Les dieux avaient condamné Sisiphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir”... [Albert Camus]

... Oh certes... L'histoire que je raconte dans la rubrique “Super Pirate” de mon site, est “un peu raide”... Mais bon, nous sommes là dans l'un de ces “registres Yugcibiens”... Et peut-être dans un de ces thèmes “récurrents” Yugcibiens... Qui de temps à autre, “ressortent” (avec quelques variantes)...

De toute manière, “Super Pirate” ou pas, “dimension poétique et de réflexion” ou pas... Je pense au rocher de Sisiphe, à ce rocher qui sans cesse retombe par son propre poids... Je ne cesse effectivement (c'est le sentiment que j'ai) de rouler ce rocher jusqu'en haut de la montagne... Et pourtant je ne suis pas Sisiphe... Je ne sais pas (parce que je n'en ai pas vraiment conscience) si mon “travail” est inutile et sans espoir... Et je m'en fous ! Je sais seulement que je roule le rocher, et que je ne considère pas cela comme une “punition”... Ni comme une “vocation”... Ce serait à mon sens – du moins c'est ainsi que je le ressens- “quelque chose d'heureux, de profondément heureux, qui dépasserait tout désespoir, oui, tout désespoir même effectif”...

... Question de purée, donc... Dans “Super Pirate, suite”... (dernier texte publié voir fin page)

http://yugcib.e-monsite.com

Il s'appelle Arnaud Le Véloce...

Il est âgé de 64 ans en 2010 (il est donc né en 1946) et il est du “Papy Boum”...

Son copain, celui à qui il “dit tout”, c'est Gabriel Le Gros, âgé lui, de 74 ans...

Ils ont tous les deux, un “petit problème”...

Mais pour Gabriel, le “petit problème”, c'est de “l'histoire ancienne” : il s'est fait opérer... Il n'en pouvait plus... De se lever dix fois dans la nuit. Disons que le “petit problème” est devenu un autre “petit problème”... Il le savait... Qu'il en serait ainsi... Mais il a attendu, attendu... Et finalement, il est “passé sur le billard”. Oh, il n'est resté qu'un jour à l'hôpital... Heureusement nous étions encore dans ces dispositions de remboursement de frais médicaux, assez honorables, car la plupart des mutuelles complémentaires (en niveau 2) prenaient en charge l'intégralité des coûts chirurgicaux en l'occurrence pour ce “genre d'opération” somme toute “assez fréquente” chez les “seniors” (déjà bien “rassis”)...

Arnaud est un “leste”... Dans tous ces gestes et petites actions banales de la vie quotidienne, très pragmatiques et “qui ne font pas rêver”... Genre par exemple sortir les poubelles le jeudi soir, aller dans le frigo du haut (parce que celui du bas est hors service) pour prendre un pot de yaourt, faire la vaisselle de la veille au soir dans l'évier du bas (parce que celui d'en haut a le siphon à moitié bouché), effectuer toutes ces allées et venues dans la maison, du bas à l'étage et de l'étage en bas...

Les WC sont à l'étage, et quand il fait la vaisselle en bas, et que “ça lui prend”, il “dansolote” jusqu'au dernier verre essuyé...

Un jour il dit à son copain Gabriel : “ Tu sais mon vieux, y'a des fois, quand je “navigue” et que je suis pressé de naviguer pour aller vite sur l'ordi ou dans le jardin, si j'avais du pré sous moi et si j'avais pas de pantalon, je ferais comme la vache...”

“Attends, attends”, lui répond Gabriel, “ ça, ça veut dire que t'as un problème avec ton adénome prostatique”...

Arnaud : “Tu ne me le fais pas dire! Et en plus quand je pisse je pète! Et là où c'est con, c'est quand je suis avec du monde, que je peux pas y aller tout de suite, que le sac est plein, alors le “crapaud” se contorsionne et ça me fait péter”!

