Il pappa !

      J'ai été très impressionné par la logistique et les infrastructures mises en place pour la venue du pape à Lourdes : parkings disséminés dans une quinzaine de villes autour de Lourdes avec bus-navettes de chaque parking à Lourdes; détachements de CRS, de pompiers, de cars de flics, etc...

C'est là tout le paradoxe de notre monde :

-D'un côté les religions avec leurs grands chefs spirituels, Lourdes, La Mecque, Le Mur des Lamentations, ces parcs-expos géants d'églises de confessions chrétiennes aux Etats Unis...

-Et d'un autre côté toutes ces guerres, cette loi du fric et du marché, cette consensualité "troudebalesque aux senteurs à la mode" d'un monde en réelle perdition...

Alors je brandis haut et fort ma non croyance et mon athéisme de penseur, de poète et d'écrivain (et plus généralement d'être humain) non pas comme un étendard rouge ou noir à la tête d'un cortège de mécontents ou de contestataires, par provocation ou nihilisme, mais avec précisément, et profondément, ce regard de poète, de penseur et d'écrivain assumant sa

liberté et la défendant...

... Le paradoxe le plus évident de l'Eglise c'est de ne pas d'une part, récuser formellement les politiques, les économies et les valeurs du monde ; de composer en une entente tacite avec ces politiques, ces économies et ces valeurs...

Et d'autre part, de jeter l'anathème sur l'avortement, la contraception, l'homosexualité ; et de ne pas autoriser le mariage des prêtres ou l'ordination des femmes et qui plus est, de femmes mariées et élevant des enfants...

Je conçois qu'un chrétien, de nos jours comme par le passé, ne puisse envisager avec sérénité et en tant que valeur prônée, affichée publiquement et acceptée par l'église, l'avortement et l'homosexualité en particulier... Mais jeter l'anathème avec autant de violence, de réprobation, d'interdit et de rejet (et d'hypocrisie) sur les femmes qui avortent, les hommes et les femmes qui vivent et assument leur homosexualité ; n'est pas une preuve ni une manifestation d'amour. Et ce qui est grave, c'est qu'une telle position aussi tranchée et aussi "intégriste" de l'Eglise sur ce sujet, est en contradiction formelle avec le deuxième commandement de Dieu :"Tu aimeras ton prochain comme toi même"...

De toute évidence, pour l'homme ou pour la femme qui n'est pas homosexuel, il y a là, dans la relation entre deux hommes ou entre deux femmes, comme un monde “étranger” ; un “univers de communication, de fantasmes et d'émotions que l'on ne partage pas puisque l'on n'a aucun désir d'y entrer. Et c'est là que le “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” prend tout son sens profond et vrai : ce que tu es toi-même, l'autre ne l'est pas à ta place ; ce que l'autre est, tu ne l'es pas. Alors que faire? Se rejeter, se fuir, se combattre, s'entretuer... Ou bien reconnaître, accepter, intégrer, et concevoir que ce monde “étranger” puisse exister?

L'on attribue, je pense, à “aimer” un sens “romantique”, émotionnel et affectif... Ce qui bien sûr correspond à une réalité... Mais je pense aussi que “aimer” c'est “reconnaître”. D'abord reconnaître. La reconnaissance c'est le fondement, la base de l'”édifice”. L'on se reconnait bien tel que l'on est soi-même? (même si l'on se “refuse”?)

...Benoît XVI vient tout de même de fustiger sur l'esplanade des Invalides devant des dizaines de milliers de chrétiens (et visiteurs, dont François Fillon et Nicolas Sarkozy et sans doute quelques riches "vraiment riches")... Le pouvoir et le culte de l''argent!
Il faut reconnaître que la Chrétienté (catholique romaine et apostolique, ou protestante ou d'autres confessions) en dépit de sa collusion souvent manifeste et opportuniste avec les "valeurs" du monde ; s'élève de temps à autre contre le culte de l'argent et du pouvoir dominateur des "puissants" de ce monde!
Jean Paul II et d'autres papes avaient tenu aussi un tel discours, en particulier lorsque l'ordre du monde tendait vers le "veau d'or" et toutes sortes d'adorations ennemies d'une pensée juste.
Mais il y a, au vrai, dans la réalité vécue, dans les faits indéniables de l'actualité, dans l'appareil en lequel se présentent les églises, dans l'orgie de jouissances et de privilèges en laquelle se vautrent les puissants et les dignitaires, une hypocrisie monumentale...
Cependant, le "message", lui, est valide et s''élève de toute sa force par dessus les hypocrisies manifestes et réelles.
A la limite, je dirais que l'hypocrisie, "la langue de bois", les prétendues et ostentatoires "remise en question", "mea culpa", et exhortations répétées depuis tant de siècles... Tout cela c'est de la merde! Seul, le "message" compte. Et c'est la raison pour laquelle je me refuse à toute "adhésion" à une religion, à une idéologie, à un pouvoir... Ainsi qu'à toute forme de provocation délibérée et violente, de nihilisme et d'"anti/anti", intégriste ravageur, contre telle ou telle croyance, telle oeuvre humaine à partir du moment où ma vie n'est pas en danger, ma liberté enlevée, la femme et l''enfant dans leur droit et dans leur intégrité physique et morale.