Le Blog de Pierre-Alain GASSE

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mardi 26 mars 2013

Soliloques - In Memoriam - Exégèse


wagon2.jpg ©Poch, 2002.

Sur la petite centaine de nouvelles que j'ai écrites depuis 1995, trois portent un titre latin, toutes figurent dans "Soliloques" et "In Memoriam" est la dernière.

Écrit en août 2006, ce texte emprunte son titre à l'expression latine homonyme que l'on retrouve fréquemment sur les pierres tombales des cimetières et ainsi "annonce la couleur", si je puis me permettre.

Mais en réalité, cette nouvelle trouve son origine dans un faits divers plus ancien, survenu à Saint-Brieuc, au port du Légué en octobre 2004 et que le journaliste de Libération Pierre-Henri Allain relatait ainsi dans l'édition du 23 de ce même mois :

"L'émotion reste vive dans la préfecture des Côtes-d'Armor, une semaine après l'évacuation musclée d'un lieu culturel alternatif, le Wagon. A Saint-Brieuc, manifestation, lettre épiscopale et pétition ont exprimé un soutien à l'association Sauce aux gravos, victime de l'expulsion. Il faut dire que les forces de l'ordre n'ont pas fait dans le détail lorsqu'il s'est agi, vendredi dernier vers 6 heures du matin, de faire table rase d'une entité qui fonctionnait depuis sept ans, organisant sur le port du Légué concerts punk-rock, ateliers dessin et théâtre (quatre créations).

La vingtaine de membres de l'association ont eu quinze minutes pour récupérer leurs affaires. L'après-midi, deux bulldozers ont tout démoli : un wagon-salle de répétition, un ancien bâtiment de gare ayant abrité des soirées cabaret et un hangar pouvant accueillir 400 personnes. «On a perdu sept ans de vie», résume Mimi, membre du groupe.

La brutalité de l'expulsion surprend d'autant plus que le Wagon devait être une transition avant une solution durable ayant fait l'objet dès 1998 d'un «projet d'habitat adapté». Qui associe la municipalité, le conseil général et la préfecture au sein d'un groupement d'intérêt public (GIP). «On a eu des tonnes de réunions, raconte Mimi. Nos propositions n'ont jamais été retenues. On connaît pourtant plein de maisons à Saint-Brieuc qui ne servent à rien.»

Même si la municipalité assure aussi avoir fait, sans succès, ses propositions, le maire, Bruno Joncour (UDF), dont c'est le premier mandat, n'a guère montré d'empressement à réaliser le projet engagé par ses prédécesseurs. La mairie évoque également des problèmes d'hygiène et de sécurité après la noyade d'un homme de 30 ans, le 11 septembre, lendemain de concert.

Une chose est sûre, la décision du tribunal administratif de Rennes ordonnant la semaine dernière «une expulsion sans délai» du Wagon a été appliquée à la lettre par le préfet. Depuis, l'association s'est réfugiée tour à tour sur un terrain vague, un terrain de football et dans une maison municipale abandonnée. Et s'est promis d'organiser, le 30 octobre, une soirée concert prévue de longue date. Des pourparlers sont en cours avec la mairie."

Dans ce cadre et ce contexte, j'ai choisi d'écrire une nouvelle sur ces jeunes que des difficultés familiales ont jeté sur le pavé, et qui vont de trottoir en squatt, privés d'amour et de repères.

Je voulais que la violence de cette situation se traduise dans le langage du protagoniste. C'est ce qui explique ce ton hargneux et agressif du début, ce rejet apparent de la famille, du père surtout.

Mais, il ne faut pas gratter longtemps pour que sous la surface d'indifférence, se fassent jour d'autres sentiments.

Dernier détail qui a son importance, l'illustration qui sert de fond à la version internet a été empruntée à une composition du graffeur Poch, réalisée en 2002 sur le wagon SNCF détruit par les forces de l'ordre et reproduite ici. Merci à lui.

©Pierre-Alain GASSE, 26 mars 2013.

dimanche 10 mars 2013

Soliloques - Galerie marchande - exégèse


galerie2.jpg

"Galerie marchande" a été écrite en février-mars 2005, à la suite d'un article de Jean-Yves Manach dans Ouest-France. Le journaliste y relatait sa rencontre avec Joël, un naufragé de la vie, échoué à Quimper. Il y décrivait comment un enchaînement de circonstances adverses avait mis à la rue et désocialisé cet ancien directeur commercial. Qui passait ses journées dans une galerie marchande, avant d'aller dormir dehors dans des cartons.

L'article allait déclencher une chaîne de solidarité et permettre à Joël de rebondir, de prendre un nouveau départ.

C'est cette histoire que j'ai voulu raconter à mon tour, mais de l'intérieur, du point de vue du protagoniste.

Il fallait trouver une voix, un ton.

J'ai choisi la révolte et un langage au plus près de celui de la rue pour la première partie, qui relate la descente aux enfers du héros. Et termine sur une note très pessimiste.

Mais j'ai voulu respecter la réalité et délivrer à mon tour un message d'espoir. C'est pourquoi deux autres courtes parties prolongent ce début.

La seconde relate les circonstances de la première main tendue.

La dernière met en scène l'accueil du héros dans son nouveau travail.

J'ai essayé d'y montrer la générosité de certains, mais aussi les arrières-pensées de beaucoup et la lucidité du héros.

Dans la présentation de la nouvelle sur internet, j'ai sans doute eu tort de faire de ces deux dernières parties des lectures facultatives, laissées à l'appréciation du lecteur, qui doit cliquer sur un lien pour faire apparaître la suite.

En effet, si j'en crois les statistiques séparées mises en place pour la version espagnole, alors que la première partie totalise à ce jour 1609 lectures, la seconde n'en recueille que 239 et la dernière seulement 86 !

Les bons sentiments ne font pas recette, c'est connu. Et dans un ou deux concours, on m'a reproché cette fin optimiste, comme on l'avait déjà fait pour "Luka".

Mais je persiste et signe. Je crois donner assez souvent dans le noir pur et dur pour me permettre ces "écarts de conduite".

Qui m'aime me suive !

©Pierre-Alain GASSE, 10 mars 2013.