... Le souvenir, ce n'est pas, par exemple, l'oeuvre d'un écrivain ou d'un artiste d'il y a 2 ou 3 siècles, que l'on découvre, redécouvre, étudie, cite, médiatise, publie ou republie : cela, c'est la “trace”, la “ligne de crête de montagne” qui, jadis, était une vague d'océan... La vague s'est pétrifiée, solidifiée, est devenue “ligne de crête de montagne”... Jadis, le souvenir n'existait pas, ou il clignotait seulement... Il n'y avait qu'un mouvement, une vibration, un mirage... qui seul, était la “trace”...

Le souvenir que l'on a des gens, des écrivains et des artistes en particulier, vivants et oeuvrant... N'existe que pour les vivants, c'est à dire les contemporains des artistes et des écrivains vivant encore... Après, ce n'est plus le souvenir, mais la “trace”...

La différence qu'il y a entre la trace et le souvenir, c'est que le souvenir est davantage une nécessité, un besoin, un repère, un réconfort, une preuve d'amour, de reconnaissance, pour l'artiste ou pour l'écrivain vivant, que cette “trace” dont il n'est jamais sûr qu'un jour elle soit...