Terre en danger ! Le blog de Bruno Leclerc du Sablon

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jeudi 29 mars 2012

Au prochain printemps - un film de Luc Leclerc du Sablon

Merci de faire circuler ce billet.

On peut aussi écouter l'entretien de Luc dans l'émission Download de France Inter du 26 mars.

Le distributeur du film de Luc Leclerc du Sablon a du nez, il a compris qu’il fallait sortir Au prochain Printemps, ce jour, ce 28 mars. Ce n’est évidemment pas parce que, comme un fruit ou une robe, le film serait de saison. Ce ne sera pas un film à la mode, non plus, ou alors plutôt comme dans la chanson enfantine, à la mode de chez nous. Luc Leclerc du Sablon dessine un portrait de Français en état d’interrogation : une question orale, pensée à voix nue. http://bande-annonce.tuxboard.com/a...

Le film part en campagne, dans un paysage que personne n’avait jamais filmé ainsi et arrive à nous montrer notre quotidien avec un œil tendre, fragile, complice et précis. On mesure alors - dans le paysage cinématographique français – le miracle de l’existence de ce film inclassable. C’est un film généreux, vraiment, cela parle de vous, de moi, de politique et c’est intelligent, et cela réveille, comme un petit coup de gnole, au coin du bar des amis, dans cette solidarité et cette fraternité qui nous manque souvent. Ce n’est pas racoleur, c’est toujours tenu et exigeant. Vous l’avez compris Au prochain Printemps est à voir de toute urgence, pour vous faire germer les idées, après ce rude hiver Sarkozien, qui dure depuis cinq ans, et après les froidures de la crise qui nous mordent encore les doigts. C’est un film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale, parce qu’il réchauffe et de plus, ce qui ne gâche rien, c’est un vrai remède contre la connerie. Sans prétention, avec beaucoup de poésie, le film parle de nos questions, de nos problèmes, de nos interrogations, et il parle politique, sans phrases – ce qui est un autre petit miracle – avec quelques bons mots, avec de vraies paroles, comme en prise directe avec le réel. On sera heureux de se ranimer à la chaleur humaine qui se dégage de chaque plan. Je le redis, c’est un film drôle, intelligent, et beau. C’est un film qui devrait participé à l’arrivée du Printemps, faire revenir le temps des cerises, et du merle moqueur. Revenir, c’est le mot, Luc Leclerc du Sablon est parti, en terre de France, comme on revient chez ses parents, là où sont nos racines réelles ou supposées, il est retourné voir des copains, des connaissances qu’il avait rencontré pour d’autres films, il est allé simplement prendre de leurs nouvelles. Et toi comment tu vas ? Et qu’est ce que tu deviens ? Et comment on va faire ? Il nous montre la campagne, comme un drôle de patriote, pendant la campagne de 2007. Et avec çà, le film est tout simplement actuel. Je n’avais jamais entendu le mot actualité dans ce sens, Au prochain Printemps ce n’est pas un reportage, il n’y a pas de micro trottoir, c ‘est du documentaire, la France en macro vision. Cela nous soigne de l’actualité des journaux télévisés et de la campagne électorale malade qui ne parle pas de nous, de nos problèmes, de nos difficultés. Le film lui décrit les préoccupations des citoyens que nous étions il y a cinq ans, et par malheur, ce sont les mêmes maux, les mêmes mots qu’aujourd’hui. Le film est politique, non pas parce qu’il parle de politique – Ne vous inquiétez pas les jeunes, ce n’est pas de la politique politicienne – mais parce qu’il est la politique même. Ce n’est pas la politique de l’exercice du pouvoir, mais un dialogue sur le fonctionnement de notre communauté. Et cela grippe. Au prochain Printemps, je l’ai vu cet été à Lussas -le festival du documentaire en Ardèche -, le film portait un autre nom, et pour cette sortie, le distributeur, a été inventif, il a trouvé un nouveau titre. Le film en est encore plus beau. Et je dis cela sans ironie. Comme nous sommes de nouveau en campagne électorale, il y a une belle alchimie, je revois le film autrement, il est différent parce que raisonne dans mes oreilles les discours des candidats de cette année. Le film de Luc Leclerc du Sablon en est encore plus fort, les images deviennent des bombes accélératrices.

Il faut tous, que vous vous jetiez dans les salles pour regarder la France au fond des yeux comme disait jadis un Président qui a raté son destin. Allez-y maintenant avant de voter, parce qu’il sera bientôt trop tard. Si le monde était mal fait, il y aurait une loi qui obligerait chaque électeur à voir le film de Luc Leclerc du Sablon avant qu’il ne vote. Mais comme le monde est très bien fait, vous saisirez la liberté qu’il nous reste d’aller voir ce grand film. Vous comprendrez comment ce recueil de paroles d’hier éclaire la situation d’aujourd’hui.

