[les jolis papillons]

... Dans mon texte, un papillon évoque la légèreté et ce qu'il y a d'éphémère dans un être. Or, l'éphémère, la légèreté, ne produisent pas de trace : il n' y a que le mouvement, la vibration... Ou le mirage (si ce mouvement ou cette vibration est perçu comme une sorte de trace fugitive, un rêve, même un rêve très beau et très grand).

Mais de la légèreté et de l'éphémère, peut venir quelque chose de plus consistant et de plus durable pouvant entrer dans une mémoire, devenir un souvenir. Et cette mémoire sera en premier lieu celle du témoin, de l'observateur contemporain...

La disproportion qui existe entre d'une part le mouvement, la vibration, le mirage, la légèreté, l'éphémère... Et d'autre part cette "ligne de crête de montagne" que je fais devenir trace, est flagrante. C'est donc volontairement que j'utilise cette image du battement d'aile d'un papillon, transformée en une autre image, celle d'une vague d'océan pétrifiée : ainsi, le mouvement, la vibration, le mirage, si insignifiant, si perdu dans l'immensité des milliers de papillons, qui n'a que très peu de témoins et d'observateurs contemporains... Va grandir comme une vague d'océan et cette vague va "durcir", devenir de la roche. Alors existera la trace, qui succèdera à ce qui jadis, ne fut que le souvenir dans la mémoire du témoin ou de l'observateur contemporain...