Chose étrange, je n'ai pratiquement rien trouvé sur l'auteur sur le Web. Quant à ma vieille édition de poche - qui date de 1975 - elle rappelle que Jehanne Jean-Charles écrit peu (un roman, "La Virole" chez Julliard et "Le Livre des Chats" chez Stock) et que les nouvelles rassemblées dans le volume ont été publiées en 1962 et 1964. En 1972, Robin Davis portait à l'écran "Une méchante petite fille" tandis que, un an plus tard, c'était au tour d'Olivier Ricoeur d'adapter "Le bonheur d'être père." Donc, si vous, vous avez des renseignements, n'hésitez pas à les poster. Car ce serait faire injure au talent de Jehanne Jean-Charles que de ne pas lui faire toute la publicité possible.

Ce recueil de nouvelles, dont l'essentiel sont soit insolites dans le style de Matheson, soit carrément fantastiques, porte en fait le titre suivant : "Les plumes du corbeau et autres nouvelles cruelles." Et c'est vrai que la cruauté s'y tapit à chaque chute, ou presque. Mais elle le fait avec tant de grâce et de naturel qu'on ne lui en veut absolument pas.

Pourtant, quoi de plus horrible par exemple que "Parallèlement" ? On y voit mourir un nouveau-né souffrant, semble-t-il, d'un mal inexplicable. "Une méchante petite fille" atteint, dans sa perfection, au niveau de "La Robe de soie blanche" ou encore "Journal d'un monstre" de Matheson. Si "Un tour de jardin" se termine bien pour l'héroïne - avec laquelle le lecteur n'a aucune peine à sympathiser - elle n'en demeure pas moins quelque chose de très noir.

"Qui vous êtes ?", "Le fil de la vierge" et "La Générale" sont, certes, de facture plus classique et l'amateur de nouvelles d'épouvante devine la fin avant que celle-ci s'accomplisse : mais peu importe puisque son plaisir demeure. D'autres évoquent le Saki de "Shredni Vashtar" : ce sont "Les Fourmis Dorées" par exemple ou bien "Le Cheval Noir" et "Le petit garçon qui s'ennuyait." D'autres, tels "Les Biens de ce monde", "Ne soyons pas sectaires" ou "And so on" se contentent tout simplement d'une réalité peinte à l'humour noir - et le malaise n'en est que plus grand.

En tout soixante-dix nouvelles que vous ne trouverez, j'en ai peur, que chez les bouquinistes ou dans les bibliothèques. Une réédition s'imposerait mais quand viendra-t-elle ? Vivement une manif de lecteurs mécontents pour l'exiger ! ;o)