Des yeux, un visage, une silhouette, un sourire, un geste, une parole… Tout cela dans lequel on se jette parce que ça nous a plu ou ému… Tout cela n’est pas pour moi, de l’eau où je me noie.
Je sais fermement parce que la vie me fut une rude école de désenchantements  et de certaines vérités abruptes ; que je ne puis perdre ce que je suis… L’ai-je d’ailleurs en d’autres temps, perdu?
J’aime mais ce qui me plaît ne m’asservit pas… Ma vie et mon âme sont libres et je sais que j’existe. Non seulement dans le regard de ceux qui m’aiment, mais aussi (et peut-être surtout) dans le regard que je porte sur moi.
Personne au monde ne m’a jamais vidé… Je veux dire vidé dans le sens de « pomper l’intérieur de la coquille »…
Ma seule et vraie souffrance c’est celle de l’exil et de la solitude d’une part ; et celle de l’impuissance du meilleur de moi-même d’autre part…
L’exil et la solitude c’est quand s’ouvre, s’étend et se perpétue le « désert relationnel »… Parce qu’il n’y a rien que de l’aridité, ou parce que tu n’as pas pris « la voie royale »…
Et l’impuissance du meilleur de moi-même c’est quand s’enracine et se complait dans la violence, l’indifférence…
Dieu, je veux bien le « reconnaître » mais dans ma vie, je ne veux pas de ce Dieu que l’on dit, ni de gourou ni de démons ni de maître ni de Darwin… Je ne crois qu’en moi et j’assume…