Un exemple, à la fin du film, il y a une séquence et un plan incroyable - jamais on aura aussi bien entendu les mots, les idées déclamés dans un discours d’un homme politique. Jamais on aura compris aussi clairement l’urgence qu’il y a à faire son devoir de citoyen, pour que Sarkomence pas. Jamais on aura compris aussi bien combien Nicolas Sarkozy a fait du mal à notre pays. Et cela découle d’une mise en scène modeste. Pour obtenir ce résultat, Luc Leclerc du Sablon, ne commente pas, il ne tripatouille pas la bande son, il laisse même une bonne partie du discours original envahir son image. Le décalage, le révélateur du mensonge proféré, des promesses non tenues, provient du cadre, du lieu de tournage, de la vie qui continue à se dérouler pendant que le candidat, bientôt Président, déroule ses formules de rhétorique. C’est une séquence d’anthologie, une leçon de cinéma, à voir absolument.

DOSSIER DE PRESSE : http://www.auprochainprintemps.com/...

BANDE ANNONCE : http://bande-annonce.tuxboard.com/a...

ENTRETIEN FRANCE INTER le 26 mars 2012 : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=319375

jeudi 03 mai 2007

Pour un lapsus...

17% annonce Ségo, et les ressources en uranium sont épuisables. 50% répond Sarko, avec des ressources suffisantes pour un à deux siècles.

Il était question de la part de l'énergie nucléaire en France. Le téléspectateur a bien compris que Ségolène Royal voulait parler de la part du nucléaire dans notre consommation totale d'énergie, et le chiffre de 17% qu'elle citait est exact. Chacun a corrigé de lui-même ce lapsus, celui de prononcer énergie électrique au lieu d'énergie totale. Nicolas Sarkozy parlait, lui, du pourcentage d'énergie nucléaire par rapport à l'électricité totale consommée en France, et le vrai chiffre n'est pas 50%, mais proche de 80%.

Entre celle qui connaît les chiffres mais commet un lapsus (excusable après 90 minutes de débat !) et celui qui donne un chiffre totalement fantaisiste, qui choisir, s'agissant d'un sujet aussi grave ?

En plus, l'argument consistant à rejeter à plus de cent ans la date de l'épuisement en ressources (importées) d'uranium est bien la reconnaissance qu'il se moque du développement durable, ou qu'il n'a rien compris au film... du futur.

Ayant constaté que Ségolène Royal avait largement dominé le débat dans son ensemble, et donc gagné des points sur son concurrent, j'ai décidé de changer d'avis, de ne pas voter blanc dimanche prochain mais d'apporter ma voix à Madame Royal. Je ne voulais pas de Sarkozy, et je me sentirais trop coupable s'il gagnait avec seulement quelques voix d'avance.

Ceci n'ajoute rien, évidemment, au niveau de confiance que j'ai en Ségolène, notamment concernant la gestion économique du pays et les questions internationales. Sur ces deux points, les deux candidats se sont montrés à peu près aussi mauvais l'un que l'autre.

J'ajoute encore une remarque : je n'ai vu à aucun moment Sarkozy regarder son interlocutrice pendant qu'il lui parlait, lui qui s'est dit, tout au long de sa campagne, être le seul à pouvoir parler à chaque français les yeux dans les yeux... Ségolène, elle, fixait toujours Sarkozy quand elle parlait.

Respecter les gens, ça commence par les regarder quand on leur parle. Je sens du mépris chez ceux qui me parlent sans me regarder.

NON, L'ELECTION PRESIDENTIELLE NE SE JOUERA PAS SUR UN LAPSUS !

lundi 19 mars 2007

Présidentielles, suite : la guerre de l'énergie ?...oui, faisons la, cette guerre !

La vraie question

L'énergie, comme l'eau, est une ressource vitale pour l'humanité entière. Et chacun est maintenant convaincu de la nécessité de se tourner résolument vers les énergies renouvelables. Alors ne refaisons pas l'histoire, mais sachons la relire. Elle nous a démontré que des milliers d'opérateurs agissant avec les ressources locales et sous le contrôle des collectivités territoriales avaient su accompagner le développement du pays pendant près d'un siècle, et ce siècle était bien celui d'une demande énergétique en croissance très rapide, aussi rapide que les développements de l'industrie et des chemins de fer, des communications et du confort. Il n'y a aucune raison qui s'oppose à ce que ce principe – qu'on appelle, dans les textes qui régissent les traités européens, principe de subsidiarité – ne soit remis au goût du jour, avec les technologies actuelles, celles dont nous disposons déjà et que nous pouvons apporter aux pays en développement.

