Le Blog du Merdier

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Evènements littéraires...et autres

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lundi, janvier 12 2009

Leur parole et leur voix

 

     Brel, Brassens, Ferré... Le samedi 10 janvier 2009, ou plus exactement le dimanche 11 à 1h 05 sur France 3... L'on peut dire que ce fut un évènement sur la planète de Radio France Télévision! Même si cet évènement était en réalité une commémoration.

Le 6 janvier 1969, nos trois compères réunis, c'était et cela devait devenir la photo mythique de la seconde moitié du 20ème siècle... Peut-être pas aussi mythique que les pas du premier humain sur la Lune le 21 juillet de la même année, mais mythique tout de même...

Documents, enregistrements, images d'archives... Leur parole, leur voix, leurs visages...

Les “trentenaires” et autres générations d'aujourd'hui, en particulier les nouvelles générations d'après le mur de Berlin, celles qui entrent dans le 21ème siècle, habitent dans des pavillons de quartiers de grandes villes ou dans des espaces ruraux urbanisés, regardent plutôt sur Antenne 2 le samedi soir “On est pas couchés”, le “clone” un peu relooké de “Tout le monde en parle”...

Il n'y a plus de mythes... Ce sont les modes, les engouements, les constellations de “People”, d'intellectuels branchés et de formation universitaire, qui ont supplanté les mythes...

Et de ces constellations il en explose en gerbes de toutes les couleurs dans un ciel de fête foraine bruyante et permanente.

Sur le Net et sur toutes les scènes publiques autant qu'à la télévision, éclatent désormais en faisceaux arc-en-ciel de lumière des visages peints et des silhouettes qui transent dans des déguisements étranges... Et les paroles, les voix ; sont des cris, ou des langages de ghettos, ou parfois, de la poudre à feu autorisée par les artificiers des tribunes officielles...

Les “refaiseurs de monde”, les intellectuels branchés tenant colloques, salons et cafés scènes, les chanteurs d'un été ou d'un jour... Sont en outre relayés, “tirés à la brouette”, ou devancés par toutes sortes de constellations de blogosphères ou de forum-sphères poussiérant à l'infini sur la Toile...

Le Net au début du 21ème siècle, est comparable à la naissance d'un univers, à une sorte de “big bang” : les systèmes stellaires ou planétaires n'auront leurs orbites, leurs espaces définis et leur rayonnement, que dans l'avenir... En attendant les “mythes” ne sont dans cette “ovulation” cosmique, que poussières fulgurantes éparpillées ; poussières d'une autre dimension peut-être, que la dimension d'avant ou d'après le “big bang”...

Devant le petit écran de la Télévision le samedi soir dans les pavillons de banlieue, dans les constellations de blogosphères et de forum-sphères, les “mythes” sont invisibles ou apparaissent anachroniques ou “hiéroglyphiques”, tout à fait fortuitement par “zapping-bricolage”...

Brel, Brassens, Ferré... C'était de la parole, de la voix ; et cela “prenait aux tripes”... Et l'on ne “zapping-bricolait pas”, ce qui “devait être” était ou finissait par être... la “compète” a changé de dimension. La “compète” n'est même plus tout à fait une “foire d'empoigne”. La “compète” n'a plus de règles, plus de “morale”, plus de vertu bienfaisante, plus de qualité, plus de défaut : elle est aussi insipide qu'un plat cuisiné sous cellophane dans les rayonnages d'un super marché géant... Mais elle fait encore et toujours plus courir parce que, dit-on, martèle-t-on, “ça sera mieux et moins cher et que peut-être, avec un peu de chance, tu vas gagner le yoyo!”

Les mythes ont disparu, ils ont émigré ou “chrysalidé”... Mais putain, qu'est-ce qu'il y a comme mites et termites!

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samedi, janvier 10 2009

Exposition Emil Nolde

     Je viens de découvrir une galerie de photos (ce n'est qu'une présentation) de quelques oeuvres de Nolde... [ exposition Emil Nolde, au Grand Palais à Paris, du 25 sept 2008 au 19 janv 2009]

http://www.evene.fr/culture/agenda/emil-nolde-25634.php?photo

Et je vous invite, si le coeur vous en dit, à jeter un coup d'oeil sur ces toiles (en photos seulement)... Et aux Parisiens s'il est en est parmi vous, à vous rendre à cette exposition...

