"Coup de tête" est l'exemple même de la micro-nouvelle écrite à chaud.
La version originale a été mise en ligne le lendemain même de l'événement.
Par la suite, les révélations, commentaires, analyses m'ont amené à ajouter un mot à ce que je j'avais écrit pour mieux coller à la réalité des faits.
De quoi s'agissait-il ?
Cela se devine sans peine : de l'immense choc ressenti par plus d'un milliard de téléspectateurs ce 9 juillet 2006 lorsqu'ils ont vu, après un tirage de maillot, Zinédine Zidane, autrement dit "Zizou" pour nous Français, asséner un vigoureux coup de boule dans le thorax du joueur italien Marco Materazzi en finale de la Coupe du Monde de Football !
Que l'un des meilleurs joueurs de la planète, dans une rencontre décisive où il aurait pu faire la différence et apporter le trophée à son pays, se laisse aller, qui plus est, pour son dernier match en équipe nationale, à un tel geste de violence a laissé spectateurs et téléspectateurs incrédules pendant quelques instants.
Mais il a fallu se rendre à l'évidence : Zizou a écopé d'un carton rouge mérité, a été expulsé et la France battue aux penalties 3-2 par une Italie qui n'en revenait pas !
Sur une structure très simple : une anaphore rappelant un mea culpa, j'ai tenté d'imaginer les premières pensées du héros à l'issue de ce faux-pas historique.
Le titre "Coup de tête" a été préféré pour son double sens, à l'expression "coup de boule" qui a fait la fortune des frèresLipszyc et de Franck Lascombes durant l'été 2006. Car, au delà du geste interdit, c'était à une sorte de "suicide médiatique" irréfléchi que se livrait ainsi Zinédine Zidane.
Sans connaître le fin fond de l'histoire, j'avais imaginé une injure au-delà du supportable pour avoir provoqué le geste iconoclaste de Zidane. Et dans le monde méditerranéen, la pire des injures n'est-elle pas de "traiter" la mère de quelqu'un ?
La suite a révélé que c'était la sœur de Zizou qui avait été injuriée.
En conséquence de quoi ma dernière phrase est devenue : "Mais une mère, une sœur, c'est sacré, non ?"
Ce que la majorité des commentaires a confirmé sans réserves, absolvant le héros déchu.
Tel n'était pas mon objectif, bien entendu.
Trop de lecteurs en sont restés au premier degré, à une lecture passionnelle de l'événement.
Et que le sculpteur Adel Abdessemed ait immortalisé la scène en un bronze de plus de cinq mètres de haut, exposé en 2012 devant Beaubourg, ajoute encore à la confusion des genres.
Je terminerai en rappelant l'un des principes du Code Pénal français : "Nul n'a le droit de se faire justice lui-même". Fût-il Zinédine Zidane.
©Pierre-Alain GASSE, 23 mars 2013.