Petite conversation entre deux ami(e)s...

-Tu vois là? Et là? Et encore là? Cette nuance de bleu qui apparaît dans presque tous tes tableaux?

-Oui, je vois bien... C'est la même, toujours la même. Comme un fond de ciel que rien d'autre dans le tableau ne peut cacher au regard...

-Et le regard est aigu, perçant, parfois sévère, condescendant, méprisant, moqueur... Enfin, certains regards...

Même dans les plus élaborés de tes tableaux, les plus beaux, les plus nuancés ; aux couleurs les plus vives ou les plus délicates, l'on retrouve ce bleu un peu naïf, un peu enfant...

Et c'est ce bleu là qui te “plombe”! C'est ce bleu là qui “ne passe pas dans les vernissages”! C'est ce bleu là qui brunit les regards, aiguise les mots des visiteurs et rend le tableau invendable...

-Oui, je sais... Mais ce bleu me vient au bout des doigts quoique je peigne... Il est moi et sans lui je fais un tableau qui n'est que de vernissage ou d'exposition...

-Et en plus, tiens... Regarde là! Et encore là! Dans ces tableaux là, tu mets du rouge cramoisi barbouillé de noir et de gris ou percé de taches blanches et vives... Ce qui surprend ou même indispose le visiteur... Enfin, certains visiteurs...

-Oui, je sais, je sais... Mais le tableau, parfois, j'ai envie de lui donner un air de croûte, comme si on allait le toucher et s'y écorcher le doigt... Mais l'air de croûte c'est pour dire la croûte qu'on laisse toujours sous le joli bleu...