Terre en danger ! Le blog de Bruno Leclerc du Sablon

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lundi 20 août 2007

Mes journées alexandrines à Campan

Photo de familleMounaques au balconMounaques au caféJérôme, Alice et leur fille Cassandra nous accueillaient, du 16 au 20 août, dans leur maison de famille des Hautes Pyrénées, précisément à Campan dans la haute vallée de l'Adour.

Ce village est haut en couleurs, une grande quantité de maisons et de jardins étant ornés de "mounaques", ces étranges poupées en chiffon, rembourrées de foin, qui animent les rues de Campan pendant les mois d’été..

Cette vieille tradition avait lieu lorsqu'un veuf se remariait ou quand quelqu'un épousait une personne du village d'à côté. Si l'heureux élu ne satisfaisait pas aux demandes des jeunes, ceux-ci déposaient une mounaque et faisaient du charivari pendant un mois devant sa porte.

Bec prépare sa tenteBec appelle le suivantNous étions douze... qui méditions et rafaisions le monde... alexandrin, en attendant que Pascal nous rejoigne et apporte les réponses "existentielles" aux questions de chacun.

Rien ne pouvait commencer avant que le Père Bec ait fini d'installer le confessionnal. Il s'y était longuement préparé, par une longue marche sur le camino, de Grenoble à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Sitôt prêt, le voici qui appelle le premier volontaire.



Yugcib._j_ai_p_ch_.JPGYugcib y va le premier, lui qui n'a rien à cacher (sauf peut-être la faucille, dans son dos, et le marteau qu'il tient dans sa main droite ?)


Ishtar, je suis une déesseMoi, pense Ishtar, moi la Déesse, qu'ai-je à faire des confessions d'ici bas ? Je les attendrai sur Vénus...









Marianne pense Moi aussiEt moi, réféchit Mahaut, je me demande bien ce que j'aurais à lui raconter. J'attendrai de me parer de mon costume du Moyen-Age.



Marc et Perrine complotentMarc et Perrine se concertent : on y va ? on y va pas ?
Marc encourage Perrine qui se prend la tête :
- Quoi lui dire ? se demande-t-elle, que j'ai peur des aoûtats, ici, sous ma tente, au bord de la rivière ? Il ne me croira jamais !.



Perrine, il m'a sauvéFinalement Perrine s'est décidée à y aller. "Il m'a cru, quel soulagement !"





Yugcib, pas le merdierYugcib aussi est devenu un autre homme. A-t-il épuisé le merdier ? Impossible ! L'hôtel accueille tellement de gens !









Communauté en pélerinageTous se préparent maintenant pour la grande traversée du désert.




Désert avec de l'eau

Le désert, mais aussi l'eau qui purifie.





Voies impénétrables"Ses voies" sont-elles si impénétrables ?







Les oeuvres sacréesIl y a heureusement les livres sacrés ! Oh, combien sacrés !








La terre promiseImpénétrables, non, car là-bas, tout au bout du désert, il y la terre promise : la mer, les vallées verdoyantes...ou poussent et se développent les plus jolies plantes, celles du genre Liber et ses infinies variétés


Tous se désaltèrentet tous ses bienfaits, les bienfaits terrestres, tout de lait et de miel











Familleoù tous pourront se retrouver... et se reposer, en confiance, avec leur protecteur, celui qui reste caché au monde des fidèles laborieux et cependant bien vivants...
Là, à Campan, ayant pu le voir en chair et en os, ils ont pu vérifier qu'il existe vraiment.

mardi 17 juillet 2007

Le vieux grenier : laisser parler la carcasse...

B_Grad_Saifu MaruTokyo, juin 1969. Je viens de terminer une mission océanographique sur un bateau de la Japan Meteorogical Agency mais le laboratoire où je me rend tous les jours m'ennuie vite. Dans Tokyo, chaque place, chaque carrefour est le lieu d'un rassemblement de sud-coréens faisant la grève de la faim, allongés sous des auvents de toile mal arrimés au sol : population de travailleurs immigrés mal aimée des japonais et méprisée par le pouvoir. Je cherche autre chose.

