10 mai 2005.

Eh ! bien, notre mère a été transportée en Chirurgie viscérale hier au soir. Mais les saignements de l'estomac sont enfin terminés : on l'a constaté après lui avoir fait une quatrième fibroscopie.

Je redoutais une endoscopie. Non pas l'intervention en elle-même mais l'anesthésie qui devrait l'accompagner. Quatre-vingt-deux ans et diabétique, c'est lourd, très lourd ...

Enfin, pour l'instant, le danger est écarté.

Ce qui m'a permis d'avoir notre mère au téléphone ce matin. Je dois avouer qu'elle fait tout pour ne pas m'alarmer. Elle a cependant confessé qu'elle avait souffert le martyr avec ces fibroscopies. Et je la crois : déjà, quand l'estomac est net, la fibro, c'est difficile à vivre mais avec une paroi stomacale à vif ...

J'ai constaté que toute une partie de moi-même voulait qu'elle continuât à vivre encore longtemps. Malgré tout. Je sais que je me répète mais l'homme est un animal vraiment bizarre : tout serait si simple si les sentiments étaient tranchés et déterminés une fois pour toutes.

Non, je m'exprime mal : tranchés, ils le sont. Ce qu'il y a d'étrange, c'est qu'ils puissent demeurer aussi antinomiques devant la Mort sans pour autant faire pencher le fléau de la balance dans un sens ou dans un autre. Je n'ai toujours pas pardonné à RM : je suis bloquée, je ne PEUX PAS le faire. Je n'ai d'ailleurs aucun remords à ce sujet : c'est comme si je NE POUVAIS PAS en ressentir. En parallèle, je NE VEUX PAS qu'elle souffre et je voudrais bien qu'elle vive encore dix ans - mais ça, par contre, je viens juste de m'en rendre compte.

Pour Arthur, notre père, cela a été très différent. D'apprendre sa mort, cela ne m'a fait ni chaud, ni froid. Il était mort, il était mort, point, à la ligne. Il est vrai qu'un père ne porte pas son enfant - et pour cause - pendant neuf mois dans son ventre. A mon avis, c'est là que résident les origines de cette différence de traitement entre RM et Arthur.