Ce qui rend aléatoire le fait qu’un écrivain ou un artiste puisse « vivre de sa plume ou de son art » ne tient je pense, à aucune de toutes ces raisons que l’on invoque invariablement… Fussent-elles ces raisons, les plus justifiées ou déclarées injustes ou absurdes…
La raison en est toute naturelle : aussi simple, aussi évidente, aussi naturelle donc, que le caractère aléatoire de l’existence de la vie dans l’univers. Les « briques de la vie » sont partout dans l’univers ; les conditions qui règnent autour de ces « briques de la vie » existent avec elles… Mais la vie ne vient pas!
Il y a aussi, chez les écrivains et les artistes ; de ces « briques de la vie » et tout autour de l’écrivain, de l’artiste et de ses « briques »… Des conditions plus ou moins favorables… Mais le succès, le rayonnement, la reconnaissance, la possibilité de vivre de sa plume ou de son art ; tout cela ne vient pas!.. Pas davantage que la vie dans l’univers…
Amélie Nothomb et Christine Angot par exemple, sont comme des « Terres » dans l’univers…[ Je cite là ces deux auteurs en particulier, parce que l’une comme l’autre me semblent davantage être des écrivains que des « écrivains artisans » et il se trouve que l’une et l’autre arrivent à « vivre de leur plume »]
    Je suggère aux écrivains et aux artistes qui, souhaitant se libérer de ce caractère aléatoire qu’il y a à vivre de sa plume ou de son art ; de se muer en « écrivains ou artistes artisans »… En effet un « bon » artisan a quelque vraie chance, avec des causes déterminées et logiques, à s’installer en « boutique » ; d’être reconnu et de gagner sa vie…
Pour ma part j’assimile le métier d’écrivain ou d’artiste artisan, à n’importe quel métier… En particulier celui que j’ai exercé de l’âge de 19 ans jusqu’à 57 ans, c’est-à-dire postier en centre de tri ou en bureau de poste…
Je ne veux pas dire par là qu’un bon artisan de l’écriture par exemple, ne « vaudrait » pas un « bon » écrivain vivant ou ne vivant pas de sa plume… Mais il existe à mon avis une différence fondamentale entre l’écrivain « écrivain » et l’écrivain « artisan de l’écriture »…
Peut-on être à la fois un écrivain ET un artisan de l’écriture? J’en doute dans la mesure où « boutique » et reconnaissance officielle ont pris « une longueur d’avance » sur le sens profond et singulier de l’œuvre de l’écrivain.
L’écrivain et l’artiste découvrent, cherchent, explorent… Ou se perdent. Et l’on peut dire qu’il y a dans leur œuvre une sorte de folie… Qu’ils sont parfois des exilés. Et l’on va même jusqu’à dire d’eux « ce sont des extraterrestres »…
L’écrivain ou l’artiste « artisan » produit avant tout à l’intention d’une sorte de « clientèle », même s’il rejoint parfois l’écrivain ou l’artiste : c’est cela la différence fondamentale.