Tu me fais mal...

Tu me saccages...

Tu te rues sur moi

ivre de tout ce qui se passe dans la rue

et qui s'est jeté sur toi...

Et que tu as maudit...

Et qui a vitrifié ton esprit.

Tu me traces de toutes les laves explosées de ces entrailles de toi

tu me veux nue

en string

en jupe

en robe

sur la cuvette des WC dans le train...

Tu te vautres sur moi

longtemps

comme une flamme rebelle à la lance du pompier

une flamme mouillée

qui s'accroche à la souche

la souche que je suis

enterrée

enterrée et mouillée.

Les mots que tu dis sont des bombes...

Les mots que tu écris sont des génocides...

Tu ne respectes rien

tu le lamines ce monde...

Abject dis-tu qu'il est!

Ta poésie est intégriste

intégriste comme une religion de purs étrillant le monde.

Tu me fais mal...

Tu me saccages.

Je te pardonne de ne pas m'aimer

puisque... En vérité

n'ayant jamais cessé depuis tant d'années

de te jeter sur moi, de t'enfouir en moi

de me tracer, de me saccager...

Tu m'as aimée sans le savoir

toi le poète révolté, le poète intégriste

le poète des mots génocide

le poète fou étrilleur de tous les chemins...

Je te pardonne d'avoir fait de moi ton unique paillasse de régal

sur laquelle tu fus le seul à te jeter

jusqu'à l'épuisement, jusqu'au coma érotique...

Car nul homme ne peut être plus fidèle que toi dans une telle violence

dans une telle ardeur

et d'une telle constance...

Pour une femme, cette femme que je suis.