Ah, quels coups reçoit-elle, Toutite, la petite chienne de Maurice ! Et surtout… surtout, quels coups voit-elle tomber sur le dos de ses petits voisins Bébé, Caresse et Moustache !
 Et pourtant… pourtant ! Elle l’aime bien son petit maître, Maurice !
 Oh, elle n’irait tout de même pas le rejoindre dans son lit… Il aurait vite fait, le Maurice, ombrageux et broussailleux qu’il est, de la prier la Toutite, d’un coup de genou, de déguerpir illico… Alors se couchait-elle sur le tapis, en face du lit.
Toutite, la petite chienne, les coups elle connaît… Elle les voit surtout, tomber sur les petits chiens du voisin ; pour une pirouette de trop sur le paillasson de Maurice, pour une allée labourée dans le jardin de Maurice, pour le bout de caca ou la souris crevée avalés devant Maurice… Et Maurice qui s’exclame : « Ah ce voisin ! S’il s’occupait un peu mieux de ses bêtes, s’il leur donnait à manger, ils n’iraient pas ainsi me salir mon paillasson ni courir dans mon jardin ! »
 Toutite, la petite chienne de Maurice, il lui arrivait de vomir devant le paillasson, une partie de ses croquettes… Pour Bébé, pour Caresse, pour Moustache… Parce que jamais, au grand jamais, Maurice ne posait d’écuelle au dehors.
 Elle eût pu se sauver, Toutite, ne plus revenir au logis… Il ne manquait pas de « bonnes maisons » dans le village !
Elle était une bonne ratière, Toutite. Et de surcroît elle n’aboyait pas inutilement. Et elle savait même faire des dessins par terre avec l’une ou l’autre de ses petites pattes. Oh, ce n’était point du « travail d’artiste » ! C’était du Toutite, tiens !
Ah, l’humble fidélité de nos animaux ! Vous leur balancez trois croquettes dans la gamelle quand bon vous semble, vous leur donnez le martinet ou vous leur criez dessus… Et ils vous aiment quand même !... A leur façon…