Je savais déjà parce que je l’ai perçu, ce qui motivait les gens selon leur sensibilité, leurs inclinations, leurs idées, leurs espérances et tout ce que l’on dit être de leur égo…
 Je savais de quel bois ils étaient faits ; je savais de quelles racines ils s’enfonçaient dans la terre et avec quelles branches ils envisageaient d’atteindre le ciel…
 Oui je savais tout cela…
 Je savais quels mythes certains d’entre eux pouvaient être dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui les avaient écoutés, lus et rencontrés…
Mais je ne savais pas encore bien que je l’eusse pressenti… et craint ; que ces mythes là qui avaient perduré en dépit de quelques séismes, puissent un jour devenir des chrysalides… Des chrysalides peut-être à jamais figées dans des cœurs et dans des esprits chagrinés qu’ils soient devenus des chrysalides…
Et je ne savais pas non plus, à quel point les gens, aussi dépendants qu’ils soient de leur sensibilité, de leurs croyances et de tout ce qu’ils voyaient ou apprenaient… puissent un jour oublier ou tirer un trait sur ces œuvres passées… Ces œuvres qui furent et dont chaque manifestation fut acclamée…
Je ne savais pas cette fragilité des mythes, des amitiés et des liens relationnels…
Je ne savais pas le désert qui s’ouvrait lorsque l’arbre sacré n’avait pas été salué comme il se devait…
Je ne savais pas l’absence de ces bergers miséricordieux chargés d’outres emplies d’eau auprès du voyageur mythique contraint de regagner assoiffé sa maison…
Je ne savais pas la poursuite à travers les jungles, les savanes ou les autres déserts ; de ces caravanes chargées de richesses mais avançant désormais privées de leur mythe…
 Non je ne savais pas encore…
 Alors je sus que je méconnaissais la nature humaine…