Un cycliste traverse la ville… Après le pont, la rue principale de cette ville est en légère pente et sur la gauche en descendant vers la maison de la presse, il y a un virage sur lequel débouche à droite une rue étroite à sens unique…
Le cycliste selon son habitude, se rendant à la boulangerie depuis la maison où il habite à la sortie de la ville, est lancé à vive allure et aborde le virage…
A cette heure avancée de la matinée, au moment de la sortie des écoles, la circulation est dense et les embouteillages sont fréquents dans la rue principale que cherchent à rejoindre les automobilistes venus de la petite rue adjacente débouchant sur le virage.
Une auto surgit, conduite par une femme qui s’engage dans la rue principale sans avoir aperçu ce cycliste lancé à pleine vitesse… Mais le cycliste a bien vu cette auto ralentir et s’est dit « elle ne va tout de même pas s’engager et me couper la route! »
Le cycliste freine cependant afin de réduire sa vitesse mais ne s’arrête pas pour laisser passer l’auto car derrière lui arrivent d’autres voitures qui devraient nécessairement freiner brusquement…
Le cycliste vient de réaliser en une fraction de seconde, que le choc est inévitable et qu’il va tomber, être blessé…
Par quelque hasardeuse… Et heureuse acrobatie le cycliste parvient à se maintenir en équilibre, glisse devant le pare choc de la voiture sur lequel cogne son pied droit, et sa main droite s’appuie en même temps sur le capot de la voiture… Avec autant de violence que de détermination.
Le cycliste s’arrête enfin à deux mètres environ, se retourne et aperçoit la femme au volant, toute surprise et exprimant son regret… Mais d’un regret qui semble dire « je n’avais pas vu! »
Le cycliste est fou de rage, fou d’une de ces colères spontanées qui vous viennent ainsi, irraisonnées, comme surgies de ces « bas fonds » sommeillant tapis au fond de soi telle une horde cachée de bêtes sauvages…
Il crie, insulte la femme, brandit un poing et prend à témoin une autre femme traversant juste à ce moment là sur le passages des piétons. « Quelle connarde celle là! »
Et le cycliste s’enfuit, poursuivant sa route, laissant derrière lui cette voiture arrêtée, conduite par la femme qui « n’avait pas vu ».
Deux visages se sont croisés : l’un était noir comme le trou d’un cabinet sale et jetait un feu tout aussi noir ; et l’autre était une île de lumière désolée par une bourrasque inattendue…
Sans doute cette femme conservera-t-elle de ce cycliste l’image d’un être abject et pourra-t-elle d’ailleurs mettre un nom sur son visage? Si tant est que ce visage ne lui serait pas inconnu et que de surcroît elle l’aurait identifié, ayant tout à fait par hasard « zappé » sur son site ou sur son blog?
Si ce personnage surgi dans la vie de cette femme d’une manière aussi violente et dévastatrice, avait pu se douter, juste au moment de l’explosion de sa colère, qu’il pouvait être reconnu ; la colère aurait-elle explosé?
Dans la ville où il demeure, ce « cycliste abject » sans doute très différent là où voyage son esprit et son cœur (c’est-à-dire sur la Toile)… n’a pas comme on dit « pignon sur rue »… Il n’est donc pas connu tel le « loup blanc » et de ce fait, la « bête » en lui rompt l’entrave qui la retient et montre ses dents, en un coup de fièvre et de chaud lors d’une confrontation auto/vélo…
Pour conclure je me demande si la « bête » peut arriver à rompre l’entrave qui la retient, lorsqu’il n’y a, autour du « cycliste »… Que de vrais amis ou des personnes sachant QUI est-ce « cycliste »? Ou alors si dans un environnement de gentillesse et de reconnaissance où tu ne peux plus faire un pas dans la rue sans qu’on sache « que c’est toi »… La « bête » n’est pas si entravée, si muselée, qu’elle ne peut plus se libérer?
… Mais, mais… Au fait : pourquoi des personnages si « crédibles », si « vénérés », si « connus », si talentueux, si « agissant au mieux »… Peuvent-ils parfois être de « parfaits salauds »?
Peut-on « se permettre » d’être parfois un « parfait salaud »…Parce qu’on n’est qu’un « être Lambda »?