Käsky Traduction : Anne Colin du Terrail

Pendant la guerre civile qui opposa, après la Grande guerre, les bolcheviques et les Blancs finnois, une jeune femme aux sympathies "rouges", Miina, se retrouve prisonnière des Blancs. Si elle n'échappe pas au viol, elle parvient à éviter la mort grâce à l'intercession d'un jäger blanc, Aaro Harjula. Celui-ci l'emmène dans un ancien asile psychiatrique, transformé en maison de détention sous le patronnage du juge Emil Hallenberg, lequel, avant-guerre, était également écrivain. S'ensuit une curieuse et longue opposition entre les trois personnages, avec de nombreux retours en arrière pour chacun d'entre eux, tous les trois cherchant en fait à se retrouver eux-mêmes.

Selon moi, ce livre exigeant mérite une seconde lecture car, pour peu qu'on n'ait pas l'esprit tout à fait disponible - ce qui, j'en ai bien peur fut mon cas - on risque fort de s'y embrouiller très vite. Car tout, ici, est dans le souvenir, dans le reflet, dans le non-dit voire dans l'invention ou le mensonge pur et simple. En outre, les trois personnages principaux sont rongés par un mal-être profond (le jäger un peu moins que les deux autres cependant, il paraît plus stable) qui, en les déstabilisant, déstabilise également le lecteur, si attentif qu'il puisse être.

Il s'agit d'un roman contemplatif, introverti. L'action n'y est que prétexte à la confrontation de trois entités au parcours et aux choix tout à fait opposés et eux-mêmes contradictoires. Et cela est donc susceptible de brouiller les cartes du lecteur.

Malgré cela, j'ai apprécié "Obéir" et je le relirai certainement pour voir si cette première impression, somme toute positive sans être enthousiaste, subsistera. ;o)