... Mon impression première : "c'est sublime"! J'aime beaucoup "petits nuages d'été" (sur l'océan) : ça me fait penser à ce détroit situé entre le sud de l'Australie et la Tasmanie, aux eaux si tourmentées sous une latitude médiane australe, où affleurent des récifs, où hurle en permanence un puissant vent d'ouest, où portent ces courants de la convergence Antarctique... Sous un ciel chaotique, ce ciel qui doit certainement être celui de l'été austral, chargé de nuages sombres aux contours rocheux..

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vendredi, décembre 12 2008

Pour un site d'aide à l'écriture...

Calista Editions, un site d'aide à l'écriture
http://www.calista-corrections.com



      Aujourd'hui bon nombre de personnes souhaitent, tout comme elles choisissent et classent des photographies dans un bel album, réaliser le journal de leur vie ou faire un livre d'anecdotes, de souvenirs...
Mais à cette fin, il faut nécessairement que le récit soit "bien écrit", qu'il intéresse, qu'il ait une bonne présentation... Exactement comme un bel album de photos que l'on ne jettera jamais au feu, que regarderont dans
dix, vingt, trente ans,les petits enfants, les arrière petits enfants et sans doute d'autres personnes de la famille, amis et connaissances d'une nouvelle génération...
Il est certain que "l'oeil exercé" d'un correcteur peut et doit apporter une aide indispensable...
Il n'est pas certain que la personne désirant écrire le journal de sa vie ou faire un livre d'anecdotes et de souvenirs, envisage d'envoyer par la poste à un "grand éditeur" sous la forme d'un manuscrit, son oeuvre personnelle... Ou même de faire éditer cette oeuvre "à compte d'auteur" dans l'espoir d'une diffusion en centaines ou milliers d'exemplaires, et qui ainsi, serait portée à la connaissance de nombreux lecteurs...
C'est donc pour répondre à un besoin plus général et plus naturellement répandu, que l'existence d'un site de correction et d'aide à l'écriture, dont la spécialité est d'apporter une aide réelle et efficace, s'adresse à toutes ces personnes qui écrivent "des choses personnelles, intimes, émouvantes" qu'elles souhaitent "bien présenter"... (comme un bel album de photos par exemple)
La plupart des gens qui écrivent dans l'espoir de devenir un auteur connu et lu, ne font pas vraiment appel à un site d'aide à l'écriture dans le sens qui conviendrait... parce que ces "écrivains" là (ces personnes désirant devenir des écrivains) souhaitent en réalité être "encensées", "cajolées", qu'on leur dise "c'est bien"... Et, inévitablement accueillent les critiques, les corrections, les conseils... avec une sorte de méfiance contestataire...
Par contre, ce sont celles et ceux qui veulent "laisser quelque chose qui tienne la route" dans leur entourage, leur famille, à l'intention de leurs descendants... Et qui ont l'émotion, l'envie de dire, se rappellent, savent situer dans le temps et selon les lieux... Mais ne savent pas trop "comment tourner" tout cela, et font "comme ils peuvent"... Qui ont vraiment besoin de l'aide que peut leur apporter un site de corrections et d'aide à l'écriture.

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samedi, août 23 2008

Les vivants et les morts, de Gérard Mordillat

Les vivants et les morts, de Gérard Mordillat

     “Les vivants et les morts”, de Gérard Mordillat... Voilà un livre que toute personne salariée d'une entreprise privée ou publique, devrait lire.

L'auteur ne “fait pas dans la dentelle” par ce livre de huit cents pages pouvant se lire en trois jours ou même moins...

Nous sommes là dans une réalité crue et nue, du monde du travail. Il me paraît bien difficile de contester, ou de ne pas être d'accord avec ce que présente Gérard Mordillat dans ce récit, tant la vérité s'impose d'elle même.

Nous savons tous, en fonction de notre expérience personnelle, de ce que nous avons vécu, ce qu'est le monde du travail, de l'entreprise, des affaires... Mais en lisant “les vivants et les morts” de Gérard Mordillat, c'est comme si 'on pénétrait dans la salle des machines de ce “bateau-planète” qui emporte femmes, hommes et enfants dans ses flancs et sur ses ponts, puis finit par les rejeter tels des ballots dont les capitaines n'ont que faire, le long de rivages nus et rocheux d'îles perdues...

