J'ai dit que je prenais le risque de déranger ou de déplaire, et cela tout à fait délibérément...

Par des mots crus, des formules langagières assez inhabituelles, surprenantes et non conformes aux principes de la bienséance... Les "trous noirs" de mon univers, je veux qu'on les voie se former, qu'on les entende bruire, qu'on en mesure la profondeur... Ou l'étrangeté, ou la banalité, ou l'inutilité même, de leur existence... Que l'on perçoive la grossièreté de leur gloutonnerie... Ou leur dimension insondable, leur capacité de destruction, leur incongruité... Leurs aberrations...

Oui, je veux que l'on voie mes “trous noirs”... Mais je les veux montrer par “personnages interposés”(en général imaginaires), par une sorte de détour et dans le récit qui “puise dans le vrai”, par des propos, par des mots à tel ou tel sujet “qui laissent supposer que... (en ce qui me concerne). Et il y a toujours une “frontière” : celle de l'indicible... Ou de l'intime... Car si d'aventure par mégarde, par ostentation ou par quelque intérêt particulier, l'on franchit cette frontière en rendant directement l'indicible ou l'intime par les paroles ou par les écrits “bruts” (tels ceux par exemple qui foisonnent – et “confiturent” - dans les journaux intimes et les blogs)... Alors ce ne sont plus des “trous noirs” mais des “poussières d'astéroïdes qui écorchent les pages du Grand Livre de l'Espace et brouillent la lecture du Livre...

L'on “se remet très vite” d'une lecture brouillée par ces “poussières d'astéroïdes”... Quoiqu'il en puisse exister de ces poussières, d'étonnantes, d' émouvantes ou de sublimes (mais c'est peu fréquent)...

Par contre, les “trous noirs” sont beaucoup plus “inopportuns, et “gênent” davantage... Parce qu'ils heurtent, dérangent et révèlent ce dont ne parle jamais. Mais ils existent et font partie de l'univers... Faut-il faire comme s'ils n'existaient pas? Exister, “s'exister” comme s'il n'y en avait pas en soi?

... Je sais que les “trous noirs” que l'on a soi même forés dans son univers peuvent interrompre ou suspendre pour un temps la relation... Ou même la perdre à jamais...

Mais dans ce dernier cas, la perte de la relation, la perte sans retour ; je ne suis ni dépité, ni enclin au ressentiment, ni "spécialement critique" ou "bétonné" de ces sortes de certitudes que l'on a en soi parce que ressenties comme personnelles et singulières et à se "retrancher derrière à tout prix"... Au contraire : il m'arrive même très longtemps après la perte de la relation, de comprendre la réaction de mon interlocuteur, et chose curieuse (et qui m'émeut toujours) d'avoir de "l'affection" pour ce que mon interlocuteur a pu éprouver en fonction de ses repères culturels, de son éducation, de sa sensibilité (repères, culture, éducation, sensibilité, qui ne sont pas les miens à priori)...

J'ai dit aussi qu'il n'y a pas d'univers sans "trous noirs"... Je ne sais pas vraiment où est la "vraie beauté", la beauté absolue... Si la beauté a réellement besoin de "trous noirs" pour qu'on prenne conscience de son existence si existence il y a, de cette beauté...

Dans le ciel que j'ai vu en avion à 11000 m d'altitude, invité dans le poste de pilotage et sur le 24ème degré de latitude Nord au dessus de l'Atlantique entre l'Afrique de l'Ouest et l'Amérique du Sud, le 17 mars 2009... J'ai bien vu qu'il n'y avait pas de trou noir, aucun trou noir, dans l'immensité sans horizon de ce ciel qui ressemblait à un espace céleste en bleu azur strié de "voies lactées" de nuages... Alors j'ai sincèrement et réellement cru à l'existence de cette "beauté absolue"... Qui devait forcément surpasser toutes les autres beautés supposées, réelles, virtuelles, toutes les autres beautés (de l'âme, de la poésie, de la littérature), toutes les autres beautés "crues et nues" du monde et des hommes...