Fatigué de n'entendre parler que japonais et quelquefois anglais, j'entre dans un vaste bureau de la Japan Travel Agency et lance à la cantonade, d'un ton sans doute trop agressif :

– Y a-t-il quelqu'un qui parle français ici ?
– Bien sûr Monsieur, nous parlons toutes français, répond une des six ravissantes hôtesses en uniforme bleu turquoise.

J'étais estomaqué et confus, mais heureux. Je m'approche de son bureau, m'assieds, inspire une seconde ou deux le délicat parfum dispensé par son chemisier et lui demande :

Sur la photo ci-contre, je suis en train de mettre à l'eau mon appareillage de mesure du flux de chaleur sous-marin. Nous sommes sur le Saifu Mairu dans la zone de la fosse des Philippines.

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lundi 16 juillet 2007

Le vieux grenier : un produit peu banal, la PRV

Carton PRVEn 1989, j'avais développé, pour ma société TELETAM, un nouveau service de messagerie vocale individuelle baptisé MEMOPHONE. Constatant que ce service ne correspondait pas, autant que je l'espérais, aux attentes du public, je créais un autre service aux fonctionnalités nettement supérieures et beaucoup mieux accepté. Ce service devint opérationnel en 1993. Je le baptisai PRV (comme Poste Restante Vocale) et je cédai MEMOPHONE à FRANCE TELECOM qui l'exploita sous le numéro 36 72.
Le service PRV était très simple : chacun pouvait obtenir un numéro de téléphone où ses correspondants pouvaient laisser des messages, exactement comme s'il s'agissait d'un simple répondeur téléphonique. Après deux ou trois sonneries, ils entendaient le message d'accueil de l'abonné et pouvaient parler après le bip. L'abonné, de son côté, pouvait relever ses messages en appelant, de n'importe quel téléphone au monde, un numéro commun à tous, puis un code identifiant et un code secret modifiable à volonté. Cette messagerie comportait de nombreuses fonctions, y compris le choix de la langue de service, français ou anglais, et présentait de nombreux avantages : ne pas exiger d'abonnement à une ligne France Télécom, ne sonner nulle part, n'être jamais occupée…

La suite de ce récit est un extrait de Carcasses (pour consulter le livre, cliquez sur la couverture, dans le bandeau à gauche).

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samedi 14 juillet 2007

Le vieux grenier : un jour d'hiver dans le Cézallier

Cézallier_route et neigeJeudi 1er février 2001. Il est juste midi dans le Cézallier et la température extérieure est de – 15°C. Après Auriac-l'Eglise, sur la D 9 et partout alentour, tout est blanc et désert, le ciel est d'un bleu total et intense et le Puy Mary s'y découpe fièrement. Sur les estives, l'épaisseur de neige est d'au moins cinquante centimètres et les barrières de bois qui bordent la route et délimitent les parcelles d'estive ne dépassent de la neige que par endroits, de quelques centimètres. Un fort vent d'ouest a formé des congères mais balaye la route, n'y laissant qu'une fine épaisseur de neige, comme du sucre glace. Après le Mont Servais laissé à l'est, la route file en ligne droite vers le nord, bordant à l'ouest une combe assez profonde. A cet endroit, à mille cent mètres d'altitude sur le territoire de la commune de Peyrusse, je roule à soixante à l'heure, avec quatre roues motrices.

Mais sous la fine couche de neige se cache une longue plaque de verglas. La voiture glisse irrémédiablement à gauche, franchit le fossé puis le talus, fait voler en éclats la barrière de bois fermant l'estive et exécute trois tonneaux avant de s'arrêter, vingt mètres en contrebas, sur ses quatre roues. Je ressens une vive douleur au thorax et au dos, je saigne du nez mais par chance mes lunettes y restent posées. Je sors de la voiture, m'enfonçant dans la neige jusqu'à mi-cuisses. Le pare brise et toutes les vitres ont explosé et le pavillon s'est abaissé de quelques centimètres. L'arrière est entièrement rempli de neige.