Absolument effrayant... Et vrai, ce qui se passe dans la salle des machines! Et les commandes n'y sont pas! Les commandes sont ailleurs, très loin des ballots déchirés ou crevés abandonnés sur les rivages rocheux des îles perdues! Les commandes sont sur d'autres îles, des îles-forteresses bâties de palais somptueux, creusées d'abris coffres-forts...

Comme nous sommes loin, avec “les vivants et les morts”, des productions mélodramatiques et sirupeuses de toutes ces “collections de littérature de gare”, ou même de ces auteurs “amusants, gentillets et émouvants” de romans de terroir!

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dimanche, octobre 14 2007

La planète en mal d'énergies



            Ce brave « toutou » que l’on aperçoit, tout seul, assis entre deux baraquements, « dénote » un peu, au beau milieu de cette « foire » qu’est le festival international de géographie à Saint Dié des Vosges… D’un côté l’espace François Mitterrand, bâtiment d’architecture ultra moderne ou se tient le salon de la gastronomie ; et de l’autre côté de l’allée (où personne ne passait à ce moment là) ces baraquements, vus de l’arrière : des chalets aménagés pour de la petite restauration ou pour du commerce de produits de terroir…

Devant le bâtiment ultra moderne, et dans l’allée située entre les chalets, il y avait « un monde fou », à cette heure de midi. Mais du côté du toutou, c’était le désert… Tout seul, le toutou !... Comme la Terre dans le vaste univers et dans l’expérience unique et solitaire de son existence éphémère… Comme la vie en nous que nous vivons au milieu de la foule, des bruits de voix et de la mouvance, de la grande mouvance de l’humanité en marche…

            Le « catastrophisme » n’est-il pas, par lui-même et donc, par les comportements qu’il induit, responsable des catastrophes qui surviennent ? D’autant plus que ce « catastrophisme » est organisé, médiatisé et présenté comme une « religion nouvelle » dans un monde où l’on ne croit plus en rien (à l’exception de l’Argent) ?

« La planète en mal d’énergies »… Ou si l’on veut, en France en 2007, un « Grenelle de l’Environnement » ?

N’y a-t-il pas là, en effet, une « religion » censée nous rassembler tous ensemble dans cette idée très actuelle de  croissance économique  compatible avec le respect de notre environnement naturel ?

Le nucléaire… Par exemple, dont on nous a tant débattu, dans ces conférences lors de ce festival… Le nucléaire qui, selon les experts, les partisans, les « nouvelles technologies plus sûres », serait « la solution » (combinée avec les énergies renouvelables)…

Mais pour Tchernobyl (où l’on n’avait pas la technologie d’aujourd’hui) nos gouvernements, nos scientifiques, nos « décideurs économiques » nous ont menti à l’époque.

Alors, comment « leur » faire confiance, avec ces « nouvelles technologies » qu’ils nous présentent, dont ils nous expliquent qu’elles sont « sans risque »…

            Pour ce « FIG » version 2007, sur un thème aussi grave, celui de la planète en mal d’énergies… En fait, en mal général de réchauffement climatique, de pollution atmosphérique et de ce « toujours plus » de profit, de croissance, de recherche d’un modèle économique calqué sur les pays les plus « développés »… Je vous invite à prendre connaissance des articles, textes de conférences, sur http://fig-st-die.education.fr/  (il y a là en effet, tous les thèmes, toutes les conférences et tables rondes des dernières années, et bien sûr de 2007)

            Ce qui m’a cette année le plus interpellé, c’est ce film de Jia Zhang Ke, un réalisateur Chinois : « Still Life »…

Une ville du Fengié est en partie engloutie (construction d’un barrage), et l’autre partie de la ville est en démolition. Arrivent dans cette ville des personnages brisés par leur vie amoureuse. L’on voit des milliers de gens sur les chantiers de démolition, armés de masses et de pics, gagnant 50 Yuans par jour (une misère)… De part et d’autre de l’immense vallée où vivent 20 millions d’habitants, s’échelonnent des kilomètres et des kilomètres de rangs d’immeubles gris, sans architecture définie (comme des « cages à lapins », de 10/15 étages, à perte de vue… Un paysage en perpétuel bouleversement, le paysage du barrage des Trois Gorges.

