Ils ne cessent d'élever et de renforcer les murs de leurs forteresses que de surcroît ils doublent d'un fossé qu'ils creusent toujours plus en profondeur...

Ils ne cessent de poster des gardes armés aux portes de leurs forteresses et de filtrer les allées et venues des voyageurs...

Ils ne cessent dans les assemblées qu'ils tiennent à l'intérieur de leurs murs, d'établir des lois, des jugements, des codes et des procédures...

Ils ont des dieux, des cultes, ils disent des messes et prononcent des discours...

Ils parlent de paix, de justice, de liberté et ils ont des oeuvres d'art dans leurs musées...

Ils ont des découvreurs, des ingénieurs, des sages et des savants...

Ils ont des écoles, toutes sortes d'écoles, oui...

Ils ont des penseurs et des poètes...

Ils ont tout, oui...

Ils ont tout en leurs murs...

Et ils font aussi par leurs portes, passer des tombereaux chargés de barils de poudre et de caisses de fusils...

Ils sont le Verbe, la Force, la Foi, la Loi, la Connaissance...

Ils sont “tout”...

Et toi, tu n'es rien...

Ils ne cessent d'infirmer, de contredire, d'argumenter, de nuancer, de noter, de sélectionner, de décerner, de louer ou de condamner...

Ce sont Eux qui ont raison...

La preuve :

leurs gardes ne jettent parfois qu'un oeil distrait sur ton passeport et te laissent passer... Et ils t'indiquent même le chemin pour te rendre sur la Grande Scène du Milieu et qui il faut voir pour “parler” devant tous...

Une autre preuve?

Assiste à leurs démonstrations! Scientifiquement, ils vont te sortir un lapin d'un chapeau!

Intellectuellement et raisonnablement, quelle “vérité” pourras-tu opposer à leur “vérité clinique”?

Ce sont Eux, les “Veilleurs” du “Temple”... Et aussi les “Marchands”...

... La forteresse est “imprenable”...

Il n'y aurait – paraît-il – qu'une seule “poussée” possible contre ses murs, contre les gardes en armes devant les portes : la gigantesque poussée de la révolte des peuples et des bandes et des convois venus des plaines, des forêts et des montagnes et même d'au delà des océans...

La gigantesque poussée d'autres forteresses aux murs mouvants et aux fossés ondulants...

La poussée entraînante et laminante des “Veilleurs”... Et des “Pirates” de tous les “Ordres Nouveaux”...

... Et la casse, la casse générale, à l'intérieur de la forteresse des “Ils”...

... La forteresse était “imprenable”... Et la gigantesque poussée était “inéluctable”...

L'inéluctable était imprenable et devenait forteresses...

Alors s'ouvrit un étrange passage, et surgit un étrange esprit : pour la millième ou inconumième fois, l'Histoire se répétait...

... Y-a-t-il une fatalité de l'immuable?

... Y-a-t-il une fatalité de l'inéluctable?

... Y-a-t-il une fatalité de l'impossible?

... Y-a-t-il une fatalité des questions sans réponse?

... Y-a-t-il une fatalité de la lassitude, du désintéressement, de la vanité et du rejet de toutes ces questions?

Il y en a toujours un... Ou quelques uns... Pour énoncer une proposition, “ouvrir un passage” ou apporter une réponse...

Il y en a toujours un... Ou quelques uns... Pour se lever avant que les autres ne s'éveillent...

Et se mettre en marche alors que personne encore ne suit...

Mais “il faut faire avec ce qui existe”, “préparer le chemin”, avancer alors même que “tout force à reculer ou à se garer”...

Et l'Histoire sous la poussée dans le passage, fait son “plissement”...

Et surgissent les strates des paysages qui s'ouvrent devant les peuples...

Toutes les strates de tous les paysages sont posées les unes sur les autres et reliées entre elles par les effondrements dans lesquelles elles se touchent et se mêlent...

Et si l'Histoire n'était qu'une sorte de “gestation dans le ventre de l'univers”?

Faut-il inventer à l'Histoire une forme de gestation qui aurait pris naissance à l'intérieur d'un oeuf “recomposé par la science de l'Humain”?

... Ou par l'esprit de l'Humain?

Est-ce donc cela, la “réponse”? Le destin? L'avenir? Le “possible”?

On va finir par postuler, par énoncer, par définir, par affirmer... Et croire...

Voici le postulat : “Dieu existe et c'est Dieu qui a tout créé”...

Mais ce “Dieu”... D'où vient-il lui même? Qui le créa? De quelle sorte de “gestation de l'Histoire” est-il venu au monde?

Alors il a fallu des “légendes”... Partout, sur toute la Terre...

Des “charriots de feu” venus du ciel...

Des “Géants”...

Des “Etrangers” porteurs et diffuseurs de Connaissance...

Et c'est vrai qu'il y a “de drôles de traces” de ci de là, sur la Terre...

Les légendes sont sans doute l'interprétation des peuples au début de leur histoire, de la “gestation de l'Histoire”... Elles “savaient” toutes, ces légendes... Que la gestation ne pouvait avoir d'autre origine que celle de la semence déposée...

Dans le cas de l'espèce humaine (qui, il faut le dire, est une espèce assez particulière entre toutes les autres espèces)... L'on pourrait imaginer pourquoi pas, une “origine douteuse” ou “frelatée”, une “invention” de quelque “Dieu un peu fou ou présomptueux et bricoleur” qui aurait modifié à sa manière le processus originel sans penser aux conséquences forcément imprévues et infinies de son oeuvre de création...

Mais en quelque sorte, l'on peut dire que ce “Dieu un peu fou ou présomptueux et bricoleur” serait un “père de génie” car il y a dans son oeuvre de création, forcément, le meilleur de la création, quelque part disséminé dans tout le reste de la création... Et que ce “meilleur” n'existe pas en tant que tel, puisque personne ne l'a jamais trouvé ni donc utilisé... Ce “meilleur” c'est sans doute quelque “ressource” engendrée dans le “creuset” et passée dans la terre avant la venue du cultivateur ou du jardinier... Qui ne sait pas la “ressource” mais puise dans de multiples ressources depuis toujours...