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lundi 09 juillet 2007

Le vieux grenier

Janvier 2000. Sculpture cerisier

Un cerisier aussi a souffert de la tempête. Elle lui a fait faire un quart de tour sur lui-même ! Je n'y touche pas. Attendons le temps des cerises !

Les cerises n'étant pas venues, je décide l'abattage du cerisier. Cet arbre avait déjà souffert et son tronc, coupé dix ans plus tôt à trois mettre du sol, avait laissé repousser un tronc secondaire, comme une baïonnette au bout du canon d'un fusil.

Ce cerisier m'amuse : je veux en faire autre chose que du bois pour le feu. Je scie les branches, laisse deux bons mètres de baïonnette et entreprends de déraciner l'arbre. Je découvre que les racines de cerisier sont étonnantes : il y a une racine pivot, frêle et assez courte, un mètre environ, et de grosses racines presque horizontales, à ras du sol. L'une d'elle est même très épaisse et très longue, à l'allure d'un monstre, un de ces grands animaux rampants de la famille des dinosaures qu'on trouverait aux Galápagos ou à l'Ile de Pâques. Alors ma décision est prise : je vais remettre l'animal sur le sol, dans un trou, et replanter l'arbre, mais baïonnette en bas, enfoncée dans un socle de béton, au fond du trou, au nez de l'animal. On ne verra plus que l'ancien tronc – le canon du fusil –, droit, vertical mais à l'envers, au dessus de la tête du monstre. Et je les séparerai par un miroir où l'on pourra voir, entre le tronc et le monstre, le ciel et les nuages.

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jeudi 05 juillet 2007

Le vieux grenier : Limoges-La Rochelle et ... demi-retour

Robin ChevallierCe mardi 12 juillet 1977, je faisais un vol de Limoges à La Rochelle avec un passager, Alain V., chef du service Exportation de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie Limousin-Poitou-Chatentes. Nous étions tous deux invités à dîner à son bord par le capitaine d'un cargo en partance le lendemain du port de La Pallice pour le Golfe Persique avec un chargement d'huiles COFRAN – de La Rochelle – pour les moteurs des chars des armées saoudiennes, de tapisseries d'Aubusson pour les princes de tous Etats ou Emirats de la Péninsule Arabique et de gobelets-portions d'eau minérale poitevine – source Saint-Martin – pour les clients de leurs nombreux grands et luxueux hôtels. Nous fêtions avec fierté les succès de notre résistance régionale à l'OPEP. Nous avions dormi à l'hôtel et décollé de bonne heure car après notre retour à Limoges, j'avais encore un rendez-vous, l'après-midi, à l'aéroport de Royan-Médis. J'avais réservé le même avion, Kilo Yankee, pour toute la journée, un Robin Chevalier de six places, puissant et bien équipé en instruments de navigation – un chevalier du ciel.

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mercredi 04 juillet 2007

Le vieux grenier : Limoges-Strasbourg et retour

En mai 1976, mes collègues - les Délégués au Relations Industrielles des autres Régions - et moi (1) fûmes invités à écouter pendant trois jours les conseils de chefs de la DST ou des Renseignements Généraux (RG) pour nous initier aux méthodes d'espionnage industriel – pour nous, c'était le contre-espionnage –, surtout pour éviter que les secrets nationaux dont nous étions fatalement porteurs ne tombent dans des oreilles déviantes – de grandes oreilles.

Avion RobinLe séminaire avait lieu dans les locaux de l'Université Louis Pasteur, à Strasbourg. Il commençait un mardi matin et se terminait le jeudi de l'Ascension. Ne voulant pas gaspiller ma journée du lundi et étant déjà un pilote confirmé – avec au moins deux cent cinquante heures au carnet de vol –, je décidai de prendre un avion de l'Aéroclub de Limoges-Bellegarde pour rejoindre Strasbourg-Entzheim le mardi matin en moins de deux heures de vol, prendre un taxi et être ponctuel, à neuf heures à l'Université.

