Le Blog du Merdier

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi, mars 27 2008

été 1997 suite


        Anniversaire de mariage sur la plage, à St Girons, Landes, côte Atlantique, le samedi 9 Août 1997

    Dans la Haute Lande, le thermomètre affiche 34° à l’ombre. Il n’y a pas un souffle de vent et l’air est humide, pesant…
S’il y a des mariés du 9 Août –et il y en a, sûrement—dans la Haute Lande, en Chalosse ou dans le Bas Armagnac, le jeune marié doit cuire dans son jus, en costard, chemise, cravate et pompes cirées.
A l’église on nous apprend que « c’est pour le meilleur et pour le pire »…
Comme si la fidélité pouvait être une vertu avant d’être un choix !

De l’autre côté du chemin

    S’il me suffisait de passer de l’autre côté du chemin pour que change la vie des êtres qui me sont chers, et qu’ainsi passe et agisse en eux ce « bleu de mon ciel » qui leur pourrait être salutaire… Je n’hésiterais pas. Encore me faudrait-il surmonter la peur du « passage » et surtout, la peur de les laisser seuls sur le chemin (à ce sujet d’ailleurs, cette peur là n’en est plus une du tout lorsque je pense à tous ces êtres qui en aucune façon n’ont réellement besoin de moi). La peur de laisser l’autre seul donc, est une peur d’autant plus grande que cet « autre » n’a pas beaucoup d’autre dans sa vie…
 Ce que je n’ai jamais réussi à changer en demeurant sur le chemin, comment pourrais-je prétendre à le changer en quittant le chemin ?
Je ne mourai donc point de ma propre main, à moins que mon existence ne devienne un enfer pour les autres.
Sur le chemin, ou de l’autre côté du chemin, à quoi sert-il d’être bon si l’on ne fait pas le bien ? Le monde est peuplé de gens qui, sans être forcément bons, font du bien… C'est-à-dire qu’ils changent réellement la vie de quelques personnes qu’ils rencontrent.
Est-ce que mes pensées, mes réflexions, le « bleu de mon ciel », est-ce que les mots que je peux dire, ont eu jusqu’à ce jour ce pouvoir que je leur conférais avec autant de sincérité ?
Non seulement cela n’a rien changé mais cela ne m’a pas même servi moi-même !
Quelle absurdité que ce ciel immense qui ne sert pas à grand-chose ! Etre bon sans avoir fait le bien c’est l’une des définitions de l’enfer ! L’on peut aussi définir l’enfer par la privation de la présence et de l’esprit de ceux que l’on aime (pour un croyant, l’enfer est la privation de l’amour et de la présence de Dieu).
Même si l’on est bon –au point même de se croire meilleur—et seulement bon, alors la présence, l’affection et l’esprit des êtres chers tout au long de notre vie… Ou dans des « segments d’existence », ne sont qu’un « chocolat glacé » qui te reste dans la main tant qu’il n’est pas fondu.
J’ai eu, oui, un « grand ciel » ! Mais à dire vrai, quel bien réel ai-je fait ?
Passer de l’autre côté du chemin, c’est y trouver de cet autre côté, ce que l’on a été sur le chemin, ni plus ni moins… [Août 1997]

        La mécanique céleste

    Un extraterrestre m’a dit « Vous avez eu Papon et Philippe Tétard, entre autres spécimens de votre espèce… »
Je lui ai répondu en baissant la tête que j’appartenais  à l’espèce humaine…
L’extraterrestre est reparti dans les étoiles…
Combien de mondes a-t-il visité, l’extraterrestre ?
Et la « mécanique céleste » tourne, tourne…Indéfiniment. Avec l’impuissance de tous les radio télescopes de toutes les humanités…[Août 1997]

 
        Le ciel qui brûle

    Ton ciel brûle et fait des étoiles ; la terre sous tes pieds s’entrouvre et fume… Tu baisses les yeux pour ne plus voir ton ciel.
Mais le ciel est toujours au dessus de ta tête et il s’allume tout seul !
Tu piétines les cendres qui fument sous tes pieds… Mais le feu dans la terre ne s’éteint pas.
Et cependant aucune porte ne s’ouvre toute seule. Et rares sont les mains et les regards qui te cherchent…
Et tu dis alors : « j’avancerais plus facilement avec une bassine retournée sur ma tête, qu’avec ce ciel qui brûle en moi »…[Août 1997]


        Le marché de Périgueux

    Comme dans le « Grand Bleu », j’aimerais descendre en apnée jusque dans le fond de la mer humaine de ce marché d’été : il y a peut-être des dauphins là aussi !
[Marché de Périgueux, mercredi 13 Août 1997]