Je me suis dit : « Et comment sera le monde lorsque tant et tant d’humains, tant de villes et de constructions sans fin, engloutiront les paysages ? »

Je nous vois nous, actuellement, en Europe, avec nos jolies maisons fleuries, nos beaux petits lotissements bien arrangés, nos tonnes d’eau à gogo, nos bagnoles, notre confort, nos vacances, nos voyages organisés, tout ce qu’on bouffe, tout ce qu’on consomme, toutes ces cartes de crédit dans notre portefeuille… Et, d’une manière générale, tout ce dont on jouit… Par le travail de forçat de millions de gens sous alimentés, sans eau, sans électricité, qui vivent à 15 dans 6 mètres carrés !

Et l’on voudrait (pour se donner bonne conscience) que tous ces millions de millions de gens arrivent à vivre comme nous !... Sans rien partager, sans rien remettre fondamentalement en cause (de tout ce dont nous jouissons)… Comment cela pourrait-il être possible ?

La Terre « pètera »… Hélas !

En attendant, nous vivons dans la nouvelle religion du catastrophisme médiatisé, et nous chantons dans nos églises Chrétiennes les jours d’enterrement, de mariage, de Pâques : « cela est juste et bon » !


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jeudi, juillet 5 2007

Souvenir d'une nuit de l'écriture à Lesperon, dans les Landes

Je me souviens de ce jour, le 9 septembre 2000, où la FALEP, un organisme culturel dans le département des Landes, organisait « la nuit de l’écriture »… Au « moulin de Carremonge » à Lesperon.

Aujourd’hui dans les Vosges, ce 9 septembre est aussi beau, aussi bleu et aussi chaud que ce samedi 9septembre 2000 dans les Landes. Et la nuit qui s’annonce, si elle ne sera pas celle de l’écriture, aura la même lune, la même douceur, un ciel aussi étoilé, et elle ressemblera, comme celle qui enveloppait le moulin de Carremonge, à ces nuits d’Algérie que j’ai connues dans mon enfance.

La commune de Lesperon eut un grand mérite, à mon avis, cette année là, de recevoir sur son territoire et avec le soutien de sa municipalité, les responsables de cette manifestation littéraire. Le comité des Fêtes se mit « en grands frais », tant pour la publicité que pour l’intendance, l’organisation, la buvette, le buffet…

Lorsque l’on sait que la commune de Lesperon mise tous ses espoirs sur l’équipe locale de Rugby (qui fut champion de France en 1999)… et mobilise l’essentiel de son activité autour du rugby, on peut dire que le mérite d’avoir accueilli cette manifestation littéraire est d’autant plus grand. Contre toute attente, cette « nuit de l’écriture » eut encore plus de succès que les années précédentes en d’autres communes des Landes… Il est vrai que la nuit était fort belle et tiède comme une nuit de juillet quand souffle le vent d’Afrique.

Un énorme « 4X4 » pleins phares allumés, au carrefour de la route de Linxe et du chemin menant au moulin, arrosait de la lumière de ses yeux de géant, l’entrée du chemin chaotique entre des buissons épineux.

Le moulin, transformé en quartier général, et dont les pièces habitables étaient occupées par des tables, des ordinateurs et des machines à écrire ; faisait également office de lieu d’accueil. De jeunes et jolies demoiselles, des femmes très bien habillées au visage typé, recevaient les participants et les spectateurs avec gentillesse et émotion…

Tout autour du moulin avaient été aménagés des ateliers d’écriture : une table ronde recouverte de papier blanc, quelques chaises de jardin, un grand pot à résine empli de sable avec des bougies plantées dedans, et des crayons et du papier…

Nous fûmes conviés, à chacune des tables de participants, à lire les sujets proposés, et nous pouvions, individuellement ou en groupe, écrire sur le sujet choisi, un texte d’environ deux grandes pages.

Puis nous attachions nos feuilles enroulées autour d’une branche à proximité…

Les œuvres, une fois rassemblées, étaient examinées par un « comité de lecture », puis, pour certaines d’entre elles, enregistrées sur des fichiers informatiques. A cet effet « pianotaient » sur des claviers d’ordinateurs, de jeunes bénévoles.

