En avant-première, je vous livre le début de la nouvelle aventure-enquête de Bénédicte Plassard, au contenu pour adultes, dont le titre provisoire est :

Bénédicte et les Adorateurs de Priape


masques

I

Sur la Côte Sauvage, parmi les quelques dizaines de villas du siècle dernier établies au plus près du rivage comme autant de guetteurs immobiles, il en est une reconnaissable entre toutes.

Perchée sur une des rares éminences de la presqu'île, au milieu d'un groupe de blockhaus enterrés là par les envahisseurs de la dernière guerre, elle domine les alentours de sa façade austère surmontée d'un clocheton, accolée à une tour carrée bizarrement coiffée d'une calotte.

D'un béton gris uniforme, toitures comprises, seuls des volets blancs éclairent cette masse surmontant les rochers de granit posés sur la lande.

Le lieu est connu sous le nom de La Vigie. Habités depuis le néolithique, ces parages furent choisis en 1744 pour y édifier un corps de garde.

Puis, on en fit un sémaphore, avant qu'il ne soit vendu en 1883. Dans les années trente, un architecte le transforma en villa que les occupants des blockhaus rasèrent en 39-40 pour y installer un radar.

Après guerre, son propriétaire lui redonna l'aspect antérieur qu'il conserve aujourd'hui.

Ayant emprunté, au hasard, la route de la Côte Sauvage, à son arrivée dans la presqu'île, Bénédicte, au volant de son cabriolet New Beetle jaune tournesol, vit là, fichée sur la pelouse, une pancarte qui disait : "À louer. Week-end ou semaine". Suivait un numéro de téléphone.

L'étrangeté du lieu lui parut propice au séjour impromptu d'une petite semaine qu'elle envisageait. Un peu trop grand pour elle seule, à vue de nez, mais quand on aime...

Et puis, on ne sait jamais... Elle dérégla le rétroviseur intérieur : le miroir lui renvoya l'image plaisante d'une très jolie brune qui la rassura. Yeux en amande, bouche pulpeuse, frange coquine et queue de cheval. Son célibat ne saurait durer.

Renseignements pris, le numéro de téléphone était celui d'une agence de location. 

Manque de chance, la demeure était déjà réservée, bien que les locataires ne se fussent point encore manifestés.

Elle en conçut un certain dépit. Encore renforcé par le fait qu'on lui offrît un T2 à bon prix dans une maison à cent mètres à peine de là, d'où elle pouvait observer à loisir le flanc nord de la bâtisse, le portail d'entrée dans le muret d'enceinte et le petit pavillon qui avait dû jadis abriter le gardien.

Ce week-end-là, autour de la Vigie, un ballet inhabituel de véhicules aurait dû être remarqué par tout observateur attentif.

Il faut croire que Bénédicte Plassard, Officier de Police Judiciaire mis en congé d'office par son supérieur hiérarchique à la suite d'une enquête mal ficelée*, fut la seule à avoir quelque raison de s'y intéresser d'un peu près. Et elle alla bientôt de surprise en surprise.

à suivre...

©Pierre-Alain GASSE, 2009.

  • Quand Mam Goz s'en mêle, 2008.