        Rêve fou, fou…

    Un homme vieux, malade, pauvre, peut-être même infirme et difforme dans un fauteuil roulant, ni poète ni musicien, ni peintre ni philosophe et n’ayant jamais su rien faire de sa vie… souverainement régalé par une femme jeune, belle, chic, gentille et riche…
L’impossible ne peut-il être rêvé ?
La Beauté, toute gonflée d’amour, riche de tout ce dont elle s’habille, s’approchant doucement de la laideur la plus laide et la touchant, la léchant de petites flammes très douces ; libérant dans les veines desséchées de la laideur si laide, toute la sève de la laideur et la faisant trembler, ivre d’un absolu bien être…
…La laideur la plus laide et la plus solitaire qui n’a jamais reçu sur la moindre parcelle de son épiderme, la plus petite goutte d’amour…[Août 1997]


        L’être social et l’être « autrement »

    L’être social qui est en nous, communique plus facilement avec le monde parce qu’il s’adapte aux règles et qu’il a des repères…
Mais l’être irrationnel qui est en nous, communique difficilement et même parfois pas du tout… Il y a en lui, en cet être là, différent de l’être social, une singularité que la règle ne prend jamais en compte. Aussi ne lui reste-t-il, à cet être là, pour communiquer, que des signes, des signes de lui seul…[Août 1997]

 
        Pierre et Jean

    Il était une fois Pierre et Jean.
Pierre appréhendait le monde en maître de maison au jugement sûr, en conducteur d’une puissante et confortable automobile. Sa carte de crédit était un mot de passe universel, même si, à l’occasion, son compte se trouvait à découvert…
Jean, lui, appréhendait le monde tel un skieur de fond qui n’aime pas la neige et ne sait pas bien s’arrêter. Il n’a ni automobile ni jugement sûr… Son compte n’est jamais à découvert, et le fond de son ciel non plus d’ailleurs… Mais sa carte de crédit ne « passe pas » : trois, quatre fois retournée, elle est le plus souvent refusée.
Ainsi va le monde : il y a Pierre ; il y a Jean…[Août 1997]


        Pas meilleurs loin de là…

    La mort ne nous rend pas meilleurs que nous avons été dans la vie… C’est l’inéluctable, l’inacceptable, pour les êtres que nous sommes, hantés notre vie durant par le spectre de cette mort venant, qui nous fait découvrir au dessus du cercueil, toutes ces qualités que le disparu avait, de son vivant…
Lorsque nous étions, on ne nous a presque jamais dit le meilleur de nous… Et si l’on nous l’a dit, c’était pour en user, en tirer parti, de ce « meilleur »… Comme on tire le lait d’une vache pour le boire ou en faire des fromages.[Août 1997]


        Sur une carte postale de vacances, fin juillet 1997

      Aline, Marie-Thérèse, Doriane et les Autres… Bonjour le Groupement Postal des Brimbelles, et splatch ! Une très grosse vague blanche sur vos visages ! J’aimerais vous dessiner l’enchantement de ce rivage traceur de routes nouvelles !
Mot de passe à jamais périmé : « Ravage ».

Évaluer ce billet

0/5

  • Note : 0
  • Votes : 0
  • Plus haute : 0
  • Plus basse : 0

été 1997


Un jour de juin 1997, sous le tilleul de la place de l’église, à Saint Dié.

    « On ne s’égare jamais si loin que lorsque l’on croit connaître la route »… Tel était le sujet sur lequel je devais m’exprimer le 17 novembre 1966 dans une salle de concours à Mont de Marsan, pour entrer à la Poste.
    En fait je m’étais déjà engagé sur une route où, de part et d’autre, jusqu’à l’horizon, ne poussaient que des « Pourquoi ». L’on m’avait déjà expliqué qu’il existait une route, la route de tout le monde, la route « normale », tout au long de laquelle se succèdent des points de repère. On me le dit encore aujourd’hui.
Cependant, à ce tournant de la vie qui est le mien en ce moment, celui de l’âge de quelques certitudes très fortes et d’une « vision du monde » conforme à ce qui doit se croire et se savoir ; aucun de ces points de repère n’a jamais été pour moi une réponse à ces nombreux « Pourquoi », qui maintenant je le sais, poussent aussi au-delà de l’horizon.
C’est peut-être pour cela qu’ en dépit de ce que je vis en moi et qui pèse si lourd parfois, au plus profond de cette solitude qui est celle de l’être égaré dans les galeries de son terrier, j’ai tout de même l’impression de ne m’être jamais aventuré assez loin pour croire connaître la route. C’est peut-être quand on se demande toujours et encore pourquoi, que l’on commence à avancer, non pas vers ce qui peut nous rassurer parce que c’est commode, mais vers ce qui n’est pas saisissable et pourtant réel.
Les points de repère que l’on nous impose et qui semblent « couler de source » ne sont pas des  réponses satisfaisantes : ils ne sont que des points d’appui sur des bornes ou des poteaux jalonnant ces chemins de certitude immédiate…

