Globalement je n’aime pas le monde dans lequel je vis, immergé en ce bourbier putride que sont devenues les civilisations ou les sociétés humaines de toutes les parties du monde en lesquelles on ne croit qu’au pouvoir de l’argent, à l’acquis des biens et des connaissances, au progrès de la Science, à la performance, au profit immédiat, aux exploits sportifs, aux valeurs d’apparence et d’appartenance, aux modes, aux marques…
Tout me semble sans consistance, dérisoire, périssable et donc sans intérêt. Non seulement ce monde est violent, hypocrite, encroûté dans ses cicatrices et dans les saletés dont il se nourrit, mais il est absurde, de surcroît… Et son absurdité même, est une insulte à l’intelligence et à l’agencement de l’univers tout entier.
Ce monde là, le nôtre, celui des Humains de la Terre, est absurde parce qu’il s’est désolidarisé de son avenir pour ne plus se préoccuper que de son seul présent. Un présent d’ailleurs, en lequel il est « pressé de vivre », et donc si impatient, si tendu et si « stressé » qu’il en oublie de vivre ce que ce présent contient encore de réel et de tangible ou percevable…
Et si ce monde là s’est désolidarisé de son avenir, il s’est aussi éloigné d’un passé dont il n’a retenu que ce qui le conforte ou l’arrange dans le présent qu’il vit.
Ainsi représenterais-je le monde, tel un artiste peintre réalisant  une « croûte » brutale et obscène : un tronc d’arbre, rien qu’un énorme tronc affreux et difforme, un tronc noueux semblable à un sexe gonflé de sang noir ; un tronc creux, sans branches ni racines… Et ce tronc aurait deux orifices aux lèvres boursouflées et purulentes : un trou pour évacuer, d’un côté ; un trou pour avaler, de l’autre côté… Et au milieu, ou au fond de chacun de ces deux trous béants, l’on y verrait tourner l’œil d’un typhon.  
    Je pense en ce jour de plongée infernale des valeurs boursières, ce « lundi noir » qui dans le temps d’une rotation sur elle-même de notre planète a balayé les grandes places financières du monde entier ;  à tout ce qui fait le sens de ce monde : l’idée, à dire vrai la « pensée unique » (et inique) selon laquelle « rien ne peut se faire en tout pays ou toute partie du monde sans croissance, développement économique, consommation et renouvellement de produits et de biens »… Une croissance qui n’est soutenue en réalité que par la capacité des gens et des pays à s’endetter sans limites ; à l’anticipation de nouveaux besoins et de services générant des marchés « émergeants ».
Il nous vient un temps alors, de « chienne du monde », un temps où « l’œil du typhon » dans ces trous par lesquels on avale et évacue, nous rappelle que l’arbre est sans branches ni racines…