Ce que j'ose appeler – et c'est “un peu vrai sans être vrai” - la “beauté de mon âme”, n'est qu'une vue de l'esprit soutenue par de l'émotion...

Cela se résume très concrètement, très brutalement, avec un réalisme cru et nu, à ceci :

“Je ne suis pas du tout sûr de ce que je ferais ou ne ferais pas, dans une situation désespérée et dramatique, par exemple si ma vie ou plus encore celle d'une personne que j'aime, se trouvait en jeu ... Ferais-je quelque chose de terrible, ne ferais-je rien ou prendrais-je une décision, trouverais-je les mots ou l'énergie et la force nécessaires pour que l'événement ait une autre issue, sans doute moins dramatique ou même inédite ?”

Je suis un humain dans une humanité qui est dans la “première phase” de son évolution...

Il y aura je pense, une “deuxième phase” parce que le destin de toute vie originelle ou primitive ou déjà évoluée dans sa première phase, c'est de gagner peu à peu en complexité et en diversité, en un certain nombre d'autres “phases” ou mutations.

Ainsi pour l'humain, la “phase numéro un” dans laquelle il se trouve depuis sa venue sur cette planète, est une phase nécessaire... À dire vrai le passage naturel, intemporel et universel.

Tout commence par la violence ou par l'une des multiples formes de la violence. La naissance d'une étoile n'est-elle pas un événement violent? La naissance d'un être humain ou d'un animal n'est-elle pas un événement violent avec du sang et de la souffrance endurée?

La naissance puis l'organisation d'une civilisation, d'une société humaine ou animale ou végétale ; ne sont-ils pas dans leur phase initiale, une sorte de révolution qui s'accomplit dans la violence?

Et cette violence là, a-t-elle quelque chose à voir avec la morale, le droit, la religion, la raison, l'absurdité ou toutes ces “choses de l'esprit humain”?

Je la verrais – si je puis dire – cette violence, comme une “alchimie” naturelle et universelle, dans le creuset de laquelle l'humain devient un acteur... Ou un créateur. Un créateur qui a créé de toutes pièces la morale, le droit, la religion, le bien, le mal, la raison, l'absurdité... Tout comme la fourmi a construit la fourmilière – quoique cette comparaison ne me semble guère raisonnable...

Je n'ai donc pas peur de cette violence que je sens en moi, et qui s'oppose à la violence que je vois (ou subis) autour de moi. Pourquoi m'en affranchirais-je au nom d'une vue de l'esprit (la “beauté de mon âme”) ou de quelque “ordre de pensée”?

Opposer de la violence, sa propre violence, à la violence du monde ou des gens... C'est déjà reconnaître l'existence de la violence. En effet, quelle violence exercer contre une violence qui n'existerait pas et donc ne serait pas reconnaissable et identifiable?

“Rien” même, appelle la violence... Parce que “rien” (ou le néant) c'est la violence absolue.

“Rien”, c'est ainsi que je le vois : “une bulle de roche creuse et aux parois d'une épaisseur sans limite, une bulle de roche avec l'être (humain?) au milieu et prisonnier jusqu'à ce qu'il meure”...

C'est ça, la violence absolue... Et dans la “phase” où se trouve cet être en tant qu'humain parmi les humains, la violence à opposer c'est de concevoir que dans la prison sphérique où l'être va forcément mourir, au lieu du “noir” (parcequ'il n' y a aucune “fissure-ouverture”) , il y ait “de la clarté”comme la clarté du jour... Imaginez donc la, cette “bulle de roche” creuse : imaginez vous prisonnier en son intérieur sphérique aux parois de roche, et imaginez la clarté diurne, sans ciel ni soleil ni même lumière autrement, à l'intérieur... Alors ce ne sera pas tout à fait la même mort que dans le “noir” absolu... Mais la “clarté”, la clarté diurne dans l'intérieur de la bulle de roche, c'est terrible, vraiment terrible... Parce qu'ainsi la roche telle qu'elle est, apparaît visible avec ses rugosités, ses aspérités, sa dureté extrême, son absence de fissures ou de boyaux d'ouverture... et la quasi certitude de son immense épaisseur...