Mon arrière grand père, le mari de “petite mémé”, le papa de ma grand mère maternelle, qui se nommait Auguste Lasserre né en 1867 à Lesgor dans les Landes (près de Tartas) et décédé le 17 juin 1950 ; était de son état, cantonnier au service des Ponts et Chaussées de l'époque... (Aujourd'hui ce sont les services de l'Equipement).

Son travail consistait en l'entretien des routes et chemins du canton. Il recevait un salaire, dans les années 1900 à 1915, durant la petite enfance de sa fille Suzanne (ma grand mère), de 40 francs par mois (2 pièces de 20 francs)...

N'étant pas au service des Ponts et Chaussées à l'année, mais seulement par périodes ou saisons, il exerçait aussi, occasionnellement, le métier de résinier dans la forêt Landaise, ou de journalier ou de jardinier...

Aujourd'hui tous ces métiers de cantonnier, de journalier, de jardinier, de travailleurs des champs et des bois, ont presque disparu ou s'ils existent encore ils n'emploient que des salariés de grandes entreprises paysagistes et de travaux publics, qui conduisent des machines, des engins de terrassement, de défrichage, de coupe de bois, de traitement de souches...

Mais pour le “détail”, qui demeure cependant le plus étendu et le plus diversifié du travail, là où les machines et les engins ne peuvent aller, là où il faudrait tout au long de l'année des hommes et des outils appropriés ; les entreprises, la région, la municipalité, l'état... Ne recrutent pas!

La nature est ainsi faite, que pour qu'elle soit une ressource qui se renouvelle pour les humains, elle doit être entretenue. Il lui faut donc les bras, le travail, l'effort, les outils à main de l'homme...

L'on entend dire : “tout est à l'abandon, les friches gagnent partout du terrain, des parcelles boisées deviennent des jungles, les chemins ne sont plus entretenus...”

Ce sont des milliers et des milliers d'emplois à créer... Des emplois “sur place”, des emplois qui coûteraient plusieurs centaines de fois moins cher que la moyenne des salaires des grands patrons du CAC 40! Des emplois pour “reconvertir” ces milliers d'employés ou de salariés licenciés “économiquement”...

Les jardiniers, les travailleurs des champs et des bois et de la nature, sont en général des gens que l'on ne voit pas manifester dans les rues en ville... Mais à leur manière ils sont des “résistants”, et ils ont un regard sur ce qui les entoure, une relation avec les choses et les êtres, les animaux et les plantes...

Au lieu de délimiter et d'implanter des ZAC ou des ZI autour des villes, de multiplier et d'aménager de plus en plus loin des villes des zones commerciales, des Discount et des Grandes Surfaces avec ces immenses hangars et structures métalliques, ces kilomètres de béton et d'asphalte et de parkings... L'on devrait plutôt réserver des terrains, des zones de cultures vivrières afin que les gens qui habitent dans des immeubles ou des maisons en ville, puissent entretenir des jardins, faire pousser leurs légumes, élever des poules et des lapins, avoir des arbres fruitiers, ou même implanter des cabanons servant d'ateliers de diverses fabrications artisanales... En somme, toute une économie locale, sans intermédiaires inutiles, un marché informel dans lequel on “trouve de tout”, où l'on produit soi même, pour sa famille, pour son entourage... Pour son bien être, pour ses besoins et selon ses talents ou son savoir faire...

Quelle connerie de faire venir des cervelles d'agneau congelées de Nouvelle Zélande sur les marchés Parisiens! De faire laver des patates en Bulgarie après les avoir pelées en Pologne! De bouffer des poires du Chili au mois de mars en Angleterre ou en Allemagne ou en France! De faire venir du vin de Californie ou d'Afrique du Sud en Chine ou en Languedoc ou en Bourgogne!