommes-là. Dès le départ, il ose placer en exergue de son livre les paroles d'Henri Poincaré : "Le cerveau du savant, qui n'est qu'un coin de l'univers, ne pourra jamais contenir l'univers tout entier."

Non seulement il y a ici beaucoup de lucidité mais en plus, vient s'y ajouter une humilité naturelle, la meilleure garante de l'ouverture de l'esprit.

Dans "Dieu ou la Pierre philosophale du physicien", du début jusqu'à la fin, c'est le règne de l'ouverture d'esprit et de la tolérance. J'ai craint un instant que cela ne s'accompagne de mollesse ou de fantaisie dans l'argumentation mais c'est loin d'être le cas.

Cette tolérance exceptionnelle, je me demande bien si elle plaira aux croyants moyens, c'est-à-dire à ceux qui prient dans toutes les religions sans seulement réfléchir à ce qu'ils psalmodient. A dire vrai, j'en doute.

Mais justement, aujourd'hui plus que jamais, il est bon que des ouvrages comme celui de Janik Pilet, étayé par la science mais qui ne méprise pas un mysticisme absolument dépourvu d'hystérie, voient le jour.

En guise de fin à ce billet plus long que prévu, je vous citerai la fin du livre (je ne compte pas les annexes sur l'astrologie, l'ère du Verseau, etc ...) :

"Que Dieu nous préserve de la Foi, de cette foi qui soulève les montagnes afin qu'elles se battent entre elles et écrasent les croyants.

Quelle dictature plus odieuse peut-on imaginer que celle qui prétend régner sur les pensées des hommes afin de les empêcher de réfléchir par eux mêmes, qui prétende leur imposer la contrainte morale de croire sincèrement en des fables grossières sous peine d'invraisemblables punitions, en exploitant leur naïve crainte de la mort et de la souffrance, comme en invoquant de tout aussi fabuleuses récompenses, d'autant plus faciles à promettre qu'elles sont gratuites à attribuer.

Certains athées, ou se présentant comme tels, iront bien plus sûrement au paradis, s'il existe, que bien des prétendus croyants que je connais. Un Hubert Reeves, par exemple, fait preuve d’un émerveillement communicatif et d’un tel amour de l’univers qu’il n’a guère besoin de se référer à Dieu pour se trouver confronté à cet état de l’Etre que d’autres nomment ainsi.

La foi, comme la confiance, n'est jamais un dû. Elle doit être raisonnée et toujours prête à se remettre en question. Les idées ne peuvent rester figées. Elles doivent sans cesse évoluer pour survivre. Les idées définitivement fixées sont des idées mortes, malheureusement capables de semer la mort autour d'elles.

Si Dieu est capable de parler directement à chacun de tous ces soi-disant prophètes, il est certainement aussi à même de s'adresser directement à chacun d'entre vous qui voudrait bien l'entendre. Il est bien préférable d'avoir des informations de première main plutôt que faire confiance à quelque douteux intermédiaire illuminé !

Ne vous laissez donc jamais abreuver de certitudes, soyez toujours à l'écoute des idées des autres, sans vouloir à tout propos leur imposer les vôtres, mais aussi sans jamais abandonner votre esprit critique ou vous départir du doute constructif qui doit sans cesse vous habiter, même par rapport à vos propres convictions. C'est ainsi que je désapprouve la "foi du charbonnier".

Que pourrais-je bien ajouter de plus ? Ce passage ne marque-t-il pas l'incontestable valeur humaniste pour laquelle "Dieu ou la Pierre philosophale du physicien" mérite sans conteste d'obtenir dans sa catégorie le Prix Alexandrie 2008 ?"