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samedi 30 juin 2007

Le vieux grenier

Je continue de vider la malle des mains , cette malle des accidents sans gravité qui laissent un souvenir inoubliable, mais j'y trouve aujourd'hui un objet qui n'aurait pas dû y être rangé. C'est souvent comme ça, dans les déménagements, quand on est pressé par le temps. Par contre, j'y trouve encore un poème, d'Arthur Rimbaud cette fois, et c'est bien les mains qu'il évoque, et quelles mains !
Et je vous dois une explication : pourquoi mon ami Raymond a-t-il donné ce nom, le vieux grenier, avec ses malles, à mon livre Carcasses ? Eh bien, l'explication, c'est lui même qui vient de ma la donner. Elle tient dans ces quatre vers :

Ma vie est un grimoire enfermé dans un coffre
Dont j'ai perdu la clé voilà bientôt mille ans.
J'ai un peu oublié ce qu'il y avait dedans.
Mais si je la retrouve, c'est promis, je te l'offre.

Des carreaux bruns disposés au hasard

Terrasse Jean Jaurès
Vue de notre terrasse, avec, au fond, une jardinière de bambous.

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vendredi 29 juin 2007

Le vieux grenier

C'en est trop, la coupe est pleine, cette malle des accidents sans gravité qui laissent un souvenir inoubliable que j'ai appelée la malle des mains ne se videra donc jamais ?
Paul Verlaine y aurait-il aussi laissé les siennes ? J'y découvre en effet un autre poème écrit de sa main. (1)

Gazon, av. J. Jaurès
Une vue de notre jardin à Clamart.

Au printemps 1997, ma société BLS est amenée à racheter TELETAM, l'actionnaire de référence s'étant désengagé au moment de sa fusion avec son principal concurrent. Et aussitôt je suis conduit à intenter un procès en contrefaçon contre CEGETEL, filiale de la Générale des Eaux, au motif qu'elle commence à exploiter un service de communication – un pager – sous la marque TAM TAM, marque que j'avais déposée. En octobre, je demande à rencontrer le président de la CGE, Jean-Marie Messier, et lui explique la situation catastrophique dans laquelle son équipe est en train de faire plonger ma petite entreprise. Peine perdue. Vu le nombre d'avocats mobilisés contre moi et mon conseil, je suis bel et bien en train de perdre ce procès et la somme requise par CEGETEL va mettre TELETAM en cessation de paiement. Je dois m'apprêter à déposer le bilan et commencer par licencier le personnel : un ingénieur, une secrétaire et Savinien (2). C'est chose faite en février 1998.

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jeudi 28 juin 2007

Le vieux grenier

Décidément, elle en contient, des bobos, cette malle des accidents sans gravité qui laissent un souvenir inoubliable, et si ça continue, je finirai par l'appeler la malle des mains. Y trouverai-je un jour, sur quelque cahier d'écolier, un poème aussi beau que celui de Paul Verlaine ? (2)

Nous sommes en 1949, pendant les vacances de Pâque passées chez mes grand-parents maternels, dans un village de l'Hérault.

Le jardin de Poussan

J'aime participer aux activités de la ferme, accompagner Bon-Papa pour vérifier l'état des vignes, le suivre dans la serre et l'aider pour ses boutures, donner à manger au cochon et aux volailles, grimper au sommet du puits et manœuvrer la pompe pour arroser le potager, monter dans la charrette quand on attelle Bijou, le cheval, ou Papillon, la mule et le soir, leur donner l'avoine.

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mercredi 27 juin 2007

Le vieux grenier

C'est la même malle qu'hier, celle des accidents sans gravité qui laissent un souvenir inoubliable...et il en reste tellement, dans cette malle, que je n'aurai peut-être pas le courage de la vider entièrement !

Samedi 10 mars 2001. Ma femme est à la clinique. Elle doit sortir demain et je lui ai promis de passer l'après-midi près d'elle. Ma fille Géraldine et Tanguy, son fiancé, m’invitent à déjeuner. Ils paraissent tous les deux en forme, et amoureux.

