Comment ressentez vous le fait de recevoir une lettre émanant de votre centre de contrôle automobile, vous invitant à faire vérifier l’état de votre véhicule avant telle date ? Ou encore, une autre lettre, émanant celle là, de votre centre de sécurité sociale, vous demandant de remplir un formulaire « assommant » ?

 A la réception de ce genre de lettre, c’est là que l’on réalise à quel point « le temps passe vite »… Parce que l’évènement par lui-même (et ce qu’il implique pour nous de faire par obligation) est, dirais-je, d’un pragmatisme sans magie, sans une once de rêve dans son aspect, routinier, tracassier…

Nombre de nos braves concitoyens cependant, réagissent en face de ce genre d’évènement comme les élèves d’une classe dans une école de la normalité, du « sens du monde », du bien fondé des lois et des usages (et de toutes sortes d’obligations, de contraintes)… Où la vertu première est la résignation, l’obéissance (et cela bien entendu « sans se poser de questions », sans faire la moindre « philosophie »…

De surcroît, la peur de la punition gèle toute velléité, toute initiative personnelle visant à remettre en cause le sacro saint « principe »…

Assurément il y a dans cette école, des premiers de la classe, des « fayots » à dire cru et vrai ! J’ai parfois envie de bien m’en moquer, de ces premiers, de leur faire un pied de nez, et même, pipi dans leur cartable !

J’aurais donc tendance à « cancréïser », à ne point rendre ma copie, au risque d’être puni, de devoir écrire cent fois « Je ne bavarde pas en classe »…

 Dieu merci, mes très chers parents ne m’ont pas aiguillé » vers les leçons de catéchisme qui, en ce temps là, étaient dispensées le jeudi matin.

 Et que dire de ces rédactions « bêtes comme chou », genre « racontez vos dernières étrennes », que l’on nous imposait à longueur d’année scolaire !

Cette école de la normalité qui, dans les années 50 du siècle dernier, nous formatait « travail, devoir, égalité, fraternité » faisait encore de nous, bons ou mauvais élèves, des hommes et des femmes…

J’ai bien peur que l’école de la normalité des années 10 du siècle présent, qui nous formate désormais « travail/training/jeu de rôle/forcing/exécuting/boulot/télé/dodo/tais toi et prends les sous qu’on te donne/paye et si ça va pas, fais le 08 892 tatata »… fasse de nous des « humanuscules ».

Je descendrais bien dans la rue, j’adhèrerais bien à des associations de résistance, je signerais bien des pétitions… Mais je préfère l’écriture et je rejoins de tout cœur les poètes, les chanteurs, les musiciens, les artistes de tout Art, qui ont choisi d’être les « mauvais élèves » de la normalité…

     Le contrôle de l’état des véhicules ? Ce n’est pas que je sois résolument contre… Mais il y a peut-être dans les normes dites sécuritaires, des points « à discussion »… En voici un : La fermeture/ouverture automatique par commande électronique, de la vitre côté conducteur ou côté passager.

Les véhicules neufs aujourd’hui, ne sont plus équipés de poignées (à l’avant) aux portières afin de fermer ou d’ouvrir manuellement la vitre. Si le système électronique a une défaillance et que l’une de ces vitres, celle du côté du conducteur par exemple, est perpétuellement fermée, il n’y a plus alors qu’à ouvrir la portière pour payer son essence avec la carte bancaire, ou régler le péage de l’autoroute… Ou tendre son permis et sa carte grise au policier qui vous contrôle. Peu pratique certes ! Il vaudrait mieux se rendre chez son garagiste et faire effectuer la réparation. Mais le garagiste lui, vous répondra qu’il faut revoir tout le système électronique, immobilisera votre voiture durant une semaine… Et bonjour la facture !

Alors, non au point de contrôle « capital » pour la fermeture automatique de la vitre ! Cela fait un an que je roule avec ma portière avant côté conducteur fermée, et je ne m’en porte pas plus mal ! A travers cet exemple je démontre à quel point la normalité nous impose ses fonctions automatisées sur lesquelles les êtres que nous sommes ne peuvent plus intervenir librement.

 J’abomine cette normalité, et si je dois la subir je ne lui dis jamais « merci » et encore moins « amen » ! Cette normalité, je lui suis infidèle, peu amène, irrévérencieux et si je puis m’y soustraire, j’en suis fort aise !