Et quelques jours plus tard :

    Si tu n’existes que par la trace des visages qui te sont chers et ne suis que la trace de ces visages, le souvenir de leurs regards, n’espérant et n’attendant que l’existence de ces visages là ; c’est comme si tu vivais dans un pays dont tu ne connaîtrais que les lieux où l’on parle ton langage, où l’on y a ton esprit, où l’on y a les mêmes rêves que les tiens…
Dès que tu quittes ces lieux, dès que se perd  la trace de ces visages familiers ; lorsque tu rencontres des regards différents, que tu entends d’autres mots, alors tu entres dans l’errance, l’interrogation, la crainte, l’inconnu… Et tout de même aussi l’espérance car tout autour de toi à la vue de ces nombreux visages qui te semblent étrangers, tu ne peux que reconnaître l’ existence de chacun de ces visages…
Si tu peux entrer dans la trace de ces visages là comme on entre dans  une source, l’errance prend fin… Là où l’on ne parle plus la même langue, là où ton esprit n’a plus cours, il est aussi un chemin, une vie…

Évaluer ce billet

0/5

  • Note : 0
  • Votes : 0
  • Plus haute : 0
  • Plus basse : 0

samedi, janvier 26 2008

Retour d'écriture...


...Après un "vide" (relatif) de quelques mois...

    Les pages qui vont suivre sont un ensemble de documents divers. Textes, réflexions, anecdotes, récits, histoires, contes… En cette année 1996 s’ouvre une nouvelle période d’écriture. Je repars ainsi à l’aventure, comme faisant voile vers le milieu de l’océan, guidé par les étoiles, espérant un jour atteindre une « Terra Incognita ».
    Prenez un Atlas, ouvrez le à la page de l’Afrique, regardez l’extrémité de la Mer Rouge et le Golfe Persique. Dans l’Antiquité, avec l’océan Indien, tout cela était la mer Erythrée. Les deux plaques de l’Asie et de l’Afrique, aujourd’hui s’éloignent : un nouvel océan est en train de naître, l’océan Erythréen. Dans quelques centaines de millions d’années, la Terre n’aura plus le même visage…
Imaginez donc cet océan immense : l’océan Erythréen, entre deux continents aux contours différents.
    Mon bateau coulera… C’est bien le sort de tous les bateaux, non ? Mais, dans un million d’années, il y aura peut-être encore des humains, de part et d’autre de l’océan Erythréen, des plantes, des animaux, des oiseaux, des insectes…
L’Histoire se reconstituera, les civilisations passeront et renaîtront de leurs cendres.
    La vie est une drôle d’expérience, et en cet été de fin de siècle, j’avoue humblement que je ne sais plus très bien où j’en suis, précisément, de cette si drôle d’expérience. A dire vrai, je ne me sens guère plus avancé que lorsque j’étais, autrefois, un tout petit enfant.
Les points de repère sont toujours aussi flous, les frontières imprécises, les interrogations encore plus vives. Je n’ai pas choisi de port, ni de pays, ni de religion, ni de philosophie, ni de drapeau, et ma destination je ne la connais pas vraiment.
L’une des seules réponses possibles, serait-elle dans la RELATION ? En dépit de tous les supports qui la soutiennent et qui la font exister entre les gens, elle est encore un monde à explorer, un univers en lequel on ne peut évoluer vraiment que si l’on parvient à s’arracher à l’attraction dont on est prisonnier : ce poids énorme, cette gravité, cette densité de l’intérieur de nous-mêmes. Est-il possible d’en devenir moins dépendant, de ce « terrier » aux galeries inextricables ?
    Dans cette traversée de l’existence, ce qui m’aura finalement le plus étonné, et sans doute le plus bouleversé, c’est cette incapacité du meilleur de nous-mêmes à changer la vie que nous vivons… Et celle des personnes que nous aimons.

Évaluer ce billet

0/5

  • Note : 0
  • Votes : 0
  • Plus haute : 0
  • Plus basse : 0