"Haru Asakaïdo..." est une nouvelle dont les moteurs sont l'exotisme, l'ésotérisme, le passéisme et un certain maniérisme. Assurément à contre-courant de bien des tendances actuelles. Elle méritait donc d'être saluée pour son originalité. Originalité d'un thème savant, naturaliste presque, le saturnisme chez les peintres du Japon ancien, qui fait l'objet d'un traitement tout en délicatesse, à l'image de la peinture d'estampe.

Ceci dit, j'ai trouvé à la lecture - au-delà des diverses imperfections formelles qui nuisent à l'impression de légèreté recherchée - un goût finalement mièvre, sans doute dû à l'insistance obstinée de l'auteur à nous sublimer la voie du renoncement choisie par les héroïnes, mais aussi aux caractéristiques données à celles-ci, qu'il s'agisse de Gofun ou de Haru.

Bref, pour apprécier Haru Asakaïdo, il faut non seulement avoir l'esprit zen, mais aimer la brume, le flou, l'éthéré, l'immatériel...

C'est sans doute une lecture pour initiés qui ravira ceux qui ont les clés d'entrée dans ce monde et laissera les autres désorientés devant des formulations, parfois plus absconses que poétiques.

Rendons grâce à Jean-Luc Flines, il y a de très bons passages (en particulier le poème final).

Et disons, à l'adresse du Jury, que mettre sur le même plan, des textes de quelques pages ou quelques dizaines de pages et des recueils entiers c'est, toutes proportions gardées, vouloir comparer Le Grand Meaulnes ou La Princesse de Clèves avec La Comédie Humaine !