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mardi 26 juin 2007

Le vieux grenier

Le vieux grenier, tel était le titre que mon ami Raymond avait donné à son commentaire de Carcasses, mon premier ouvrage, publié par Alexandrie Online. J'y raconte en effet des choses passées, des choses de ma vie, et, pour Raymond, certaines d'entre elles faisaient penser à des malles dont on n'ose plus ouvrir le couvercle poussiéreux, ou dont on a perdu la clé.
Raymond écrivait aussi : Personnellement, je crois sincèrement que dans les replis de la mémoire, chaque malle, chaque cahier, constitue un fil suffisant à dérouler.

Le vieux grenier, ce sera donc sous ce titre que je rouvrirai, dans de futurs billets comme dans celui-ci, l'une ou l'autre des malles dont j'ai gardé la clé.

La malle que j'ouvre aujourd'hui, c'est celle des accidents sans gravité mais qui évoquent des moments inoubliables :

Pincement de doigt.

Avant sa mort, je rendais visite à Papa aussi souvent que possible, à la Maison Marie-Thérèse en haut du Boulevard Raspail. Suite à ses trop nombreuses fugues, il avait été transféré de sa grande et belle chambre jusqu'au Foyer Soleil d'où il lui était impossible de sortir seul mais où sa chambre était plus modeste.

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lundi 25 juin 2007

Eurydice, 4 mars 1969. Deuxième partie : des poissons par milliers

Dernière réunion à la préfecture Maritime : cette fois, le dispositif semble bien prêt. Trois escorteurs, trois officiers mariniers du BEO, un hélicoptère Alouette, un matelot équipé d'un théodolite tous les 250 mètres, le long de la côte, entre le Cap de Saint-Tropez et le Cap Lardier, à l'entrée de la Baie de Cavalaire.

Eurydice 1965
Photo de l'Eurydice. M.Petit. 1965
Le Capitaine de Vaisseau expose son plan : on commencera par faire un étalonnage de la chute d'une grenade larguée par l'arrière d'un escorteur filant 8 nœuds : on mesurera, à partir du top, le temps de roulement de la grenade sur la plage arrière jusqu'à son arrivée à la surface de l'eau et le temps de chute dans l'eau jusqu'à l'explosion. Les essais seront faits cet après-midi, au large de Toulon. A chaque escorteur est attribuée une bande de tir de 4 km d'est en ouest et de 6 km du nord au sud. Il y aura donc en principe 240 tirs, environ deux jours d'opération.

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dimanche 24 juin 2007

Eurydice, 4 mars 1969. Première partie : sous la mer, c'est le drame

Je suis revenu de ma perm en Islande le 1er mars. Le 4 mars, je suis à mon poste, au Bureau d'Etudes Océanographiques de la Marine Nationale (1), à Toulon. A 11 heures, l'Ingénieur Principal Sicard, chef du BEO, m'appelle.

– Leclerc, êtes-vous occupé en ce moment ?

– Oui, enfin non, enfin pas spécialement, pourquoi ?

– Pouvez-vous descendre à mon bureau ?

– Maintenant ?

– Oui, tout de suite.

Sa porte étant ouverte, je ne frappe pas. Sicard à l'air plus nerveux que d'habitude.

– Le Préfet Maritime vient d'appeler, il m'attend à une réunion, vous m'accompagnez.

– Qu'est-ce qui se passe ?

– Un sous-marin a disparu ce matin, l'Eurydice, corps et biens.

– Aïe ! Mais je viens en jean, comme ça ?

– On n'a pas le temps, on part, la voiture nous attend.

A la Préfecture Maritime, un officier marinier nous conduit dans la salle de conférences. Une vingtaine d'officiers sont assis devant de petites tables, en rond autour de la salle. Tous ont cinq barrettes, pleines ou panachées, capitaines de vaisseaux et capitaines de frégates. Nos deux places ont été gardées à côté du préfet. Tous attendaient notre arrivée pour commencer la réunion, une réunion de crise.

Le préfet ouvre la séance.

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samedi 23 juin 2007

Une permission en hiver (1969-1970)

L'Islande, y repartir, l'y retrouver, c'est l'hiver et ce doit être la nuit presque toute la journée !

