La « postérité positive » peut-elle être une condition du bonheur dans la définition et dans le ressenti que les êtres humains ont du bonheur ? Dans l’idée bien sûr, que les êtres humains se font de la postérité, du temps de leur vivant ?

Je m’explique :

Un riche salaud, craint et détesté, n’ayant de toute évidence pour avenir au-delà de sa mort, qu’une « postérité négative », peut-il être « de son vivant », vraiment heureux ? Ne vaut-il pas mieux être pauvre, bon et populaire, sachant que viendra probablement une « postérité positive » ?

La vie « de son vivant » passant comme un souffle, je ne puis en mon entendement, concevoir que l’on puisse être riche salaud, craint et détesté, et cela dans le seul bonheur « de son vivant » que celui qui consiste à se tortiller de régal comme un gros asticot sur un bout de viande pourrie… Imaginons que l’asticot soit de surcroît un « asticot prédateur » ayant éliminé du bout de viande pourrie, tous les autres asticots « concurrents »…

A mon avis, le riche salaud, craint et détesté se moque de la « postérité positive ». Et, dans cette vie qui passe comme un souffle, le riche salaud, craint et détesté s’évertue et se complaît à se tortiller comme un gros asticot prédateur, puisque après sa disparition, il n’y aurait que du néant ou « un grand trou noir »… Et dans l’idée d’une postérité, il sait bien, le riche salaud, craint et détesté, qu’une « postérité négative » n’aurait aucun effet sur lui « de son vivant »… car, si elle en avait vraiment une, il cesserait d’être salaud et deviendrait peut-être bon et populaire.

Bien évidemment, toujours dans le même ordre d’idée, de ressenti et d’entendement que j’ai ; un pauvre salaud et détesté « de son vivant », aura, si l’on peut dire, une « postérité négative » (dont il se moque éperdument). Postérité d’ailleurs, qui « ne fera pas long feu »…

 Quant au riche, bon et populaire, lui, on l’aime « de son vivant », sans doute pour sa bonté et pour la popularité qu’il a en fonction de sa bonté… Mais « de son vivant » il est aussi certain qu’on l’aime parce qu’il est riche et pour ce que sa richesse apporte aux gens. Et dans une « postérité positive », le riche bon et populaire sera dans l’esprit des gens qui se souviendront de lui, l’égal du pauvre bon et populaire, puisque l’argent n’est une valeur que « du vivant » du riche ou du pauvre.

Il est cependant une postérité bien meilleure et plus « valorisante » à mon sens, que la « postérité positive » consécutive à une vie riche ou pauvre, de bonté et de popularité… C’est la postérité de celui ou de celle que l’on a aimé autrement que « parce que… » et dont on se souvient comme un rêve que l’on a fait dans son enfance, un de ces rêves vrai, aussi vrai que celui de voir la mer pour la première fois, ou une étoile nouvelle dans le ciel de la nuit.

Certes, par comparaison avec une vie qui passe comme un souffle ; quelques dizaines, centaines ou milliers d’années de postérité ne représentent presque rien en face des cinq milliards d’années que notre planète peut vivre encore jusqu’à ce que le soleil ait brûlé tout son hydrogène…

La postérité de Jésus, de Mahomet ou de Bouddha, par exemple, qui a déjà traversé des centaines de générations d’humains ; durera-t-elle cinq milliards d’années ?

La vie passe comme un souffle… La postérité c’est le prolongement du souffle.

 Le riche salaud, craint et détesté ; le pauvre salaud et détesté… Ne savent pas ce qu’ils perdent. Et s’ils le savent (parce que les curés et les moines le leur disent ou parce qu’ils en ont malgré eux l’intuition), comment peuvent-ils encore accepter de n’être que de gros ou petits asticots prédateurs se vautrant dans la viande pourrie ? N’oublions pas, entre le riche et le pauvre, bon ou salaud, populaire ou non, aimé ou détesté « de son vivant »… Une catégorie qui comporte tout de même sur Terre un très grand nombre d’humains : le « pauvre manne de riche ». Et celui là, de toute évidence, il est exclu de la postérité, il n’est classé ni « bon » ni « populaire », il est le « légume à mouliner », le « veau » à forcer, il est pressurable, corvéable et modelable à merci… (enfin, c’est ce que se disent entre eux avant de se bouffer, les riches salauds, craints et détestés qui se tortillent de régal sur le bout de viande pourrie)…