Je pense à cette chanson de Jean Ferrat : “La porte du bonheur est une porte étroite...” L'une des chansons de Jean Ferrat parmi mes préférées, sinon celle qui m'émeut le plus et qui me fait réfléchir sur le sens de la vie, de la relation et des choses...

Cette “porte du bonheur” si étroite, serait comme un “film” encore bien plus fin et plus transparent que par exemple, le film de plastique utilisé pour recouvrir les pots de confiture maison... Un “film” extrêmement ténu, transparent et traversable, entre deux mondes ; tel un passage qui, à cause de sa transparence, de sa légèreté et d'inexistence d'épaisseur ; ne se voit jamais...

Et parce que le passage ne se voit pas, nous croyons être dans le même et unique monde. Mais ce monde n'est que celui que nous connaissons.

La vocation de l'artiste c'est de nous faire passer par les mots, par l'image, par le son ou encore par les objets confectionnés, comme à travers le “film”, dans l'existence de cet autre monde : celui que l'on ne voit pas.

Mais cela ne veut pas dire que seuls, les artistes ont le pouvoir de nous faire passer au travers du “film” : tout être vivant a une lumière en lui, et l'artiste n'est donc pas une “exception culturelle”... Ni l'être humain d'ailleurs. Mais nous sommes ainsi faits que ; écrivant ou prononçant des mots, produisant des images ou confectionnant des objets ; ayant ou non une vocation particulière, nous ne vivons et accomplissons qu'avec de tous petits éclats seulement, de cette lumière en nous...

Alors la vocation essentielle de l'être humain tout comme celle de l'artiste en particulier, c'est de reconstituer avec les éclats, le “puzzle” de la lumière... Ce “puzzle” qui est le “film” transparent et traversable.