Suzan takes you down
To her place near the river
You can hear the boats go by
You can spend the night beside her
You can…


Une permission, mi janvier, me laisse quatre jours. Je repars en Islande. Mais je m'y retrouve seul. Dans les pubs, dans les rues, sur le port, je ne la retrouve pas. J'ai avec moi le petit recueil de photos qu'elle m'avait offert en souvenir de son pays et je me réfugie dans ce qu'était mon autre moi, dans ce paradis pour les géomorphologues, ceux qui sont avides de déterminer les forces qui ont formé le visage de la Terre – parce qu'ici on les voit encore à l'œuvre.

Islande_chaudière L'Islande, terre des glaces, avec ses cirques de glace s'enfonçant dans des vallées étroites et profondes, ses coupoles glaciaires qui s'arrondissent sur les cônes volcaniques, ses glaciers alpins, en langues ou étendus comme au Groenland ; l'Islande, Musée Grévin des volcans du monde, les morts et les vivants, plafond de la dorsale médio-atlantique où je retrouve les sosies du Fuji Yama sur l'île de Honshu, du Mauna Loa d'Hawaï, du Puy de Dôme, du Plomb du Cantal et de la Banne-d'Ordanche, du Kilimandjaro, de l'Etna, du Stromboli, du Vésuve, du Mont Rainier, de tous les volcans des Aléoutiennes ; l'Islande, chaudière à vapeur, distributrice d'eau chaude gratuite à ses deux cents mille habitants et qui leur prouve encore sa générosité en laissant aussi s'échapper les jaillissements des centaines de sources, siliceuses ou sulfureuses selon la nature du terrain, volcanique et basaltique ou argileux et marécageux, à 75°C, comme à Chaudes-Aigues dans notre Cantal, l'Islande m'envoûte et me déçoit.

Si encore je connaissais son nom ! Mais Helen, sur ce petit bout de papier, en marque-page ?

Morues en Islande Je suis triste et mon cœur, triste, n'est réchauffé qu'entre midi et deux heures par les multiples couleurs des rues ensoleillées, couleurs vives ou couleurs pastel des maisons. Il perçoit aussi un peu de chaleur devant l'activité bouillonnante des chalutiers dans le port de Reykjavik, déchargeant d'étonnantes quantités de poissons dont certains, des morues, iront sécher, pendillant au vent sur des tréteaux de bois, au bord des routes, ou étendus sur les poreuses falaises de lave, fiertés des pêcheurs islandais comme nous de notre lessive de linge immaculé étendu sur la corde. Et il s'enfuit comme dans un rêve avec les oiseaux, surtout les innombrables palmipèdes anatidés, des canards tellement sociaux qu'on les prendrait pour des citoyens aux cygnes chanteurs avec leurs appels en trompette, de chaque mare, de chaque lac, les seuls bruits qui rompent l'infinie tranquillité des espaces glacés.

Extrait de Carcasses pp 261-262 (voir bandeau à droite).

jeudi 21 juin 2007

Okinawa mon amour !

C'était le printemps et c'était le jour du départ. Mon appareil de mesure - le bruno-grad (1)- avait déjà été expédié à Okinawa.

John et moi embarquons à Kennedy Airport pour Naha, capitale de l'île d'Okinawa (2), avec escale à Tokyo. En tant qu'étranger, je présente aux contrôles un visa signé par le patron du Pentagone, le Général Montgomery. Depuis la fin de la guerre, Okinawa est en effet sous administration américaine.

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mercredi 20 juin 2007

Course en montagne dans le Massif de l'Oisans

Un après midi d'été, rentrant avec mon ami Marc de la Barre des Ecrins, nous apprenons que nos deux amis Simon et Yves viennent de partir pour une course réputée difficile, la Pointe du Sélé par la face sud, dans le massif du Pelvoux. Ce n'est pas une première mais qui sait ? Ils peuvent peut-être ouvrir une nouvelle voie.
Je propose à Marc de les rejoindre.

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