Antoine, sur un forum d’Alexandrie Online nous raconte cette petite anecdote : « Un individu fait tomber 3 paquets de biscuits dans un supermarché en prenant un article dans le rayon, sans le ramasser ensuite. Et je l’ai fait exprès de le ramasser derrière lui pour le mettre dans l’embarras ; il me semble que ça a fonctionné, puisque d’autres clients l’ont regardé au moment où je le faisais, tandis que lui a baissé les yeux en passant son chemin.

Pourquoi ai-je si souvent le sentiment d’être un anti conformiste lorsque je fais preuve de civisme? »

Peut-être que « civisme » veut dire ici : exprimer par son comportement tout le respect ou toute la considération que l’on a vis à vis de ce qui nous entoure… En l’occurrence, ici dans ce supermarché, les produits disposés sur les étagères… Des produits, certes, dont on a le droit de dire en toute liberté qu’ils sont ou seraient « de qualité médiocre et tout à fait standardisés », ou encore « conditionnés chimiquement par toutes sortes d’additifs, de colorants, agents de saveur et de texture »… Mais ce sont néanmoins des produits que les gens achètent et que d’autres gens (qui travaillent pour un salaire) ont contribué à fabriquer, à concevoir, à rendre « consommables »…Et de surcroît, ces produits ont un coût et par là même une valeur représentant pour l’acheteur une part de son budget alimentaire ou autre…

Or dans le monde où nous vivons vous entendez souvent cette réflexion de bien des gens : « l’on ne respecte plus rien »… Enfin, c’est ce que beaucoup disent… Mais il y a, hélas, tout ce que l’on voit… et qui est loin de redonner de l’espérance en la venue d’un temps où enfin, l’on respecterait vraiment les gens et les choses…

Les gens et les choses en réalité, d’une manière générale, sont traités avec indifférence, désinvolture ou mépris… Le « civisme » peut effectivement être perçu par une majorité de nos concitoyens pour marginal ou « passé de mode »…

L’anti conformisme aurait-il « changé de camp » lorsqu’il prend le parti de ce qui, en d’autres temps était perçu par une majorité de gens comme une normalité? L’anti conformisme doit-il cependant « suivre des règles »? Et quelles règles? L’anti conformisme est à mon sens l’expression d’une révolte contre un état de fait ou un ensemble d’habitudes ou de comportements jugés par le plus grand nombre comme « coulant de source » et défini en « pensée unique »… J’ose dire qu’un tel anti conformisme devrait même être considéré comme un devoir, et que dans la volonté et dans l’énergie qui l’animent, il peut être combat… L’anti conformisme dans le sens de révolte ou d’opposition à une ou des modes, à un ensemble d’habitudes, à une « pensée générale et unique », peut-il, de même que le conformisme, s’exprimer et se définir selon des règles établies ou codifiées? N’a-t-il en vérité « pas de règles du tout »? N’est-il pas plutôt qu’une sorte de « religion » ou de « credo » ou de « nouvelle mode », une « authenticité de l’être profondément sensible et sincère »?

     Et voici maintenant une autre petite anecdote de supermarché…

Un jour dans je ne sais plus quel supermarché ( et peu importe si c’était dans les Landes, dans les Vosges ou ailleurs ) j’ai rencontré une femme qui visiblement, détestait faire tomber quelque chose d’un rayon…

Cette femme était très élégante, habillée comme une comédienne jouant un rôle d’invitée de noce chic ; d’un visage typé et fort bien coiffée… Elle fit par mégarde tomber un pot de confiture en équilibre il faut le dire instable… Le pot se brisa net en mille morceaux et la confiture fut projetée et répandue sur le sol, éclaboussant les jolies chaussures à talons hauts de la belle dame…

Juste à ce moment là je passai et je vis cette femme toute rouge de confusion et presque les larmes aux yeux, cherchant désespérément un employé du magasin… Il en passa un, je l’appelai et nous expliquâmes « l’accident »…

L’affaire passa au profit des pertes et des fracas, la femme essuya ses chaussures avec un petit mouchoir… Et je crois bien que, de ma vie entière, le sourire et le regard dont cette femme me gratifia, me demeureront pour toujours en mémoire…