Le principe de subsidiarité n'est pas ennemi des grands projets, mais il permet aux petits de trouver aussi leur place. Il existe plus de mille sociétés d'électricité aux Etats-Unis – les facilities – chacune ayant ses propres sources de production, chacune utilisant les ressources les plus économiques pour elle. Toutes les formes de production d'électricité coexistent et tous les réseaux sont interconnectés. Plus : depuis que les facilities appliquent la politique du real time pricing (RTP, ou "tarification en temps réel"), tous les consommateurs peuvent choisir, jour après jour, le fournisseur de leur choix en fonction du tarif annoncé. Il est vrai que c'est aux Etats-Unis que l'on a observé, ces dernières années, les plus grandes pannes de courant, notamment en Californie. Il est vrai aussi que l'on y a connu une catastrophe nucléaire, avec l'accident du 28 mars 1979 à l'usine de Three Mile Island. Three Mile Island, ce fut près de 100 cancers parmi la population, 245 morts parmi les enfants nés en Pennsylvanie et 430 dans l'est des Etats-Unis. Après l'accident de Three Mile Island, des associations de citoyens ont intenté un procès à la compagnie exploitante. D'une certaine façon tout le monde savait qu'un accident arriverait un jour, très exactement le jour où un grand nombre de réacteurs nucléaires serait en service. Three Mile Island a sans doute été le coup de grâce pour l'énergie nucléaire américaine, frappant une industrie déjà mal en point dont le déclin était déjà amorcé depuis 1974. Il est vrai aussi qu'en plus de l'énergie nucléaire – certes en déclin outre atlantique – c'est aux Etats-Unis qu'on consomme le plus de ressources du sous-sol, les énergies fossiles – le charbon, le pétrole et le gaz naturel – pour produire de l'électricité. Mais c'est aussi les américains qui sont les premiers utilisateurs de pompes à chaleur, de systèmes photovoltaïques, de chauffe-eau solaires, de biocarburants, et de très grands inventeurs et constructeurs d'usines hydroélectriques et de parcs éoliens.

Le Soleil est la source de presque toutes les formes d'énergie trouvées sur la Terre, aussi bien les fossiles que les renouvelables – toutes, se serait 100 %. L'eau des torrents, des rivières et des fleuves – les retenues par barrages et les centrales au fil de l’eau –, le vent – 25 % de l'énergie que le Soleil nous envoie –, la houle et les vagues – un watt par mètre carré –, la chaleur de l'air, du sol et de la mer, le bois et toute la végétation – la biomasse – 2 litres d'ester de colza peuvent remplacer 1 litre de carburant fossile –, nos déchets même – 1 % de notre consommation –, et évidemment le charbon et la tourbe, le pétrole et le gaz naturel, tout cela est – ou a été – apporté par le Soleil. Un peu d'énergie nous est aussi apporté par la lune : les marées – pour les grandes marées, le Soleil aide aussi –, un peu aussi par la géothermie qui provient de la radioactivité de la Terre – et cette source d’énergie pourrait produire beaucoup plus. Alors la vraie question est évidente : pourquoi n'utiliser en abondance que la partie fossile de cette immense quantité d'énergie, celle dont on sait qu'elle n'existe qu'en quantité limitée, alors que la partie renouvelable, elle, durera ce que durera le Soleil ? Nous disposons des technologies pour les exploiter toutes, et ces technologies sont transposables partout, dans les pays en développement comme ailleurs.

Bien sûr, chaque région de la planète est diversement dotée, selon sa latitude, sa topographie, son climat, sa proximité des côtes. Mais toutes les régions sont dotées, et même abondamment : la Terre, sur les seuls continents, reçoit gratuitement du Soleil une énergie égale à 2 500 fois celle qui est consommée mondialement, le quart de cette énergie étant délivré sous forme de vent. Autant dire qu'à lui seul le vent pourrait nous fournir au moins 600 fois plus d'énergie que ce dont nous avons besoin. Le prélèvement, ne serait-ce que d'un millième, de cette énergie, fournirait déjà la moitié du besoin mondial. Mais comment ? Où ? Et à quel prix ? C'est l'enjeu d'un débat politique nécessaire et urgent, international. On a su préserver le continent Antarctique pour la science. Serait-ce plus difficile pour le vent ? Je ne crois pas. Mais les politiques sont-ils créatifs ?

De l'audace et de la créativité !