Le destin de ces textes était de servir un jour à des artistes ou à des comédiens qui s’en inspiraient pour créer des spectacles, des pièces ou des sketches. Ces artistes et ces comédiens étant ceux de « Chantons sous les Pins » ou de troupes sous l’égide de la FALEP. Et le « clou de la soirée », après l’épreuve de rédaction, c’était la lecture des meilleurs textes sélectionnés par le comité de lecture. L’on s’asseyait alors, en cercle, autour de la personne chargée de lire les textes à haute et intelligible voix.

Je vous fais grâce des applaudissements.

En cet été là, je demeurais dans le logement de fonction de la Poste, à Lesperon, depuis le 1er février 1999 date à laquelle je suis arrivé dans le département des Landes pour y vivre les six dernières années de ma « carrière » professionnelle… Lors de ces jours de septembre particulièrement beaux et chauds, je recevais Roger Darmon, l’homme qui fut durant 23 ans le compagnon de ma mère décédée le 26 Août 1984.

Roger, à ce moment là, venait de terminer une cure à Dax, et avant de regagner Perpignan où il demeurait, il a donc passé quelques jours chez moi. Et ce soir du 9 septembre, je lui ai proposé de m’accompagner à la « nuit de l’écriture ».

Je dois préciser que mon invitation pouvait lui paraître totalement inintéréssante : en effet Roger n’a jamais été de sa vie un « littéraire » ! Il est né le 7 janvier 1919 à Berrouhaguia en Algérie, et quand il a passé sa 3ème partie de BTS, il avait obtenu 20/20 en dictée, 20/20 en maths, 20/20 en Sciences… mais 1/20 en composition française ! Le sujet ne l’avait pas du tout inspiré ( c’était sur la mode ). Champion en orthographe et en grammaire, il détestait cependant développer des idées, réfléchir sur des sujets de philo… C’était un homme d’action, de communication (de « tchatche »)… Il ne fallait pas le « bassiner » avec des « grandes idées » et des discours !

Sa voix, avec son accent d’Algérie, résonne encore dans ma tête, trois ans après sa disparition, le 8 février 2003 à l’âge de 84 ans.

A sa façon, je peux dire que Roger fut un « monument » ! Il avait une manière de s’exprimer, tout en images, en anecdotes, et très humoristique ! Et c’est vrai qu’avec un tel personnage, l’on n’avait pas besoin de s’appesantir sur des états d’âme : il avait tout compris par le regard et par la voix, par le geste, par la tête que t’avais… avant même que tu aies commencé d’expliquer ! Et avec cela, toujours le mot pour rire ! Avec lui, on ne s’ennuyait jamais ! Avant notre départ d’Algérie le 22 mai 1962 (j’avais 14 ans), Roger exerçait le métier de directeur d’école d’un groupe scolaire à Baraki (banlieue d’Alger).

Je fus donc très étonné qu’il accepte de m’accompagner à la nuit de l’écriture !

En fait, il s’est inscrit comme moi, en tant que participant, on lui a remis des feuillets, nous avons pris place à une table ronde sous la lueur de la bougie, et, chacun de notre côté nous avons « joué le jeu »…

Je n’étais pas particulièrement inspiré par l’un ou l’autre des sujets proposés ( je n’en ai d’ailleurs plus le souvenir)… Je venais de passer tout l’été 2000, depuis juin, à rédiger « VISAGES » sur 600 pages de carnets, d’une écriture serrée et tout petite… J’étais encore très imprégné de tous mes souvenirs, de tous ces personnages que j’évoquais dans « VISAGES ». Aussi, m’étais-je rendu à cette nuit de l’écriture davantage en spectateur qu’en acteur.