Gabriel : “ Tu vois, tu devrais peut-être te faire opérer. Moi, j'en pouvais plus de me relever dix fois la nuit et en plus, à la fin quand je pissais,en même temps je chiais, c'est à dire qu'il me venait de la merde au trou de bale”...

Arnaud : “Tout de même, j'en suis pas tout à fait là!”...

Gabriel : “ Et t”as vu, Arnaud, ce qu'ils mijotent après la réforme des retraites ? Déjà qu'ils ont depuis 2003, salement allongé progressivement la durée des cotisations, de telle sorte qu'on ne peut plus arrêter de travailler avant 62 ou 63 ans... Ils prévoient de reculer l'âge de la retraite à 65 ans alors que les conditions de travail vont devenir encore plus difficiles : stress, pression, plus loin en bagnole, train ou bus... ça, c'est le “grand chantier” de 2010... Mais il y a un autre “grand chantier” en perspective, c'est celui de la réforme des prestations sociales et de l'assurance maladie : tiens, par exemple pour le “crapaud” comme tu dis... Voilà ce qu'ils disent : plus tu tarderas à te faire gratter le crapaud, et moins tu seras remboursé. Ils vont fixer l'âge limite à 75 ans, c'est à dire qu'après, tu seras plus du tout remboursé... Ceci pour inciter les hésitants (qui évidemment tarderont encore le plus possible) à se faire opérer pour moins cher – mais cher quand même- au profit des lobbies et des grands consortiums... Résultat, les riches pourront continuer à faire de la purée jusqu'au delà de 75 ans et les pauvres se diront ceci : plutôt que d'être obligé de prendre une hypothèque sur la baraque ou de faire un crédit pour pouvoir me payer l'opération le plus tard possible, il faudra que je passe sur le billard quand ça sera encore un peu remboursé ! Et tu penses bien que, vu le nombre croissant de papys qui voudront faire encore de la purée le plus longtemps possible, il y aura que les très/très pauvres qui se feront opérer avant 75 ans...

Arnaud : “Ah, les salauds! Moi avec ma retraite de 995 euros, comment je vais faire ? J'ai une femme de dix ans de moins que moi, belle et chic à crever de régal, et je veux lui en foutre plein les mouillettes! J'ai pas envie que ça parte dans le pipi et de tressauter du gland à sec dans le trou de son âme chic, elle qui m'adore et m'a jamais fait cocu et moi qui n'ai connu que cette femme là dans ma vie... Je me souviens quand j'étais môme, à 9 ans : j'étais déjà monté comme un âne, j'avais une vie intérieure comme des chants et des danses et des marchés Africains et je trouvais con que ça huile pas comme chez les grands et encore plus con que ça tressaute à sec dans l'instant karma ! J'aurais voulu leur tacher la robe d'éclaboussures en paillettes d'étoiles, à mes petites copines, et avant, bien sentir la nuinuile me mouiller dans le pantalon dans ce long régal que j'avais des silhouettes de mes petites copines... Et même en voyant de belles dames de l'âge de ma mère... Il paraît que dans cette transe là, pour autant qu'elle dure et que ça n'explose qu'après avoir bien/bien nuinuilé tout un après midi... Tu peux pas crever ! C'est à dire que tu deviens pendant ce temps là comme une horloge qui continue à faire tic/tac mais sans que les aiguilles tournent !”

Gabriel : “Ah mon pauvre, comme je te comprends ! Mais moi, tu vois, je peux pas en dire autant : j'ai une femme ratatinée qui s'en fout que je fasse ou pas, de la purée... Et puis, quand je vois une jolie et jeune femme dans la rue, ça me fait le même effet qu'à la vue d'une jolie fleur...”

Arnaud : “Eh bien moi, la jolie fleur, je veux m'y exploser dedans jusqu'au fond du coeur de son réacteur, et que ça coule le long de la tige”!

... Question de purée... Un peu raide, non, l'histoire ?... Mais bon, c'est la vie !