Je remercie celles et ceux d’entre vous qui ont apprécié mon livre Le Chien Vert et posté leur commentaire…
Mais je pense que je n’aurais pas été aussi généreux que vous l’avez été dans vos commentaires : le lecteur que je suis de mon propre livre n’a pas tout à fait sur ce livre le même regard, alors qu’il vient d’être à peine publié depuis quelques semaines et que le « recul » est encore bien court…
Et je vais ici m’expliquer sur deux points particuliers au sujet de ce livre…
    Il faut déjà que je revienne sur l’avis d’Annie Quillon, la journaliste de Tartas, écrivain elle-même et auteur de plusieurs ouvrages qui, au moment de la parution de mon deuxième livre Quel Monde Possible aux Editions du Manuscrit en avril 2004, me disait que la première partie de mon livre ne l’avait guère intéressée parce que  développant des sujets d’actualités somme toute sans réelle portée… Par contre elle avait aimé la deuxième partie du livre, plus personnelle et plus originale à son sens.
Avec un peu de recul je réalise qu’il est finalement sans grand intérêt de développer dans un livre d’auteur, des sujets d’actualité qui ont davantage leur place dans des forums de discussion sur le Net ou encore dans des « courriers de lecteurs »…
J’avais pensé à l’époque où j’envisageais une publication de Quel Monde Possible, que le seul fait de soigner et de parfaire l’écriture d’un texte ayant davantage sa place dans un forum ou un courrier de lecteurs ; pouvait justifier que ce texte là puisse être produit dans un livre d’auteur…
Une réflexion s’impose à moi aujourd’hui à ce sujet… A dire vrai depuis que j’ai cessé d’envoyer à Sud Ouest, Marianne et autres publications périodiques, mes « articles » dans le courrier des lecteurs  ; je me suis mis à penser qu’un sujet d’actualité tel qu’il est généralement traité par son auteur, n’a qu’un intérêt tout à fait relatif pour celui ou celle qui le lit et partage ou non une opinion exprimée…
Peut-être le même sujet, présenté sous un angle différent ; en quelque sorte « redimensionné » dans un contexte plus personnel et soulevant de vraies  interrogations, et d’une écriture moins conventionnelle, comportant dirais-je une « charge émotive » sans toutefois verser dans le mode des « effets spéciaux »… Développé autrement que sous la forme d’une argumentation/exposition/énumération de faits et de situations… Y gagnerait beaucoup en intérêt suscité auprès d’éventuels lecteurs…
De là tout le sens de ma réflexion actuelle. Mais il faut croire qu’à la fin de l’été 2007, lorsque j’ai entrepris la rédaction du Chien Vert, je n’avais pas encore tout à fait intégré dans mon esprit le sens de ma réflexion…
Autrement dit si « c’était à refaire » sans doute n’inclurais-je pas dans Le Chien Vert quelques textes axés sur des sujets d’actualité… Ou alors les écrirais-je « autrement »…
    La seconde raison tient au fait qu’ayant déjà produit Grand Hôtel du Merdier, et donc développé certains sujets assez scabreux - et pour le moins scatologiques voire obscènes - j’ai pour ainsi dire « persévéré » dans cette voie, en présentant quelques histoires « corsées » dans Le Chien Vert. Je me suis d’ailleurs étendu en des détails qui eussent très bien été à leur place dans une œuvre pornographique…
Après réflexion il me semble qu’une œuvre d’écrivain ne saurait être essentiellement ou même seulement à titre occasionnel répété, axée sur de tels sujets et multipliant peut-être à l’excès des détails si « évocateurs » et surtout si précis… Le « Vieux Routard » par exemple, « bat un record » en la matière…
Et là encore si « c’était à refaire » j’écrirais ce « Vieux Routard » un peu différemment.
Je dis cependant que des histoires telles que « Arthur et Catherine » ou même « La chienne bleue du dimanche 10 Août » ou « Ce rêve d’il d’elle »… Tout en étant moins « scatologiques » sont en vérité bien plus « évocatrices » et chargées d’émotion… Par exemple la scène où la jeune mariée tourne distraitement entre ses doigts un verre vide, avec ses jolies jambes croisées et vêtue de sa jupe blanche lui seyant à ravir ; alors que Yves, le marié, lit son texte de huit pages devant sa famille attablée…
J’avais pensé - mais cela n’engage que moi - que tout ce qui touche à l’intimité profonde et sans doute inavouée de l’être, dans ses imaginations, ses rêves, ses fantasmes, ses irrésistibles penchants, enfin tout ce qu’il s’attache à ne jamais laisser paraître ou même « transpirer »… Ainsi que tout ce avec quoi il vit et qu’il ressent physiologiquement, que ce soit dans son « animalité » même ou dans ce qui fait qu’il est un homme ou une femme avec son sang, ses humeurs, son sperme, ses déjections, son haleine, sa sueur… Que tout cela peut-être plus encore dans un livre d’auteur que dans un forum du Net ou sur un blog ; pouvait être « mis à nu », décrit et même crié presque…
Oui je l’avais pensé! Et je l’ai écrit! J’ai osé!
Encore me fallait-il trouver au-delà des mots, des images, des détails, de l’histoire elle-même ; non pas une « justification » à dire tout cela, encore moins d’exprimer ces choses là dans le but de provoquer ou de choquer… Mais oserais-je dire pourquoi pas « essayer de faire ressortir une certaine beauté crue et vraie, authentique, sans faux semblants »… Car en somme ce « Vieux Routard » à y bien réfléchir, est un personnage très sensible et sympathique.
Aussi me suis-je attaché dans la seconde partie de l’histoire, à ce qui existait en Gabriel, mon personnage ; au-delà de ce qui avait été de lui et qu’il avait fait dans la première partie.
Mais je tiens à le préciser de nouveau : ce que je dis là n’engage que moi et je comprends parfaitement que des lecteurs puissent non seulement ne pas aimer ce livre mais le détester…
    Quoiqu’il en soit, une œuvre d’écrivain est l’œuvre de toute une vie… Pour autant qu’une vie entière de l’auteur suffise pour que l’on parvienne à définir cette œuvre, à lui donner un sens et un avenir…
Et ce qu’il y a de sûr, de terriblement sûr, c’est que l’on ne peut passer sa vie à refaire et refaire encore tout ce que l’on écrit… surtout si l’on écrit sans cesse et tous les jours de sa vie…