Je revois encore Roger, en « bon écolier » qu’il était redevenu, docile, presque humble, mais néanmoins de très bonne humour et enjoué comme à son habitude, attacher son « papier » d’une seule page, à une branche, après l’avoir enroulé…

Au « Grand Moment », celui où « plus un moustique ne volait », où les auteurs de textes, émus et emplis d’espérance, se trouvaient assis en cercle autour de la belle demoiselle tenant dans ses mains les textes sélectionnés, nous prîmes donc place, Roger et moi… Et nous écoutâmes…

Outre la voix de la charmante demoiselle lisant, l’on pouvait ouïr quelques propos de participants… et le lointain « cricri » d’un grillon ; suivre le vol d’un papillon, ou regarder un « ver luisant » entre les herbes d’un talus tout proche…

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lundi, juin 25 2007

Arbois, Juillet 2006

Au pays du Revermont, à Arbois, du jeudi 6 au dimanche 9 juillet 2006, se déroulèrent donc les Petites Fêtes de Dionysos…

Autour du thème « Cuisine des Dieux, cuisine des Hommes », le programme s’est décliné en rencontres débats, lectures, expositions, ballades littéraires, dégustation de vins…

J’évoquerai pour l’essentiel les activités auxquelles nous avons participé, qui, il faut le dire, ne nous ont pas permis de dialoguer directement avec les auteurs invités, puisque l’on eût pu se croire en face d’un plateau de Bernard Pivot, spectateurs attentifs certes, mais « exclus » des débats… Il est vrai que nous étions fort nombreux dans la salle, et que les « invités de marque », étaient « bien entrepris » par leurs interlocuteurs… Mais passons ! Ce furent des moments sublimes, d’élévation de pensée, de réflexion, de découverte de cette littérature contemporaine de la seconde moitié du 20éme siècle…

Le jeudi 6 juillet, à partir de 19heures, et ce jusqu’à une heure avancée de la soirée, nous eûmes une dégustation de trois vins différents, dont le fameux « vin jaune ». L’on nous avait remis un verre, nous étions assis dans la salle, et l’on nous servit quelques « rasades », non sans nous avoir au préalable initiés aux « secrets de la dégustation », aux différentes techniques de production… Puis, Roger Miremont et Laurence Mayor, des comédiens, nous lurent des extraits d’Au Piano, de Jean Echenoz, et le Prologue du drame de la vie, de Valère Novarina.

Le vendredi, au domaine de La Pinte, nous participâmes, toujours en spectateurs « non conviés à intervention », à une rencontre débat avec John Berger et Maryline Desbiolles…

Un petit mot sur John Berger : il est né à Londres en 1926… Son dernier livre « D’ici là », éditions de l’Olivier, se fonde sur le pouvoir de l’imagination littéraire, le récit sur la mémoire des lieux, des visages, des sensations, et la création qui mêle passé et présent, l’ici et l’ailleurs… En bref, John Berger est un artiste et un penseur.

Maryline Desbiolles est née en 1959, vit dans l’arrière pays Niçois. Elle écrit dans la pudeur et nous dit que nos vies sont fragiles…

Au cours de la soirée rencontre du samedi avec Jean Echenoz et Gérard Macé, nous fûmes conviés –pour la modique somme de 22 euro- au château de Chavannes à Montigny les Arsures, pour un « grand buffet gastronomique » qui n’était en réalité composé que de « petits plats » dans de tous petits plats… Le vin était « en sus »… et d’un prix « mignon »… Nous dûmes « faire la queue », comme lors d’une distribution de « soupe populaire » avec notre assiette vide. C’était « assez surréaliste » en un tel décor, avec, en arrière plan, Jean Echenoz (prix Goncourt en 1999 rappelons le)… devisant en toute intimité en compagnie de l’un de ses interlocuteurs…

A la fin de cette soirée, nous n’étions plus que quelques groupuscules attardés, dont nous-mêmes, les membres d’Alexandrie… et Jipi, de Passion des Mots, engageant une petite conversation avec John Berger… Retentit à ce moment là une salve de claquements de bancs : c’était aussi assourdissant qu’un démontage de gradins de cirque ! Il était temps que nous nous esquivions !

Enfin le dimanche, pour la troisième fois nous « ratâmes » la promenade littéraire car les discussions que nous eûmes entre nous se prolongèrent fort tard dans l’après midi… Nous assistâmes tout de même à la soirée de clôture à l’espace Pasteur, avec un opéra parlé « Canal Tamagawa » composé et interprété par Fabrice Ravel Chapuis, pianiste ; Julien Amedro, violoncelliste ; et Frédéric Haffner, violoniste. Le texte fut lu par Philippe Adam.