La France dispose d'une puissance de production d'électricité voisine de 100 000 MW. Même avec des éoliennes modernes de 3 MW, il faudrait installer 33 000 éoliennes pour disposer d'une puissance équivalente, et même trois fois plus si l'on tenait compte d'un coefficient d'efficacité de 33% – optimiste. Plus de 1 000 éoliennes par département, en moyenne ! C'est évidemment utopique, irréaliste. Et dans presque tous les pays, on atteindrait un chiffre irréaliste. Mais pas dans tous. Les régions situées à des latitudes élevées, aussi bien dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud, sont soumises à des vents réguliers, forts et permanents, de nuit comme de jour – avec ou sans le soleil !. J'ai pu moi-même m'en rendre compte lors d'un séjour dans les îles Aléoutiennes (ci-contre), et un de mes fils, qui a effectué, en vélo, un grand tour de l'Amérique Latine, a observé la même chose lors de son passage en Terre de Feu (ci-dessous), ce vaste territoire partagé entre l'Argentine et le Chili. Les vents sont également très puissants et réguliers au nord de l'Alaska, au Canada dans les Territoires du Nord Ouest, l'île Victoria, la Terre de Baffin et autour de la Baie d'Hudson, au Groenland, au Spitzberg – où je suis allé aussi –, en Nouvelle Zambie, à l'est de la Sibérie autour de la mer d'Okhotsk et dans la presqu'île du Kamtchatka, dans les îles Kouriles et autour de la mer de Béring. Au sud, où les continents sont moins nombreux, il n'y a guère, à part la Terre de Feu, que l'archipel des Malouines – mais ce n'est pas très vaste – et la Terre de Graham, rattachée au continent antarctique. Dans ces zones très peu habitées ou désertiques, des éoliennes à hauts rendements peuvent être érigées par dizaines de milliers et fournir une électricité à bas prix.

La question est alors : que faire de cette électricité ? Mais s'est-on posé des questions pour construire des pétroliers géants et transporter des centaines de milliers de tonnes de pétrole par voyage, sur 10 000 ou 15 000 kilomètres ? L'électricité est peu facilement transportable ? Alors chargeons des batteries d'accumulateurs qui viendront équiper les moteurs hybrides de nos prochaines voitures ? Ou bien installons sur place les usines de transformation les plus gourmandes en électricité ? L'aluminium ? Les industries des Terres Rares ? De l'hydrogène liquide, pour les voitures encore ? Ou alors construisons là bas les accélérateurs de particules géants si gourmands en énergie et dont la communauté scientifique internationale a tant besoin ? Et, pourquoi ne pas installer des sortes de pipe-lines pour liquide supraconducteur et y transporter le courant sous haute tension et sans déperdition vers les zones de forte consommation, à des milliers de kilomètres de là ? ça ne coûterait qu'en surcroît d'énergie éolienne, un coût somme toute marginal.

Mais faisons plutôt appel à nos créatifs ! Rappelons-nous que c'est toujours par manque de créativité que les combats sont perdus. Et c'est bien d'un combat dont il est question. "L'aventure rend tout possible : nous pouvons compléter la nature, multiplier la diversité de l'homme, raisons d'être et d'agir, et semi-gâteux, sous-hommes, sont ceux qui ne se posent pas les questions à partir desquelles on évolue, on progresse…" soulignait Arnold Kaufman dans son Inventique. Et "si quelqu'un n'est pas concerné, qu'il se pince jusqu'au sang pour savoir s'il est encore vivant" disait Michel Fustier. Suivons aussi Bernard Zimmern qui, bien que polytechnicien à l'esprit très méthodique, dit et répète, contre ceux "qui pensent enserrer l'avenir dans une planification très comptable" qu'"il n'y a pas de bon développement sans désordre". Teilhard de Chardin, dans "l'Avenir de l'Homme", n'y ajoutait que le fait religieux, "la Grande Option de l'homme au 20ème siècle" qui fait que "l'avenir tout entier de la Terre et de la religion semble dépendre de l'éveil de notre foi dans l'avenir".

La guerre qu'il faut faire

Les gouvernements sont-ils encore capables de tenir le rôle de décideurs de l'avenir ? Depuis bientôt un siècle, c'est-à-dire depuis les prémices de la première guerre mondiale, des centaines de milliards de dollars ont été dépensés pour la créativité guerrière, pour la prévision stratégique militaire, pour les armements innovants, pour la productivité du soldat au combat, pour sa subsistance et pour sa survie. Et c'est souvent à partir des découvertes militaires et des besoins exprimés pendant les guerres que sont apparues les grandes innovations qui inondent aujourd'hui les marchés de consommation, ceux auxquels on donne souvent le qualificatif de hi-tech comme les sondeurs de nos bateaux de plaisance, les écrans plats de nos home-cinémas, les textiles hyper-résistants comme le kevlar ou le goretex pour nos randonnées en montagne, mais ceux aussi auxquels personne ne donne ce qualificatif : Liebig n'a-t-il pas fait ses potages et cafés lyophilisés pour soutenir les carcasses des poilus de 14-18 ? Un parmi des milliers ! Alors, nos gouvernants choisiront-ils de gagner la guerre de l'énergie ? Oui, faisons-la cette guerre !