Jaquette non répertoriée Le presbytère hanté de Borley The Haunted Borley Rectory Traduction : Hugues de La Chesneray

Après lecture de ce livre, deux questions se posent au lecteur :

1) Harry Price s'est-il rendu coupable de fraude ? Oui, c'est indubitable. Price a tout fait, surtout après 1937, pour que Borley soit déclaré hanté. Mais - et cela non plus, on ne peut le nier - il était plutôt sceptique lors de la première visite qu'il fit à Borley en 1929, en compagnie d'ailleurs de l'une des signataires de "Le Presbytère hanté de Borley", Kathleen Goldney, laquelle semble avoir cependant toujours estimé que, dans certains cas (qui ne concernent pas tous Borley, donc), Price avait fait figure de medium tout à fait inconscient de ses propres possibilités.

Quand les Foysters le rappelleront, Price ne mettra pas non plus très longtemps à deviner qui écrit les fameux "messages" laissés, soi-disant, par les esprits, sur un ou deux murs du presbytère. Dans les années 60, Mrs Veuve Foyster admettra elle-même de bonne grâce les avoir rédigés - "parce qu'elle s'ennuyait."

Mais Price avait besoin d'argent et de notoriété. Du coup, il a succombé aux charmes de la supercherie - et probablement pas seulement en ce qui concerne le cas de Borley.

Tout au long de ses 300 pages, le livre de Dingwall, Goldney et Hall tend à le démontrer par A plus B. Entreprise louable, sans nul doute mais qui a - ce n'est que mon avis - entraîné ses auteurs à pécher eux aussi comme l'avait fait Price en son temps : ils en font trop.

Ce qui amène le lecteur à se poser la deuxième question :

2) En dépit de la supercherie de Price, se peut-il que certains phénomènes se soient réellement produits au presbytère de Borley ?

Dans leur volonté de se montrer objectifs à tous prix, le trio d'écrivains-chercheurs imputent les phénomènes à Price et, quand il n'est pas encore entré en scène, à des farces que les jeunes demoiselles Bull auraient décidé de faire à leurs proches, au désir de gloire des Smith, à la petite Adelaïde Foyster et même aux gens du village de Borley. En outre, ils font le flou sur les incohérences et les reniements dans les propos que l'on peut rencontrer, par exemple, chez les Smith, pour ne citer qu'eux.

Et c'est là que le bât blesse car, s'ils réclament - avec raison - des preuves tangibles de tout ce qu'a pu avancer Harry Price, ils se contentent , pour expliciter leurs propres allégations, d'évoquer par exemple la sieste qu'aurait fait le révérend Bull avant de voir la fameuse religieuse, le tempérament rieur des demoiselles Bull, etc, etc ... Bref, toutes choses évidemment invérifiables.

Voilà pourquoi l'on sort de ce livre assez perplexe. On y apprend tout au plus la chronologie exacte des faits. Pour le reste - en-dehors des preuves qui accablent la mémoire de Price - rien n'est dit. Le presbytère de Borley n'a donc pas fini de faire parler de lui. ;o)