Un mémorable repas, entre nous, eut lieu au restaurant « La Finette », alors que se déroulait la finale de la coupe du monde. Nous ne perçûmes du grand match ( sur écran panoramique dans l’autre salle du restaurant ), que d’houleux « flonflons »… et sans doute pas le retentissant coup de tête de Zidane… La France perdit, il y eut quelques fanas tournoyant en voiture dans les rues d’Arbois, et la dernière nuit fut sereine… douce comme un printemps Africain…

Le lundi matin, nous ne nous séparâmes qu’au-delà de midi…

Ces Petites Fêtes de Dionysos à Arbois, du 5 au 10 juillet 2006… furent-elles la raison essentielle de notre rencontre ?

Eussions nous été plus nombreux, oh, à peine plus… Aurions nous vécu ce que nous avons vécu ? J’ai dit que le vécu parfois, était plus beau que l’écrit. C’est pourquoi, cinq jours durant, je n’ai rien écrit. Je savais… J’ai toujours su… que les mots existaient déjà avant de naître.

C’était bien au-delà de tout ce que j’avais passé ma vie à rêver. Dans une telle fête de l’esprit et du cœur, il ne pouvait y avoir aucune ambiguïté. Seulement et totalement, ce partage d’émotions, cette sincérité, cette écoute de l’autre, cette simplicité, cette délicatesse, cette gentillesse entre nous…

Notre « Cénacle » entre ainsi dans la légende. Une légende vivante, éternelle, messagère… Les mots que nous nous sommes dits sont nos plus beaux écrits. Nos visages, nos regards, nos complicités, nos voix et nos mains se sont touchés… Nous étions comme des enfants et la brutalité du monde, avec ses égoïsmes, sa soif de pouvoir, ses mystifications et son obscurité ne pouvait plus nous atteindre.

Nous avons vu le ciel parce que nos cœurs étaient purs et nos esprits préparés. Les émotions les plus souveraines, si elles peuvent et doivent être exprimées, ne doivent pas cependant nous aveugler et nous enfermer dans une « bulle de roche »…

Il est trop de ces « piqûres d’héroïne » qui valent 20 fois l’acte d’amour mais dont les effets secondaires sont si dévastateurs !

Je crois que l’on est souvent éprouvé à la mesure de ce que l’on peut surmonter. Etre fort, c’est être et avoir été éprouvé. Nous avons tous, en tant qu’auteurs, écrivains, artistes, en particulier, des parcours chaotiques, des expériences difficiles, de la gravité, de l’émotion, du drôle et du tragique dans nos vies… Mais aussi des aspirations, des besoins fondamentaux, des « obscurités », des motivations tout à fait personnelles, une part « d’ingérable » en nous, tout cela faisant de nous l’Etre que nous sommes… Et c’est avec tout cela d’ailleurs, que nous disparaissons un jour, dont il ne reste que la « chrysalide » suspendue dans le souvenir…

Cependant, nous pouvons ensemble, aussi différents soyons nous, le trouver…ce « passage du Nord Ouest »… que les glaces et les brumes nous ont caché…

« La porte du bonheur est une porte étroite », dixit (ou plutôt singing) Jean Ferrat…

Il est aussi de ces feux—et ceux là sont les plus nombreux—qui courent tels des feux de brousse. Ce sont les feux de la rumeur, de l’opinion, nourris de tout ce que l’on y jette dedans… Et dont les cicatrices noires sur un paysage brûlé ne s’effacent jamais… Il en est d’autres, de ces feux, que l’on nourrit et perpétue autour d’un même foyer, dans un même campement, entre les mêmes visages et les mêmes complicités… Ceux là ne vont pas dans la brousse mais ils nous retranchent du monde alors que le monde parfois, nous tendrait bien la main.

Il ne faut pas faire de ces feux un refuge, une forteresse de lumière pour les seuls « élus » que nous pensons être mais ne sommes pas vraiment. Je crois qu’une « civilisation » viendra un jour de ces feux là mais il faudra pour cela qu’évolue notre regard, et toute cette relation, ce rapport à l’autre, ces émotions, cette « transparence » si belle en nous, encore si embryonnaire, si fragile, si fugitive…

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